La logistique, la voie pour pérenniser l’agriculture

L’amélioration des réseaux logistiques et des infrastructures liés permettra de se positionner durablement sur un marché mondial de plus en plus compétitif, où le consommateur final a élevé son niveau d’exigences en matière de sécurité sanitaire et de traçabilité des produits consommés.

Sujet depuis toujours aux aléas de la météorologie, le secteur primaire, premier contributeur à la croissance économique du Maroc, exige d’être libéré du joug du ciel et de son tempérament versatile à l’ère du réchauffement climatique.

Dans cet effort nécessaire vers la modernisation de l’agriculture et l’accentuation de sa productivité et de sa rentabilité, une logistique performante est un must. En connaissance de cause, le SIAM brandit dans sa 13e mouture le thème de la «logistique et marchés agricoles».

Bien entendu, l’amélioration de la productivité, premier enjeu d’une agriculture performante, ne saurait être viable sans une infrastructure logistique efficience permettant l’accès aux marchés internationaux dans les meilleures conditions.

En effet, les statistiques de l’Office des Changes montrent tout le poids de la production agricole dans la balance des exportations. Dans son rapport autour des échanges extérieurs à fin décembre 2017, paru le 30 mars dernier, l’Office dénote la hausse de la valeur des exportations de l’agriculture et de l’agroalimentaire de 4,1 milliards de dirhams.

De ce fait, l’infrastructure logistique est désormais un enjeu majeur pour la pérennisation de l’activité agricole et pour le développement de ses débouchés à l’échelle continentale d’abord et internationale ensuite.

Cette orientation est exprimée à travers la multitude d’événements consacrés à la promotion des différentes filières agricoles, qui s’enchainent et qui consacrent de plus en plus d’espace à la thématique de la logistique dans leurs programmes, voire ciblent des régions internationales, en particulier. C’est le cas, entre autres exemples, de la 9e édition des Trophées de la filière des fruits et légumes (Trofel) tenue en janvier dernier et qui a mis l’accent sur les caractéristiques des canaux de distribution des exportations de fruits et légumes ainsi que les calendriers d’importation en Afrique de l’Ouest.

Dilemme de l’heure, la mise en place de circuits de conservation et de distribution est un élément important de la stratégie globale en matière d’agriculture. Elle vise notamment l’optimisation du commerce agricole en sécurisant l’ensemble des maillons de la chaine agricole et en assurant, de fait, la stabilisation des revenus et l’amélioration du niveau de vie du monde rural.

L’amélioration des réseaux logistiques et des infrastructures liés permet, par ailleurs, de se positionner durablement sur un marché mondial de plus en plus compétitif où le consommateur final a élevé son niveau d’exigences en matière de sécurité sanitaire et de traçabilité des produits consommés.

Ainsi, au niveau national, une vision et un déploiement logistiques pertinents et adéquats facilitent l’intégration des producteurs aux marchés et permettent le désenclavement de certaines régions dans un objectif de diminuer les disparités sociales. Dans ce sens, la Stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique porte dans ses priorités le renforcement de la compétitivité des exportations et de la commercialisation locale des produits agricoles, grand axe du Plan Maroc Vert. La stratégie vise, entre autres, à encourager le développement des plateformes d’agro-commercialisation.

Ces dernières constituent une réponse au besoin de rationaliser les flux agricoles entre les bassins de production et de consommation (groupage des collectes des bassins de production, éclatement vers les réseaux de distribution et des bassins de consommation). Nouvelles stations pour le passage des produits agricoles et véritables bourses des produits frais, ces plateformes offriront des infrastructures (stockage, capacités importantes d’entrepôts frigorifiques, etc.) et de nombreux services (manutention, contrôle qualité et traçabilité des produits, administratifs, bancaires, etc.) et contribueront à la réduction et l’homogénéisation des coûts de commercialisation, la continuité de la chaîne de froid, la traçabilité et un meilleur respect des conditions d’hygiène. La stratégie ambitionne ainsi de porter la surface de ces plateformes à 725 ha à l’horizon 2030.

Autre volet de la stratégie qui illustre l’intérêt porté à l’amélioration des aspects logistiques adaptés à chaque denrée, le développement de capacités de stockage supplémentaires au profit de la production céréalière (50 ha de plus à l’horizon 2030 pour 15 millions de tonnes de capacité de stockage supplémentaire), et ce, à proximité des ports d’importation, des bassins de production et des principaux bassins de consommation, en réponse à la fluctuation de la production nationale en céréales et à la volatilité des prix à l’international.

En synergie avec la mise en œuvre du Plan Maroc Vert, l’édification de nouveaux silos de stockage des céréales permet d’améliorer et de sécuriser les approvisionnements, d’optimiser les achats pour une stabilisation des prix et une meilleure maîtrise des besoins de compensation et permet également une meilleure organisation des flux vers les minoteries avec des accès faciles aux producteurs de céréales.

Ces zones de stockage et de dépôt considérées comme des réserves nationales de céréales offriront, en plus des opérations de groupage et d’éclatement de la production nationale et des importations, une large gamme de services tels que le lavage des céréales, la fertilisation des semences ou encore le tri des céréales.

Sur le plan international, seul un réseau logistique moderne permet aux entreprises de s’adapter aux fluctuations du marché et à la concurrence. C’est à ce titre, que de grandes plateformes aéroportuaires et portuaires, comme Tanger Med, facilitent l’accès à des marchés lointains et permettent d’assurer un processus d’exportation optimisé, tout en ouvrant la voie à de nouveaux corridors commerciaux. Et la nouvelle édition du Siam est là pour mettre à la disposition des opérateurs marocains toute l’expertise des pionniers de la logistique agricole mondiale, à leur tête les Pays-Bas, pour mieux les éclairer sur les moyens mis à leur disposition afin d’exporter leur production dans des conditions optimales. Le tout en symbiose avec la finalité de la logistique qui conduit, au long terme, à maitriser la complexité, l’incertitude et les délais résultant de la multiplication des couples produits-marchés et de fournir un avantage concurrentiel en profitant d’un service logistique optimal au coût le plus adapté et acceptable.

Iliasse El Mesnaoui

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