L’Iran lance son missile «Khoramshahr»

Après avoir montré au monde entier ce vendredi, lors du défilé militaire marquant le déclenchement en 1980 de la guerre Irak-Iran, son nouveau missile Khoramshahr, «opérationnel dans un avenir proche» selon un responsable iranien et d’une portée de 2.000 kilomètres – un rayon d’action qui lui permet théoriquement d’atteindre aussi bien Israël que les bases américaines se trouvant dans la région –  Téhéran a annoncé, dès le lendemain, avoir procédé à son lancement «avec succès» sans, toutefois, donner de précisions quant à la date à laquelle cet essai a été effectué.

Il convient de préciser, néanmoins, que le tir de ce missile «à têtes multiples», est intervenu dans un climat devenu particulièrement tendu entre la République Islamique et les Etats Unis après que le Président Trump ait vivement critiqué l’accord sur le nucléaire signé à Vienne en 2015 et donné, ainsi, l’occasion aux autorités iraniennes de durcir le ton.

Reprochant au régime des mollahs une prétendue collusion avec la Corée du Nord, le président américain a écrit, sur son compte Twitter, que l’Iran qui «vient de tester un missile balistique capable d’atteindre Israël, travaille aussi avec la Corée du Nord» avant d’ajouter plus loin «nous n’avons pas vraiment un accord » et de remettre ainsi en cause l’existence même de l’accord international conclu avec l’Iran sur le nucléaire; un texte qui s’il n’interdit pas, certes, à Téhéran de poursuivre ses activités balistiques, l’oblige, toutefois, à les cantonner dans un cadre civil et pacifique en échange de la levée progressive des sanctions qui lui étaient imposées. C’est, en effet, la résolution n°2231 du Conseil de Sécurité de l’O.N.U. qui, en entérinant l’arrangement conclu, avait demandé à Téhéran de ne pas entreprendre d’activités nécessaires au développement de missiles aptes à porter des têtes nucléaires.

Désireux, par ailleurs, de renforcer les punitions infligées à l’Iran, le Président Trump entend profiter de la prochaine réunion du Congrès qui se tiendra le 15 Octobre prochain pour déclarer officiellement, devant cette instance, que l’Iran ne respecte pas les engagements convenus dans le cadre de l’accord sur le nucléaire et obtenir, à ce titre, l’aval du Congrès pour l’application de nouvelles sanctions contre la République Islamique.

Réagissant à cette levée de bouclier, le Président Hassan Rohani, a rappelé, dans une allocution télévisée, l’intention de Téhéran de «renforcer ses capacités militaires en matière de dissuasion» et de «développer ses missiles» ainsi que ses «forces aériennes, terrestres et maritimes» avant de déclarer plus loin : «Pour défendre notre patrie, nous ne demandons la permission à personne» et d’ajouter qu’il n’y aura aucune modification dans la politique menée par son pays dans la région puisque la République Islamique allait continuer à «défendre les peuples opprimés du Yémen, de la Palestine et de la Syrie».

Il convient de rappeler, enfin, que, dans le cadre de la défense de son territoire et de la recherche d’un équilibre avec les autres pays de la région – notamment l’Arabie Saoudite et Israël «qui achèteraient des milliards de dollars d’armes aux pays occidentaux» –  l’Iran se serait attelé, ces dernières, années à développer un vaste programme balistique dit «défensif».

Ce chassé-croisé «course à l’armement» d’un côté «renforcement de sanctions» de l’autre, parviendra-t-il à maintenir une certaine stabilité et à sauvegarder la paix dans la poudrière moyen-orientale ? Nul ne pourrait, pour l’heure, répondre à cette question tant les enjeux sont énormes…

 Nabil El Bousaadi

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