Liz Truss, entre un « mini-budget » et un « maxi-ratage »

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Troisième femme à diriger le gouvernement britannique, Liz Truss, qui espérait pouvoir juguler l’inflation et stimuler la croissance en baissant les impôts – un crédo qui avait fait le succès politique de son idole, Margaret Thatcher – en a eu pour son argent, moins d’un mois après son arrivée au 10, Downing Street, au vu du fiasco auquel a donné lieu son plan de réduction d’impôts.

Croyant qu’elle allait pouvoir s’en sortir avec cette mesure emblématique du « mini-budget », issue des recettes de « Maggie », qui, à ses yeux est une formule « gagnante » à même de redonner de la « croissance » au pays déjà fragilisé par l’inflation et menacé par la récession, Liz Truss n’est parvenue qu’à se faire des ennemis à l’intérieur même de son propre camp.

Nombreux ayant été ceux qui avaient prévenu que de telles mesures risqueraient de provoquer une catastrophique réaction en chaîne en période de hausse des prix, la nouvelle occupante du 10, Downing Street a été brutalement désavouée par les marchés qui étaient persuadés, dès le début, qu’ils allaient vers un dérapage budgétaire historique puis elle est rapidement devenue la cible de ces éditos assassins qui ont « obligé » son gouvernement à rétropédaler, le 3 Octobre, sur la proposition ultra-controversée en faveur des contribuables fortunés.

Ainsi, dès la divulgation, la semaine dernière, par le ministre des Finances Kwasi Kwarteng, du « mini-budget » et de ses prévisions de dépenses pharaoniques au profit des plus riches, les marchés ont craint un dérapage budgétaire si bien que la livre sterling a dégringolé à son plus bas niveau et que le Fonds Monétaire International a demandé à Londres de « revoir sa copie » ; un camouflet à la suite duquel la banque centrale a été appelée à intervenir d’urgence pour calmer la tempête.

Autant de raisons qui ont fait que l’ambiance était vraiment morose lors de la fameuse « grand-messe » des conservateurs qui s’est ouverte dimanche à Birmingham dans le centre de l’Angleterre et qui s’est achevée, mercredi, avec le discours prononcé par Liz Truss, au moment même où les travailleurs du rail s’étaient mis en grève pour réclamer une hausse de leurs salaires.

Accusée, par ailleurs, de n’avoir fait appel qu’à une poignée de fidèles pour constituer son gouvernement, la nouvelle Première ministre s’est trouvée contrainte de faire son discours devant des rangs divisés et ce, d’autant plus que ces poids lourds du parti conservateur que furent l’ancien Premier ministre Boris Johnson et son ancien ministre des finances, Rishi Sunak, n’avaient même pas daigné faire le déplacement.

En face, l’opposition travailliste qui a été encouragée par les sondages très favorables de l’Institut YouGov qui lui ont attribué 54% des intentions de vote et seulement 21% aux conservateurs, croit vraiment en la possibilité d’écarter les conservateurs à l’issue des législatives de 2024.

Aussi, en prenant à témoin l’inquiétude des britanniques face à l’envolée des prix et à l’augmentation des taux d’intérêts, Keir Starmer, le leader des travaillistes a accusé le gouvernement d’avoir « perdu le contrôle de l’économie ».

Or, si elle est restée muette durant toutes ces journées pendant lesquelles de nombreuses voix ont réclamé la démission de son ministre des Finances, Liz Truss est sortie de sa réserve, jeudi , en excluant tout changement de cap, en défendant, bec et ongles, la nécessité de prendre des « mesures urgentes » mais, surtout, en assurant avoir un « bon plan » pour relancer la croissance.

Y parviendra-t-elle ? Attendons pour voir…

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