Il est à rappeler que le secteur agricole en général et celui des fruits et légumes en particulier participent grandement à la création de la plus-value; à plus de 15% du PIB. De ce fait, il représente la locomotive de la croissance économique et sociale, ainsi que l’épanouissement de la productivité, de l’intégration et de la compétitivité. Il y a tout juste quelques années, le secteur agricole a contribué à l’ordre de 143 milliards dont 23 milliards en tant que plus-value, et draine plus de 7 milliards de dirhams de devises.
De surcroit, le secteur de l’exportation des légumes et des fruits est des plus importants en termes d’emploi au Maroc, puisqu’il cumule environ 500.000 postes d’emploi directs et représente 40% de la population active dans le milieu rural. Il permet alors d’assurer l’autosuffisance alimentaire et d’approvisionner le marché intérieur à travers une production de 1, 5 mille tonnes par an. A cet effet, il convient de rappeler que plus de 800.000 tonnes de légumes ont été exportées.
En effet, comme tout le monde sait, la crise qu’a connu un certain nombre de pays européens avait des incidences négatives sur les exportations marocaines en matière de légumes et de fruits et qui, de ce fait, n’ont connu que 2 à 3% de progression en termes de quantité. En ce qui concerne les prix, il y a lieu de constater qu’ils ont été généralement en deçà des aspirations, ne couvrant nullement les frais de production et d’exportation, ce qui influe négativement sur la valeur des ventes de 20 à 30%.
En plus, nombre de facteurs de production ont accusé une augmentation au niveau des tarifs, ainsi que la main-d’œuvre, constituant un lourd fardeau pour les producteurs et leur liquidité. A cet effet, il s’avère alors difficile de couvrir toutes les dépenses, au vu des coûts du marché intérieur qui, à son tour, représente un grand handicap au niveau de l’amélioration des conditions de vente et de qualité. Les frais d’investissement ont pareillement connu ces dernières années une ascension notoire, passant de 120.000 dirhams en 1995 à 400.000 dirhams par hectare actuellement. Cela en ce qui concerne les serres dites «canariennes».
S’agissant des serres «nouvelle génération», elles dépassent 2 millions de dirhams par hectare. Suite à la hausse des frais de production et des conditions climatiques, sociales et économiques délicates, sans oublier la régression des investissements dans le secteur, nombreuses sont les fermes qui sont menacées de faillite et d’arrêt de leurs activités. En fait, ces fermes en danger englobent environ 1500 hectares, recrutant plus de 1500 postes de travail directs et indirects. Selon nombre d’intervenants, on pourra donc résumer ces contraintes infrastructurelles dans les indicateurs suivants:
le secteur de l’agriculture abrite des spécificités multiples et s’expose à des entraves diverses, notamment la non qualification de la main-d’œuvre et peu avertie ; les activités du secteur sont temporaires et saisonnières; l’agriculture s’exerce dans des régions rurales sans infrastructures de base; le Code de travail n’a pas pris en considération cette saisonnalité concernant l’embauche de la main-d’œuvre temporaire; le Code de la route n’a pas pris en compte la particularité du secteur en termes des accès précaires dans le milieu rural qui ne permettent aucunement l’acheminement de nombre de moyens de transport et n’incitent guère à l’apparition des sociétés de transport privées.
Le secteur de l’agriculture, constitue-t-il un réel levier de l’économie nationale ? Difficile de l’affirmer, puisque le Plan Maroc Vert s’avère peu répondant dans ce sens, en dépit des moyens colossaux injectés dans ses multiples vaisseaux, pendant des années, sans parvenir aux objectifs escomptés, avant de passer à un autre programme agricole.