Conférence à l’occasion du 80ème anniversaire de la fondation du PPS
M’Barek TAFSI
Dans le cadre des activités commémoratives du 80ème anniversaire du Parti Communiste Marocain, le siège national du Parti du Progrès et du Socialisme, héritier légitime du PCM a abrité le mardi 7 novembre courant une conférence, intitulée : « perspectives du règlement définitif du dossier du Sahara marocain ».
Benabdallah : le Maroc se doit de capitaliser sur ses succès diplomatiques, ses exploits sportifs et son élan de solidarité
Ouvrant les débats, le Secrétaire Général du PPS, Mohammed Nabil Benabdallah a indiqué que la programmation de cette conférence a été dictée par le souci de rechercher des réponses aux questions légitimes qui se posent au sujet de la fermeture définitive tant attendue de ce dossier, 48 ans après la Marche Verte qui avait pratiquement permis au Maroc de récupérer ses provinces du Sud. Et pourtant, tout le monde s’accorde à dire qu’il s’agit d’un problème hérité de l’époque coloniale qui a trop duré et auquel il est temps de mettre fin. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas, notamment dans nombre de milieux progressistes, qui critiquent par manque de compréhension la position du PPS à ce sujet.
Evoquant les perspectives du règlement définitif de ce conflit artificiel, Benabdallah a rappelé que le Maroc a réalisé d’importants acquis, grâce à sa diplomatie offensive. Malheureusement ces succès n’ont pas permis jusqu’à présent de clore définitivement ce dossier, qui fait toujours du surplace notamment à l’ONU.
Dans ce cadre, le Maroc a proposé son initiative d’autonomie, jugée sérieuse et crédible par la communauté internationale. Dans sa dernière résolution 2703 relative à la question du Sahara marocain, le Conseil de sécurité de l’ONU a consacré, une fois de plus, la prééminence de cette initiative pour clore ce différend artificiel.
Benabdallah a également souligné, que depuis son retour à l’Union Africaine en 2017, le Maroc a consacré son ouverture sur l’Afrique et renforcé ses relations de coopération avec les pays du continent.
Selon le SG du PPS, cette forte présence du Maroc en Afrique et au sein de l’UA a été rendue possible, grâce notamment aux progrès politiques, démocratiques et en matière de renforcement des libertés.
Dans le cadre du plaidoyer de sa cause nationale sur le plan continental et international, le Maroc s’est donc appuyé sur la pertinence de ses thèses et des arguments convaincants des pays africains avec lesquelles il a tenu à développer des relations sud-sud. Et ce en dépit du fait que l’affaire du Sahara marocain est du ressort exclusif des Nations Unies.
C’est ainsi que nombreux sont les pays africains qui ont ouvert des consulats dans les villes de Laâyoune et Dakhala et que plus de 100 pays reconnaissent la marocanité du Sahara ou le bien-fondé de la proposition marocaine d’autonomie dont les Etats Unis d’Amérique, l’Espagne, l’Allemagne et les Pays Bas.
Tous ces progrès ont été rendus possibles aussi grâce à la nouvelle stratégie adoptée par le Maroc, selon laquelle la question du Sahara est indissociable des autres dossiers d’intérêt pour le Maroc sur les plans bilatéral et international, a-t-il dit, estimant qu’il s’agit d’une stratégie payante.
Dans le même temps, le Maroc poursuit une politique sage, pondérée et sereine pour faire face aux manœuvres croissantes et aux provocations des ennemis de l’intégrité territoriale aussi bien à l’ONU qu’au sein d’un certain nombre d’instances régionales, a ajouté le SG du PPS, qui a tenu à souligner le rôle important que joue Sa Majesté le Roi dans ce cadre.
Après avoir soulevé un certain nombre d’interrogations quant à la détermination et à la sincérité de la communauté internationale de clore définitivement ce dossier, Benabdallah a souligné le Maroc se doit de renforcer davantage l’unanimité nationale autour de ce conflit artificiel pour faire échouer tous les chantages et manœuvres des ennemis de l’intégrité territoriale.
