L’imperturbable Ammouta au chevet de l’exploit

Le premier entraineur marocain à mener son équipe en finale de la Ligue des Champions de la CAF est un homme facile à décrire, difficile à perturber. Portrait du premier entraineur marocain à avoir mené une équipe nationale en finale de la Ligue des champions de la CAF.

Il est l’antithèse d’un Antonio Conte ou d’un Luis Enrique, du moins pour ce qui est d’exploser de joie devant un but de son équipe. Sur son banc, Houcine Ammouta est loin d’être un homme expressif. Quel que soit l’instant où la caméra le saisit, la même image est là : un visage crispé, des yeux pensifs et des bras croisés la plupart du temps, quand il n’est pas en train de les mouvoir furieusement à destination d’un joueur pour lui rappeler ses devoirs tactiques. L’Immuable monsieur Ammouta est réputé pour son cœur d’acier. Seul le sifflet final est capable de lui arracher (parfois) le sourire quand son équipe sort victorieuse. Peut-être est-ce une des raisons pour lesquels il peine à s’attirer la sympathie des supporters du premier coup.

Objet de critiques virulentes depuis le début de la saison, Ammouta les a épongées d’un trait. Ces mêmes voix s’étaient élevées après l’élimination en coupe du Trône, pointant du doigt le manque d’enthousiasme offensif du WAC et sa tendance à se recroqueviller en arrière. Même qu’on présageait une éviction de l’entraineur en cas de revers en demi-finale de la Ligue des Champions. Ces mêmes voix, muettes pourtant autour du long et dur ouvrage de fond qu’Ammouta effectue depuis un an, se sont tues provisoirement après l’exploit de samedi dernier. Comparer les deux rencontres serait mal connaitre l’entraineur car dans l’esprit d’Ammouta, l’enjeu est totalement distinct. La Ligue des Champions prime clairement et Face à l’USMA, il a intégré sept joueurs absents pour différents motifs, dont ceux conservés au frais comme Bencherki, Rabeh et Saïdi.

Avec maestria, il a su graver les réflexes défensifs qui manquaient au WAC, et qui ont résulté de la défaite cuisante face à Zamalek (4-0), l’année dernière au même stade de la compétition. Cette saison, le Wydad n’a accusé qu’un seul but sur son terrain en Ligue des Champions, celui d’Abdellaoui samedi dernier. C’est un témoignage probant qu’une excellente défense est ce qui vous remporte un trophée. Ceux dont la mémoire est fine se rappelleront que le FUS de Rabat, sous sa houlette, produisait souvent le même jeu, ce qui lui a valu la coupe de la CAF en 2011.

Avec l’effectif nettement plus équilibré que possède actuellement WAC, Ammouta a toutes les cartes en main pour créer l’exploit face au dangereux rival égyptien qu’est Al Ahli. L’Etoile Sportive du Sahel n’osera pas vous dire le contraire, elle qui a chaviré par six buts entiers au stade du Caire dans la seconde demi-finale de cette compétition. Moins de deux semaines avant le match qui peut le consacrer en tant que premier entraineur marocain à décrocher ce titre, Ammouta n’a rien perdu de sa réserve. Il a félicité ses joueurs pour leur prestation, en précisant ne pas avoir l’intention de retoucher sa formation gagnante. Motus et bouche cousue autour de l’adversaire, le coach est parti travailler en silence.

Son parcours de joueur ne diffère pas trop de celui d’entraineur, mis à part au volet des titres. Ce natif de Khémisset y a démarré ses deux carrières. En tant que joueur, il signe sur une carrière moyenne en tant que milieu offensif. Entraineur, c’est là où Ammouta rencontre le succès. Il prend les rênes de l’IZK en 2005 et le mène à la seconde place en Botola, synonyme de sa première participation africaine. S’en suit le FUS qu’il sort de la 2e division pour le mener à son premier titre continental, décrochant une Coupe du Trône au passage. S’en suivent trois saisons avec Al Sadd (Qatar)où il réalise un titre de championnat, deux coupes du Qatar et une coupe du prince. De retour au WAC, il réalise le championnat en attendant de signer sur son exploit ultime, vendredi 3 novembre prochain dans un stade Mohammed V qui n’a pas connu de sacre pareil depuis celui du Raja, le rival de toujours, 20 ans plus tôt.

Iliasse El Mesnaoui

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