Le Nouvel an amazighe, quelques expressions et manifestations

Commémoration

Par Khadija  AZIZ

Nombreuses sont les manifestations de la célébration du Nouvel an amazigh dit « id n usggas » ou bien « ixfn usggwas » , en ce qu’elles sont des expressions sociales porteuses de connotations symboliques et historiques aux multiples ramifications culturelles, artistiques et anthropologiques.

Ce qui distingue la célébration de l’année amazighe demeure néanmoins l’adhésion des populations à des us et traditions qui diffèrent d’une région à l’autre. Leur caractère éclectique procure à ces célébrations des dimensions symboliques que la société exprime via des rituels à caractère cérémoniel ancrés dans la culture amazighe, et qui ont fait de celle-ci la richesse nationale qu’elle est aujourd’hui.

La célébration de l’année amazighe a commencé à gagner en importance en s’érigeant en tradition annuelle tant au niveau des zones rurale et urbaines. Ainsi, elle a incarné de nouvelles dimensions depuis qu’elle a été adoptée par les organisations de la société civile, les communes urbaines et rurales, ainsi que les institutions publiques et privées. De même, elle s’est inscrite sur l’agenda des revendications des acteurs amazighs, qui demandent à ce qu’elle soit reconnue officiellement comme journée fériée et fête nationale, au même titre que les nouveaux   musulman et grégorien. Cette revendication tire sa raison d’être des connotations symboliques, culturelles, civilisationnelles et historiques que charrie sa célébration. 

La célébration du nouvel an amazighe s’articule autour de la préparation de mets traditionnels et de rituels cérémoniels conformément aux coutumes amazighes héritées des ancêtres et variant d’une région à une autre. Cependant, ces manifestations ont pour dénominateur commun la prédominance du caractère collectif, dans ce sens que la célébration du Nouvel an amazigh constitue une occasion pendant laquelle les membres de la famille se réunissent pour consolider  des ponts de communication et renforcer leurs liens.

Le Nouvel an amazigh coïncide avec la nuit du 13 janvier du calendrier grégorien dans l’ensemble des pays d’Afrique du Nord. Il est connu sous le nom de « Yennayer », mot composé de « Yen », qui signifie « un », et « Ayer » qui veut dire « mois ». « Yennayer » signifie donc le premier mois de l’année. Il est également appelé « Id N Ousggwas » signifiant le réveillon du nouvel an, ou «Taburt N Usggwas», que l’on peut traduire littéralement par « Porte de l’année », et qui renvoie à l’idée d’une journée qui sépare deux périodes.

Parmi les caractéristiques de la veille du Nouvel an amazigh est qu’elle correspond à la plus longue nuit de l’année, annonciatrice du début de journées étendues et des nuits courtes, conduisant à « La’ansra », c’est-à-dire le solstice d’été. En outre, « Yennayer » coïncide avec la succession des saisons et correspond aux différentes phases du cycle de vie des plantes, ce qui détermine généralement les périodes de la culture et du labour. S’agissant du calendrier, «Id N Usggas Amaynou» tombe à la moitié de ce que le calendrier agricole amazighe nomme «Llyali Tikhatarin», ou « grandes nuits », lesquelles nuits commencent le 25 décembre de chaque année et durent 40 jours[1].

Symbole de la fertilité et la prospérité, Yennayer est célébré via des rituels spéciaux accomplis par les communautés amazighes. A cette occasion, un coq est égorgé sur le seuil de la maison afin de contrer le mauvais sort et en guise d’optimisme quant à l’abondance des récoltes. Dans certaines régions, une croyance consiste à affirmer que quiconque célèbre « Yennayer » s’immunise du mauvais œil et des tourments de la vie. Yennayer représente également l’occasion d’accomplir de nombreux rituels locaux, variant d’une région à une autre.

L’année amazighe correspond au 13 janvier de chaque année. A la veille de ce jour-ci, le nouvel an est célébré selon des rituels spécifiques, connaissant néanmoins de légères variations selon les régions. Cette nuit se nomme « Id Usggas » ou encore « Id N Usggas » dans certaines régions, tandis que dans d’autres, elle est connue sous le nom de « Id N Hagouza » (Aït Seghrouchen, Izaïanes, Achqirn) et « Biano » (Aït Warayn)[1]. Comme son nom l’indique, Id Usggass, ou « veille du nouvel an », signifie la la dernière nuit de l’année écoulée annonciatrice de l’avènement de la nouvelle année. Afin d’exprimer leur joie à cette occasion, les gens préparent des mets spéciaux, dont les ingrédients varient selon les régions.

