Mohamed Loulichki, Senior Fellow du Policy Center for the New South
En insistant davantage sur l’opérationnalisation du recensement des réfugiés, la résolution 2654 du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara marocain met le Maroc “en position de force”, a affirmé Mohamed Loulichki, Senior Fellow du Policy Center for the New South (PCNS).
Il s’agit d’”une progression sur un point clef, sensible et déterminant de la problématique du Sahara qui met le Maroc en position de force pour faire pression sur le Haut Commissariat aux Réfugiés en vue d’entreprendre l’opération de recensement indûment retardée par l’Algérie, pays hôte des camps de Tindouf, qui continue de la lier à la mise en oeuvre du Plan de règlement de 1990, aujourd’hui dépassé”, a expliqué l’ancien représentant permanent du Maroc auprès l’ONU à New York dans un Policy brief intitulé :”La résolution 2654 sur la question du Sahara marocain: quel impact?”, publié sur le site du PCNS.
Il a en outre relevé que cette résolution du Conseil de sécurité sur la question du Sahara a reconduit la plupart des paramètres de la solution politique et, en même temps, procédé à des ajustements destinés à mettre les parties sous pression pour les inciter à s’engager plus en avant et à faciliter la mission de la MINURSO, rappelant que la résolution 2654 a réaffirmé, tant dans son Préambule que dans son dispositif, le caractère politique de la solution recherchée, les exigences de réalisme, de pragmatisme et de consensualisme qu’elle doit satisfaire et qui sont devenus au fil du temps des éléments décisifs, immuables et irréversibles.
Pour ce qui est des parties, le rapport du Secrétaire général, autant que la résolution du Conseil, se rejoignent dans leur insistance sur le nécessaire engagement de l’Algérie à toutes les étapes du processus, a-t-il expliqué, faisant observer que considérant la position hostile de l’Algérie aux tables rondes, le texte de la résolution a introduit un nouveau libellé soulignant l’importance que “toutes les parties concernées développent leurs positions afin de faire avancer une solution”.
Malgré son caractère ambigu et souple, l’expression “toutes les parties concernées” vise implicitement l’Algérie et la maintient sous pression, a soutenu l’ancien diplomate, ajoutant que le Conseil de sécurité invite de manière explicite le nouvel Envoyé personnel à reprendre là où son prédécesseur s’est arrêté, ce qui exclut toute remise en cause du processus politique en cours et, partant, toute tentative de ressusciter le défunt Plan de règlement, comme le souhaitent l’Algérie et le polisario.
Concernant les obstacles que la MINURSO rencontre dans l’exercice de ses fonctions et que le rapport du secrétaire général impute explicitement au polisario, à la suite de sa décision de rompre le cessez-le-feu, la nouvelle résolution appelle à la reprise sans délai d’un approvisionnement sûr et régulier des sites des équipes de la MINURSO, situés à l’Est de la berme, a encore rappelé M. Loulichki.
Il a en outre estimé qu’il faudra à l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara M. Staffan de Mistura des trésors de diplomatie pour amener l’Algérie et le polisario à reprendre le chemin du dialogue et du compromis.
L’Algérie, qui a le vent en poupe avec la crise énergétique et qui a rompu tout contact avec le Maroc, ne paraît pas encline ni au compromis ni à l’accommodement de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, a-t-il soutenu, soulignant que les succès diplomatiques du Maroc, ces dernières années le mettent dans une situation confortable pour laisser venir, tout en poursuivant l’effort de développement de la Région du Sahara.
“Ceci dit, si les parties peuvent attendre et prendre leur temps pour se déterminer par rapport aux prochaines initiatives de M. de Mistura, les populations des camps de Tindouf restent les seules victimes des stratégies obstructionnistes de l’Algérie et du polisario”, a poursuivi M. Loulichki, faisant remarquer que des générations entières continuent de souffrir de l’absence d’une solution définitive et vivent dans des conditions climatiques et socio-économiques très difficiles, obligées de dépendre de l’aide internationale pour survivre.
Elles se trouvent de ce fait exposées malgré elles aux risques et aux tentations du crime organisé, du terrorisme et de la migration, a-t-il conclu.