Face à la crise sanitaire en Afrique
Mohamed Loulichki, Senior Fellow au Policy Center for the New South (PCNS) a plaidé pour un soutien et une solidarité, dépassant le discours, de la part de la communauté internationale pour faire face aux défis qu’affronte le continent africain, notamment la crise sanitaire liée au Covid 19.
Cette solidarité internationale doit se concrétiser pour permettre aux pays africains “de faire face au Covid, mais également de vacciner le plus grand nombre de la population et de gérer l’après Covid 19 avec son impact économique, social et environnemental”, a expliqué l’ancien ambassadeur du Royaume auprès des Nations Unies dans un podcast sur l’aspect humanitaire de la gestion de la Covid-19 en Afrique.
Le soutien de la communauté internationale devient de plus en plus urgent, d’autant plus que l’Afrique a besoin de beaucoup d’énergies et de motivation et des moyens financiers pour dépasser les conséquences de cette pandémie, a-t-il insisté, rappelant que le Covid vient s’ajouter à d’autres épidémies et défis que connaît le continent.
Le Covid a aussi chamboulé les prévisions et les priorités des gouvernements africains, a indiqué M. Loulichki, évoquant en outre la charge considérable sur les pays africains causée par le plus grand nombre de réfugiés et de déplacés dans le continent.
Il a également plaidé pour une solidarité entre les sociétés qui doit s’ajouter à la solidarité entre les Etats pour gérer les vulnérabilités, notant en outre que la solidarité doit être d’abord africaine au niveau de l’UA et des commissions économiques régionales.
M. Loulichki a en outre appelé à acheminer de l’aide alimentaire à l’Afrique où des dizaines de millions de personnes sont au seuil de la pauvreté et de la famine.
Il a par ailleurs souligné l’importance du soulagement de la dette publique africaine, d’autant plus que l’Afrique avait besoin de s’endetter davantage pour faire aux répercussions du Covid.
Sur un autre registre, l’ancien diplomate a affirmé que la priorisation du citoyen national, malgré sa naturalité et légitimité, ne doit pas se faire “au détriment d’un devoir” envers les autres populations, soulignant la nécessité d’une solidarité internationale qui doit se traduire d’abord par “un accès universel et équitable au vaccin”.
Les questions des brevets et de la propriété intellectuelle ainsi que du coût d’investissement doivent faire du vaccin “un bien commun”, a-t-il estimé, ajoutant qu’une “interdépendance” au niveau mondial motive une telle solidarité.
M. Loulichki a également évoqué les conventions de 1949 qui définissent la responsabilité des Etats en matière du droit international humanitaire et qui jouent un rôle essentiel dans “l’humanisation des relations internationales”, affirmant qu’elles restent toujours valables. Il a mis l’accent sur l’impératif de les mettre en œuvre “comme il se doit”.
Une révision de ces conventions risquerait de prendre une dizaine d’années et d’entraîner un recul par rapport à leurs principes, a-t-il mis en garde.