Les caractéristiques de l’année amazighe

L’avènement de la nouvelle année amazighe, le 1er Yennayer, marque
le commencement de l’activité agricole. Cette période se situe généralement entre l’équinoxe de printemps et le solstice d’hiver.
Le professeur Mohammad Hamam souligne à cet effet que « ce que nous savons de l’année agricole à travers la tradition orale, est qu’elle se compose de 365 jours divisés en quatre saisons : « Tagrest »,  « Tildrar » ou « Tardrar » (hiver) chez les populations de Dades, d’Imghran et d’Aït Bou Oulli dans le Haut Atlas, « Tafssout » ou « Tifssa » (printemps) dans d’autres régions du Moyen-Atlas et du nord de la ville de Fès, Anbdou (été)  au Nord et « Tamanzwit » (automne) chez les Aït Bou Oulli.

Jeune fille du Moyen Atlas en costume traditionnel à l’occasion du nouvel an amazigh

 « Tamenzwit » est dérivée de la racine du verbe « Enzi » qui signifie « arriver tôt ». En d’autres termes, cette saison est celle des labours précoces et de certaines cultures rapides. A remarquer que les durées de ces saisons connaissent de légères variations selon les régions, la saison de haute température commençant tôt dans les zones désertiques.

D’après le professeur Mohammed Hamam,  ( Bulletin d’information  N° 2 Édition  IRCAM 2004) la saison agricole amazighe se décline en douze mois : janvier, février, mars, avril, mai, juin, juillet, août, septembre, octobre, novembre et décembre. En raison de la diffusion de l’islam au Maroc, les noms de certains mois amazighes ont été islamisés, en particulier les mois à caractère religieux, tels que Ramadan, outre des événements à forte charge symbolique en Islam comme la fête « Achoura » et la commémoration de la naissance du prophète. L’année agricole amazighe s’est retrouvée ainsi en situation de chevauchement avec celle hégirienne.

Voici une liste des mois amazighes selon la même étude :

1 / Rmdan = Ramadan

2 / Win l’Aïd = Chawwal

3 / Win Guer La’aïad = Du Al Lqi’ada

4 / Win Tafaska = Du Al Hijjah

5 / Ta’achourt = Muharram

6 / Win Lmouloud = Safar

7 / Eguen Izwarn = Rabi’a Al Awwal

8 / Wissin Iguenyoun = Rabi’a Al Tani

9 / Atfas Amzwar = Jumada Al Oula

10 / Atfas Ikran = Jumada A’Ttaniya

11 / Win Iguerramn (ou Aguerram) = Rajab

12 / Taltyourt = Cha’aban

Quelques aspects de la célébration de l’année amazighe dans différentes régions du Maroc

Au-delà  des différences de célébration de l’année amazighe telles qu’elles sont perceptibles d’une région à une autre, les rassemblements familiaux autour de la table du dîner de « Yennayer » demeure une donne invariable et une tradition transmise de génération en génération.

La célébration par les Marocains de l’année agricole est l’expression de leur attachement à la terre et aux richesses qu’elle offre. En témoignent les rituels associés à la célébration, où sont préparés à l’occasion plusieurs plats et mets traditionnels, et dont les désignations diffèrent selon les régions et les types de cultures qui y sont produites (céréales, légumes, etc). Le repas d’« Imnsi » (dîner) est préparé spécialement pour célébrer l’année amazighe, ce qui fait que les plats servis doivent être l’incarnation de la richesse, de la fertilité et de l’abondance de la récolte.

