Agences de voyages
Karim Ben Amar
Le secteur du tourisme est à l’agonie. Voilà deux ans que près de 5% de la population active, vivant du tourisme est sévèrement impactée. Les métiers liés à ce secteur autrefois très porteur pour notre pays connaissent désormais des jours bien sombres. Des guides, aux transports touristiques, en passant par les agences de voyages, plus aucune activité n’est enregistrée. Les plus chanceux puisent dans leur épargne, les moins chanceux s’endettent. L’équipe d’Al Bayane est allée à la rencontre du président de l’association régionale des agences de voyages, Mohammed El Hitmi. Son constat est alarmant et pour cause, après deux ans d’arrêt de toute activité commerciale, l’état des lieux n’est pas reluisant. Les détails.
Pas besoin d’être un expert pour comprendre que le secteur du tourisme traverse une crise sans précédent. Dans toutes les villes touristiques du royaume, le même constat alarmant est à signaler. Les métiers du tourisme se meurent littéralement. A Tanger, ville portuaire, la situation est tout aussi catastrophique. La fermeture des frontières paralyse donc tout un secteur.
Les agences de voyages font partie de ces activités commerciales au chômage technique depuis mars 2020. Ne disposant pas de fonds solides pour tenir le coup, et criblées de dettes, les agences ferment sans l’annoncer officiellement.
Il est près de midi lorsque nous retrouvons le président de l’association régionale des agences de voyages. C’est dans son agence, jouxtant l’hôtel Flandria que Mohammed El Hitmi nous détaille la situation mais aussi les doléances du secteur.
«La situation est tellement dramatique, que nous ne savons plus à quel saint se vouer. Depuis le début de la crise sanitaire, nous n’avons eu d’autres choix que de puiser dans notre épargne. Cela fait près de deux ans tout de même ». Et d’ajouter, « nous sommes au bout du rouleau mais malheureusement, nous ne voyons même pas le bout du tunnel. Nous ne savons pas combien de temps devrons-nous encore surmonter tout ce qui nous arrive ».
A l’image de la crise que traversent les agences de voyages, c’est tout le secteur qui est à l’agonie. A cet effet, Mohammed El Hitmi affirme que, « l’agence de voyages est le pivot du métier. Il donne du travail aux hôtels, aux guides, aux transports touristiques, aux bazars, aux restaurants etc. ».
Une reprise prochainement ?
En réponse à une question sur l’action de l’Etat pour atténuer la portée de la crise, le président de l’association régionale des agences de voyages a déclaré que «le contrat programme verse 2000 dirhams par employé. Cela nous soulage, c’est une évidence, mais cette aide ne doit pas s’arrêter, puisqu’elle permet à nos employés de se nourrir. Mais il faut se le dire, cette aide n’est pas suffisante pour que nous puissions surmonter cette douloureuse épreuve ».
Quant à l’action du ministère du Tourisme, Mohammed El Hitmi nous assure que «le ministère de tutelle est toujours à l’écoute de nos besoins et attentes. Il est à l’écoute et toujours réceptif. Il n’y a pas plus de deux semaines, la fédération nationale des agences de voyages a été reçue dans les locaux du ministère pour une séance de travail avec le ministre ».
Lors de cette réunion de travail, la fédération a présenté au ministre une liste de dix doléances en plus du prolongement de l’aide de 2000 dirhams pour les employés des agences de voyages.
«Lors de cette réunion, nous avons évoqué la question des taxes et impôts à payer. Nous avons aussi demandé le report des échéances de crédit». Le secteur traversant une crise sans précédent, Mohammed El Hitmi souligne que « nous ne pouvons payer qu’un an après la reprise de l’activité. Nous demandons un geste à l’égard de ce secteur en souffrance étant donné que nous payons des loyers, des factures de téléphone, d’internet et même de la ligna Amadeus (spécialisée dans la billetterie). Comprenez que le propriétaire d’agence est à bout de souffle. Et en plus de cela, les impôts courent toujours ».
Concernant les crédits bancaires, le président de l’association a confié que « quelques agences ont bénéficié du crédit de relance, mais il se trouve que malheureusement, à défaut d’activité, ces agences ne peuvent rembourser dans les délais. C’est pour cette raison que nous demandons aussi aux banques de concéder aux agences un délai supplémentaire. »
« Nous attendons avec beaucoup d’espoir les conclusions et les décisions de la commission chargée de livrer un rapport au ministre», a-t-il confié.
Une chose est sûre, le souhait le plus cher des propriétaires d’agences, à l’instar de tous les secteurs d’activité liés au tourisme est l’ouverture des frontières et le retour des touristes. «Notre souhait le plus cher est de voir une reprise prochainement afin de sauver les meubles. Et de conclure, « sans l’ouverture prochaine des frontières, et une reprise de l’activité, le secteur du tourisme ne peut pas reprendre du poil de la bête, mais bien au contraire, ne peut que s’engouffrer dans une crise sans issue fatale pour le secteur ».