L’ours russe se rebiffe en direction du Maroc, plus précisément dans la capitale du Souss. En quelques semaines, on aura assisté à une réelle ruée vers la première station balnéaire du royaume. Tout d’abord, une flopée de journalistes, tout médias confondus, firent une tournée dans la ville et ses environs pour en explorer les atouts. Ensuite, on avait invité plus de trois cents Tours Opérateurs de la Fédération de Russie, afin de mettre en avant des opérations de drainage. Enfin, la semaine dernière, il était question d’une vingtaine de spécialistes slaves de la niche golfique pour explorer le potentiel marocain dans cette filière en vogue.

Le département de tutelle met alors les bouchées doubles pour rattraper le retard relatif au marché russe dont la prédilection littorale n’est plus un secret pour personne. Conforté par trois dessertes de la compagnie nationale par semaine en provenance de Moscou, avec une escale technique à Casablanca, en plus des charters assurés par des agences moscovites, l’offre côtière d’Agadir semble tenter davantage cette immense machine voyagistes aux élans de plus en plus fracassants.

L’effet du partenariat stratégique entre les deux pays ne se fait pas attendre et s’inscrit désormais dans une lignée ascendante que le temps confirmerait encore plus. Comme on le sait, la Russie ne s’engage que dans le concret, mais une fois satisfaite de la prestation, elle s’y met à fond. Certes, les relations entre les deux nations sont de longue date et s’affirment à plusieurs registres, des décennies durant. Mais, il convient de reconnaître également que, pour des raisons souvent politiques, les rapports ne se traduisaient comme il fallait, au profit d’autres régimes voisins «totalitaires».

Aujourd’hui, les temps ont changé et les appréciations aussi. Le Maroc qui paraissait, dans le temps, rétrograde et totalitaire, parce qu’Etat monarchique, affiche un bien meilleur statut de nation émergente, en voie de démocratisation et de modernisation que d’autres «alliés» militaristes et monopolistes. L’afflux massif des touristes russes sur le Maroc s’insère dans cette dynamique de la Russie de s’ouvrir sur de nouveaux partenaires stratégiques dans la région.

Il est bien vrai que la Russie s’est abstenue récemment lors du vote de la résolution inhérente au Sahara marocain, en dépit de ce rapprochement soutenu, ardemment brandi par les deux chefs d’Etat, lors de la récente visite du Souverain au Kremlin. Cependant, il importe également de comprendre cette position qui pourrait être considérée comme une «dérobade» mystérieuse, dans ce sillage temporel de fidélisation, puisque la Russie entretient toujours des rapports d’intérêt, depuis longtemps, avec nos voisins de l’est et d’autres pays africains aux énormes ressources énergétiques.

Toutefois, Il n’est pas du tout exclu que cette attention russe portée sur notre pays, illustrée par cette avalanche du flux touristique sur le produit balnéaire du sud marocain, n’est pas anodine, dans ce contexte de ce repositionnement géostratégique de la région. Les russes savent pertinemment que le Maroc est actuellement le plus stable, le pus émergent et le pus certain de tous. Son choix se profile et c’est à nous d’être à la hauteur…

Saoudi El Amalki