Voici un exemple de rituels observés à cette occasion. Chez les tribus d’Aït M’zal, le plat préparé par les femmes consiste en une bouillie (Taguella). Avant de le consommer, sont placés dans le plat un « sou /une pièce », un noyau de date et une partie de l’écorce d’un arganier (Erkan N Wargan). Une croyance affirme que quiconque trouvera la « pièce » lors de la consommation du met rencontrera la richesse, que celui qui sera tombé sur le noyau verra son bétail gagner en nombre, tandis que celui qui trouvera le morceau de l’écorce de l’arganier est voué à la pauvreté. Dans les montagnes du Souss, ce plat est appelé « Brkoukss ».[1]

Parmi les rituels préparatoires en vigueur au sein des tribus de l’Atlas pour accueillir cette nouvelle journée « Ikhf N Usggas « , figure le rassemblement des femmes des familles de la tribu, leur préparation du couscous conformément aux exigences de la tradition appelée « Ta’am N Fouss ». Ce met est constitué de farine de blé ou d’orge, d’eau et de sel, et est préparé sur la base de l’ensemble des grains connus dans la région, ce qui symbolise l’espoir d’une bonne année agricole.
Les moyens de préparation se composent du tamis et d’ « Agra», c’est-à-dire du couscoussier en argile, d’«Asmssel», outre un ustensile métallique appelé en amazigh des tribus d’AïtYahia, «Tassilt N S’ba’ama’ad».

L’année amazighe est également l’occasion de préparer un dîner spécial « Imnsi », représenté par un plat de couscous contenant sept types de légumes et d’une date. Le fortuné « Anbarch »en dialect tamazighte ; est celui qui aura trouvé le noyau de date pendant la consommation du dîner. Parmi les coutumes de l’Atlas, figure aussi l’échange de vœux entre jeunes filles à l’occasion de la nouvelle année, où celles-ci souhaitent les unes aux autres d’atteindre les objets de leur convoitise, aussi simples fussent-ils, et de rencontrer la joie et la félicité.

Une des coutumes qui sont observées à cette occasion dans certaines régions du Souss est celle de la préparation de la bouillie (Taguella N Yennayer). Il s’agit-là d’une célébration du nouvel an par le plat de la bouillie, que chaque famille consomme au dîner, la veille du 1er Yennayer. La bouillie est garnie de noyaux d’argan (Aqqayn) ou de dates (Aghermi). Le consommateur de ce met qui aura trouvé le noyau de ces fruits gagne en optimisme et mesure sa fortune au nombre de noyaux trouvés.

Les femmes préparent un repas de couscous avec sept différentes sortes de légumes outre « L’bssis » et « Ourkimen ». Ces deux derniers mets sont une combinaison de légumineuses et de « Berkoukss », qui est une préparation culinaire à base de farine mélangée et arrosée d’eau, auquel sont ensuite ajoutés de l’huile d’argan, du miel, de l’Amlou et autres ingrédients.

 «Taguella» (bouillie) est considérée comme un aliment distingué et profondément symbolique dans la culture amazighe. Ce met est préparé à l’occasion du nouvel an amazigh depuis des temps immémoriaux, et souligne l’étendue de l’attachement de l’Amazigh à sa terre.

La tradition, telle qu’héritée depuis la nuit des temps, exige que
la consommation de ce met soit accompagnée de rituels culturels, dont l’élection de l’homme et de la femme de l’année, qui ne sont autres que  les heureux chanceux qui auraient trouvé, pendant qu’ils mangeaient, « Aghormi », le noyau de date dissimulé dans le plat préparé.

En ce qui concerne la région du Rif, la chercheuse à l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), A’alach Sabah, relève que les rituels observés à l’occasion de la célébration de la nouvelle année amazighe diffèrent d’une tribu à une autre. Chez les Aït Ouriaghel, Tamsamane, AïtOulichek, Aït Touzine, Iqer’iyen et Aït Saïd, les habitudes de célébration sont quasi-identiques. Des fruits secs sont présentés et des mets, comme « Thirwawin » et « Outhimouyaz », sont préparés à partir de céréales et de légumineuses. Ces mets sont confectionnés en torréfiant du blé ou de l’orge. Est également préparé le repas dit « Imchyakh », qui combine légumineuses et céréales, en particulier du maïs et du blé, additionnés à l’ail. La gousse est également préparée, donnant lieu au plat appelé « Ighdwin Outheb » chez les Iqer’iyen. Des crêpes, « Tharfin » ou « Rmsmmen », sont également préparées. Les différents pains et « Rmsmmen » sont coupés dans une « Tahbbit », ou grande assiette, afin de servir « Arfis », sur lequel est déposé le poulet cuit dans le bouillon.