Il a rappelé aussi la nécessité pour le Maroc de renforcer le front intérieur à travers l’impulsion d’un nouveau souffle démocratique, l’élargissement du champ des libertés, la capitalisation sur les exploits comme celui réalisé par l’équipe nationale de football au mondial du Qatar ou l’élan de solidarité sans précédent des Marocains avec les régions touchées par le séisme d’Al Haouz et qui a été salué à travers le monde.
Pour ce faire, a-t-il dit, il importe de lancer une nouvelle génération de réformes recommandées notamment par le modèle de développement des provinces du Sud afin que les générations futures puissent se reconnaitre dans cet essor, 50 ans après la Marche verte. De telles réformes devront également permettre un meilleur encadrement politique véritable et responsable des habitants des provinces du Sud et ce loin de toute logique rentière des privilèges, a expliqué le SG, selon lequel aucun parti politique ne dispose d’une quelconque base populaire dans la région. Les partis politiques marocains sont en effet handicapés dans leurs démarches dans la région par l’absence d’un cadre favorable et de réformes visant à lutter efficacement contre les pratiques rentières et la logique des privilèges et du favoritisme.
Il a également estimé nécessaire de conforter ces réformes attendues à travers la réalisation des révisions du Code de la famille et du Code pénal et de mener à son terme l’œuvre de développement comme l’a annoncé Sa Majesté le Roi dans le récent discours de la Marche verte.
Il est également impératif de dépasser une fois pour toutes les manifestations négatives au niveau politique, économique et social comme recommandé dans le Nouveau Modèle de Développement, afin que le Maroc puisse promouvoir de lui la meilleure image possible.
Le pays doit également redoubler de vigilance et mobiliser davantage ses capacités pour faire face aux manœuvres incessantes du régime militaire algérien, qui refuse d’entendre raison et de respecter l’intégrité territoriale marocaine.
Pr Belamachi : le discours royal marque une nouvelle vision en matière de positionnement du Maroc au niveau continental et international
Pour sa part, Abdelfattah El Belamachi, professeur des relations internationales et président du Centre marocain de la diplomatie parallèle et du dialogue des civilisations a mis l’accent sur la dimension stratégique du récent discours royal de la Marche verte, soulignant qu’il constitue une nouvelle vision en matière de positionnement du Maroc au niveau continental et international.
Auparavant, il a rappelé succinctement les étapes de ce conflit artificiel jusqu’à la résolution 2703 du Conseil de Sécurité en passant par le cessez-le feu- de 1991, la proposition marocaine d’autonomie de 2007, le retour du Maroc à l’Union africaine en 2017, la libération du passage d’El Guergarate, la poursuite d’une diplomatie offensive, selon laquelle le Sahara marocain est « le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international ».
Cette politique a abouti à des changements importants concernant la position de nombreux pays sur la question du Sahara marocain et à mettre fin au chantage que certains pays faisaient de cette question.
Au niveau du continent africain, le Maroc a ouvert des banques et diversifié ses relations de coopération et de partenariat à travers notamment la diplomatie des phosphates et les investissements de développement. Cette offensive s’est traduite par l’ouverture de nombreux consulats à Laâyoune et Dakhla, à travers laquelle les pays témoignent et s’engagent à accompagner la marocanité du Sahara.
Dans les provinces du Sud, le Maroc a poursuivi ses efforts pour mettre à niveau l’élément humain et lutter contre la rente et les privilèges au niveau économique et social, comme en témoigne la fin dès 2016 de la vague de ralliement de ceux qui regagnaient la mère patrie en application de l’appel royal « la patrie est clémente et miséricordieuse ».
Depuis lors, le Maroc insiste dans son approche sur le sérieux et la responsabilité, a rappelé Pr Belamchi, selon lequel le dernier discours royal annonce une nouvelle ère visant la mobilisation et la mise en valeur des ressources des pays africains atlantiques et présente une offre aux pays enclavés du Sahel pour accéder à l’Océan atlantique.
Dkhil : les actes terroristes à Es Smara contre des civils reflètent le désespoir du polisario et de l’Algérie
Pour sa part, Bachir Dkhil, écrivain, analyste politique et président de l’Institut Alter Forum International des Etudes Sahariennes « Al Andalous », a déclaré d’entrée que le règlement définitif de la question du Sahara est tributaire avant tout d’une véritable réconciliation nationale, qui nécessite pour sa part des négociations et un dialogue franc pour résoudre tous les problèmes.
