L’U.E. s’oppose aux sanctions américaines contre l’Iran

Ayant décidé d’opposer une fin de non-recevoir à la demande des Etats-Unis d’isoler économiquement l’Iran, Federica Mogherini, la Cheffe de la diplomatie de l’U.E. a déclaré à l’issue d’une séance de travail tenue ce lundi avec les ministres des Affaires étrangères des Etats de l’Union: «Nous avons approuvé l’actualisation du statut de blocage et nous prenons toutes les mesures pour permettre à l’Iran de bénéficier des retombées économiques de la levée des sanctions».

Reconnaissant que «l’exercice est difficile» eu égard au poids non-négligeable des Etats-Unis dans l’économie mondiale et désireuse de mettre en place, avec l’aide des autres signataires de l’accord de Vienne – notamment la Chine et la Russie – «un mécanisme financier permettant de garantir à l’Iran la capacité d’exporter son pétrole», la diplomate européenne a ajouté : «Je ne suis pas en mesure de dire si nos efforts vont suffire mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour éviter que l’accord sur le nucléaire avec l’Iran ne meure car les conséquences seraient catastrophiques pour tous».

Au cours d’une interview donnée la veille à la chaine de télévision américaine CBS, Donald Trump s’en était violemment pris à l’Union européenne, à la Chine et à la Russie. «Je pense que nous avons beaucoup d’ennemis. Je pense que l’Union européenne est un ennemi avec ce qu’ils nous font sur le commerce… la Russie est un ennemi par certains aspects… la Chine est un ennemi économique».

Mais, comme c’est toujours après-coup qu’il réalise l’énormité de ses propos, le président américain ajoutera, par la suite, pour les nuancer : «Mais çà ne veut pas dire qu’ils sont mauvais, ça ne veut rien dire; çà veut dire qu’ils sont compétitifs».

Pour rappel, après la levée des sanctions contre Téhéran, les ressources générées par l’exportation du pétrole – à hauteur de 20% en direction de l’UE et de 70% vers la Chine et d’autres pays asiatiques – avaient rapporté à la République islamique près de 50 milliards de dollars.

Déplorant donc le fait que plusieurs grandes entreprises européennes,  dont Total,  envisagent de quitter l’Iran pour ne point pâtir des sanctions américaines qui, en vertu du principe de l’extraterritorialité du droit américain, s’appliqueraient à toutes les entreprises européennes, l’U.E entend faire jouer, à compter du 6 Août prochain, les dispositions de «la loi de blocage européenne». Initialement créée en 1996 pour contourner les sanctions américaines à l’encontre de Cuba, de la Libye et même de l’Iran, à l’époque, cette législation autorise les entreprises européennes à ne point se conformer aux effets extra-territoriaux des sanctions américaines. Elle annule, ainsi, les effets dans l’U.E. de toute décision de justice étrangère fondée sur des sanctions et confère, par la même occasion, auxdites  sociétés le droit d’être indemnisées pour tout dommage qui en découlerait.

Quelle sera l’issue de ce bras-de-fer entre l’Union européenne, la Russie et la Chine d’un côté, les Etats-Unis de l’autre et l’Iran au centre ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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