Quant à la tribu « Bakkioua » ou les « Ibaqouyn », deux journées sont consacrées à la célébration de la venue du nouvel an amazighe. Lors du premier, les plats sont préparés avec la plante alfa garnie de fruits secs en la possession de cuisiniers ou achetés au marché, tels que les amandes, « Thimouyaz », « Thazart Youzghen », les raisins secs, les pois chiches, et ibawen (fèves). Les femmes préparent des crêpes, qui sont distribuées aux enfants au même titre que les fruits secs. Quant au deuxième jour, les femmes préparent un dîner spécial, souvent un poulet beldi (fermier).

Plat préparé à l’occasion de la célébration de l’année amazighe

à l’Institut Royal de la Culture Amazighe  ( IRCAM) archive

Il existe également des rituels prévoyant une bonne saison agricole.
Les habitants de certaines tribus (Aït Ouriaghel par exemple) distribuent des portions du dîner dans tous les coins de la maison afin de faire part de leur intention de partager les dons de la terre avec ce qu’ils croient être des créatures surnaturelles ou des forces bénies.

Dans la région de Figuig, est préparée la « K’lila », une sorte de lait asséché localement pendant les saisons où cette denrée est abondante. Ce lait est ensuite transformé en grains ressemblant à du gravier. Lors des célébrations du nouvel an, de l’eau est versée sur ces grains afin de fabriquer le lait « K’lila », qui est ensuite servi aux convives et aux membres de la famille.

Dans les tribus « Imghran », « Toudgha » et « Aït Atta », les femmes préparent un plat de couscous arrosé d’un bouillon de viande et de sept différentes sortes de légumes ou plus, dans lequel elles dissimulent un noyau de datte. Elles croient que la personne qui aura trouvé ce noyau en mangeant le plat est destinée au bonheur et qu’elle sera la personne chanceuse et bénie de l’année. Il existe un dicton circulant au sein de ces tribus qui affirme que quiconque n’ayant pas pu se rassasier à la veille du nouvel an, la faim le hantera tout au long de cette année-là. Il existe également une autre croyance qui considère que s’il pleut à la veille du nouvel an ou pendant le premier jour, l’année en question connaitra une abondance de pluies et la saison agricole sera fructueuse et les récoltes importantes.

Dans la région de « Haha », les femmes placent, à l’occasion du réveillon du nouvel an, trois morceaux de mets traditionnels sur les toits des maisons avant d’aller se coucher. Le chiffre trois symbolise les trois premiers mois de l’année : janvier, février et mars. Afin d’attirer la clémence des pluies, elles saupoudrent, d’une certaine distance et avec du sel, l’endroit où sont posés les bouts d’aliments. Le lendemain, les femmes examinent les morceaux de plus près pour savoir sur lequel d’entre eux se sont échoués les grains de sel et ainsi connaître le mois qui sera pluvieux en ce début d’année.

Au niveau maghrébin, la communauté kabyle célèbre cette occasion selon des coutumes héritées des aïeules et qui coïncident avec les saisons des semis et des récoltes. Ces saisons sont désignées par plusieurs appellations comme : « Imlalen », « Ssmaym N L’khrif », « Adrf 30 », « Adrf 90 »…  Les familles kabyles accueillent cette occasion en offrant « Asfl », c’est-à-dire en sacrifiant du bétail. Le cheptel sacrifié diffère d’une famille à l’autre selon les moyens de tout un chacun.

Dans certains villages kabyles, la tradition veut que soient abattus un coq pour chaque homme et une poule pour chaque femme, tandis que la femme enceinte a droit au sacrifice d’un coq et d’une poule à la fois[1]. Ce faisant, les femmes kabyles préparent divers mets traditionnels que les habitants de la région appellent «Imnsi N Yennayer», lesquels mets sont supposés refléter les moyens de subsistance dont disposeront les familles le long de année à venir. La diversité de ces plats servis suggère l’abondance des moyens de subsistance, des bénéfices et des récoltes.