Et comme l’a souligné Sa Majesté le Roi, a-t-il dit, ce problème ne peut en aucun cas être résolu par une approche militaire et sécuritaire, mais plutôt à travers le dialogue et la reprise des discussions, notant au passage que de 73% des Marocains sahraouis vivent dans les provinces du Sud, selon les Nations Unies.
Pour lui, l’approche la plus efficiente doit être de caractère humanitaire dans le but d’assurer la réhabilitation des populations sahraouies. Elle doit également viser à mettre fin aux pratiques rentières à travers l’application de la loi à tout le monde sur un pied d’égalité et sans distinction, sachant que personne n’est au-dessus de la loi, comme stipulé dans la Constitution.
Après avoir rappelé que la conflit autour du Sahara est un problème de décolonisation, il a souligné que l’Algérie a toujours poursuivi une politique expansionniste au détriment de l’intégrité territoriale de ses voisins. Trois quarts du territoire algérien n’appartiennent pas historiquement à l’Algérie, mais ont été coupées du Maroc, du Mali, de la Tunisie et de la Libye par le colonialisme français qui les avait rattachés à l’Algérie, a-t-il rappelé, soulignant dans cadre que la résolution du problème des provinces méridionales du Maroc est liée à celle de la situation des autres régions d’Algérie que la France lui a laissées.
C’est ce qui explique en partie la crise identitaire que connaissent les populations de ces régions coupées de leur origine, et l’acuité des problèmes de tribalisme et de sous-développement qu’elles connaissent.
Contrairement à cette situation complexe, qui explique le désarroi de l’Algérie, le Maroc poursuit une politique pragmatique, qui l’a amené à changer de méthodes diplomatiques au cours des quatre dernières décennies, au moment où le polisario continue à recourir aux mêmes mécanismes qui remontent à la guerre froide.
Dans le même temps le Sahara marocain a connu depuis 1975 un développement humain important.
Abondant dans le même ordre d’idées, Dkhil a rappelé que les efforts du Maroc visant à tourner définitivement la page de ce dossier reposent sur une sorte de pragmatisme, ce à quoi SM le Roi a fait référence dans le récent discours royal à l’occasion de l’anniversaire de la Marche verte. Selon la nouvelle approche annoncée, d’autres pays africains seront associés à cette démarche pour prendre part à la construction d’un système basé sur la satisfaction des intérêts mutuels.
En avançant une telle approche, le Maroc administre encore une fois la preuve que le problème du Sahara marocain ne peut pas être résolu militairement, mais plutôt à travers le développement économique, social et culturel des provinces du sud où il est nécessaire d’intensifier la lutte contre les privilèges, le favoritisme et la rente. Ce qui compte enfin de compte c’est de promouvoir dans ces régions l’égalité de tous devant la loi, dans le but de créer un espace d’égalité des chances. Quiconque aime sa patrie ne doit pas consacrer sa vie aux manœuvres visant à la division des populations en clans rivaux et en tribus qui se haïssent à la mort, a-t-il laissé entendre.
Il a loué dans ce cadre la sérénité et la sobriété avec lesquelles le Maroc gère désormais la situation, à travers la politique de retenue et de la main tendue fondée sur le Soft Power.
Il a fait savoir dans le même ordre d’idées que le Maroc dispose d’une armée forte de plus de 300.000 hommes et que toute tentative du polisario, qui ne dispose que 40.000 combattants, de lui déclarer la guerre serait un suicide.
Commentant les attaques terroristes contre des civils à Smara, il a indiqué qu’elles expriment le désespoir du polisario, qui a tenté de dire à la communauté internationale qu’il survit toujours et ce à la veille de la dernière réunion du Conseil de sécurité de l’ONU concernant le Sahara marocain.
Ces derniers actes terroristes mettent en fait le polisario et l’Algérie dans une impasse. Ils reflètent la situation désespérée dans laquelle ils se trouvent, face la diplomatie triomphante du Maroc fondée sur le Soft Power.