L’fouriane, une création dramatique de haute qualité

Association Ouamadate d’Agadir

Après une panoplie de trouvailles théâtrales toutes aussi saisissantes les unes que les autres, l’association Ouamadates (lueurs) d’Agadir que pilote avec brio l’artiste chevronné Omar Sehnoun, réapparaît avec un nouveau chef-d’œuvre, intitulé L’fouriane (Fourrière). Appuyée par le ministère de la Culture, cette structure associative qui a déjà fait ses preuves, à maintes reprises, vient de présenter cette pièce respectivement aux complexes culturels d’El Hajeb et My Driss Zerhoun.

Cette nouvelle apparition qui a drainé et séduit un parterre de mordus de l’art dramatique, de par l’originalité du traitement d’une thématique socioculturelle du vécu quotidien et par la qualité de l’interprétation des comédiens, en l’occurrence Rajaa Kharmaz, Mohamed Boudane, Said Beggar, Hamid Boukali. Cette représentation qui a été écrite par le talentueux écrivain Dr Rachid Outarhout, scénographie de Imane Arroub et mise en scène de Ali Bouhali, est fondée sur un procédé artistique inédit qu’on appelle communément «le théâtre dans le théâtre».

En effet, cette approche a permis de traiter des thèmes à la fois distincts et interactifs, dans la mesure où cette combinaison convie le récepteur à faire partie des questions soulevées, avec fluidité et réactivité constantes. Deux volets se dégagent essentiellement dans cette technique inclusive, à savoir le concept révolu d’autorité despotique dont certaines mentalités rétrogrades continuent à user, quoique les années de plomb relèvent aujourd’hui du passé lugubre de notre pays. Cette nostalgie aux manies surannées dont font preuve nombres de décideurs de nos jours, fait savoir la pièce, ne fait qu’entraver la dynamique ascendante de notre nation émergente et freiner l’élan de la société aspirant à la liberté, la dignité, la prospérité et la justice sociale.

Le second axe de cette prestation marquante relate, toujours dans le même style de traitement,  la situation des artistes dans notre pays, en particulier celle des femmes et des hommes de théâtre, toutes catégories confondues. En clair, cette souche de créateurs se confronte régulièrement à une pléthore de contraintes et d’handicaps, au niveau de la préparation du spectacle et des diverses phases postérieures. Il faut dire que cette problématique se pose d’une manière ardue aux artistes qui se trouvent dans les différentes affres consécutives à la production, au marketing, aux conditions de la représentation…

Enfin, il va sans dire que les deux parties de la pièce, abordées d’une façon limpide, à travers cette superposition joliment conçue et adaptée et vivement théâtralisée, invitait l’assistance à mener une réflexion à la fois émotive et rationnelle sur des thématiques de l’ordre du jour, avec un souci permanent de novation et de créativité, tout au long des péripéties de la pièce.

Saoudi El Amalki

Top