Le couscous, que l’on retrouve dans chaque maison kabyle, occupe une place de choix dans la table de Yennayer. Composé de viande de l’animal sacrifié auparavant et de légumes secs (en guise d’assaisonnement), il est accompagné d’aliments traditionnels faits principalement de pains tels que « Lekhfaf » ou « Sfnj », « Lmssmmen », « Thighrfin », lesquels incarnent la force d’attachement au patrimoine hérité des ancêtres.

Parmi les autres coutumes qui prévalent en Kabylie, figure la coupe des cheveux des bébés ayant atteint l’âge d’un an à l’avènement de cette occasion. Le bébé a droit aux plus beaux vêtements avant d’être placé dans une grande écuelle, suite à quoi une femme âgée lui jette bonbons, noix, sucre et œufs.

Bon nombre d’études historiques démontrent que les amazighs ont attaché leurs traditions à la terre. De ce fait, ces traditions sont pratiques de manière spontanée suivant un système chronologique précis, à commencer par la première nuit de l’année agricole où la cérémonie a eu lieu, en passant par la préparation de « Taguella N Id N Yennayer ». La temporalité de la célébration de cette tradition revêt deux dimensions :

  • Première dimension : évidente à travers le lien unissant les composantes de cette tradition et la terre, puisqu’il s’agit, comme mentionné précédemment, du début de l’année agricole, et que le met servi à l’occasion incarne une symbolique et constitue un indice quant à l’avenir de l’année suivante.
  • Deuxième dimension : intrinsèque à l’histoire des Amazighes, laquelle commence chronologiquement, selon les sources écrites – notamment héritées des anciens Grecs -, avec l’accession de l’Aguellid (roi) amazigh Sheshonqau trône d’Egypte, après avoir écarté le dernier des rois de la vingt et unième famille, à savoir le roi Ramsès III, lors d’une bataille décisive en l’an 950 a.j.

D’autre part, la culture populaire associe le calendrier amazighe aux mythes et anciennes croyances amazighes. Une légende raconte qu’une vieille femme avait sous-estimé les forces de la nature. Après avoir réussi à résister à la sévérité de l’hiver, elle s’était laissé prendre d’orgueil en expliquant avoir réussi cet exploit grâce à sa force. Yennayer, symbole de la fertilité et de la culture, est entré dans une vive colère contre cette femme qui a manqué de remercier le ciel. Aussi a-t-il demandé à « Fourar » (mois de février) de lui prêter un jour afin de punir la vieille femme de son ingratitude. Une violente tempête s’est alors abattue sur les biens agricoles de la vieille femme. 

Dès lors, ce jour s’est mué dans la mémoire collective pour symboliser
la punition réservée à celles et ceux qui méprisent la nature.
Par conséquent, les amazighes invoquent toujours la légende de la vieille femme. Ils considéraient qu’il s’agissait d’un jour de précaution et de prudence, dans lequel ils évitaient d’aller au pâturage et de s’adonner aux travaux agricoles et autres, par crainte de la revanche des forces de la nature. Au lieu de cela, ils le consacraient à la célébration de la terre et des biens naturels qui lui sont associés.

Conclusion

En guise de conclusion, et en raison du manque accusé en matière de recherche et de littérature ayant trait au sujet de la célébration de l’année amazighe, le champ de recherche est appelé à s’engager dans le domaine des prospections anthropologique et archéologique, et ce afin d’apporter un regard plus clair appuyé par des éléments d’information plus satisfaisants de ce phénomène caractéristique de l’Afrique du Nord, notamment parmi les communautés amazighes. De même, et compte tenu du fait que le Nouvel an amazighe est l’un des rituels amazighs les plus importants dans les pays nord-africains, davantage d’efforts doivent être consentis afin de classer cette célébration en tant que patrimoine immatériel mondial. Par ailleurs, il est primordial de fédérer les efforts des organisations de la société civile œuvrant dans le domaine de la promotion de la culture amazighe, et de tous ceux qui s’intéressent à la tradition orale, afin de rassembler toutes les informations relatives aux rituels de la célébration de l’avènement du Nouvel an amazigh à travers l’ensemble du territoire marocain.

«Asgguas anbrach issa’aden isb’han ifoulkin » à cette occasion.

Extrait traduit de l’ouvrage en langue arabe, «Aspects de la culture amazighe contemporaine » de Khadija  AZIZ Edition IRCAM  2018.

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