Maroc-Inde: Plaidoyer pour une complémentarité économique

Moulay Hafid Elalamy n’a rien perdu de son optimisme. La rencontre du Ministre de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Économie numérique avec son homologue Indien, Nirmala Sitharaman, lors de l’Industry Meeting Day tenu jeudi 24 mai à Casablanca, était l’occasion pour El Alami de dresser un bilan d’étape du Plan d’accélération industrielle (PAI). Une occasion de revenir sur le parcours de ce plan 2014-2020 et d’exposer son avancement sur les principaux objectifs que sont la création de 500.000 emplois dans le secteur, l’augmentation de la part industrielle du PIB à 23% et rééquilibre de la balance commerciale.

L’Automobile et l’Aéronautique montrent l’exemple

L’occasion ne pouvait se passer sans que le ministre ne fasse son clin d’œil habituel à l’essor que connait l’industrie automobile, «un secteur dont on parle souvent, mais ce n’est pas de ma faute. (Les industriels de l’automobile) se sont retroussé les manches les premiers. Ils ont cru en eu d’abord, et ont pu déplacer des montagnes». Les résultats sont assez impressionnants, et l’automobile est devenue premier exportateur industriel au Maroc pour la 3e année consécutive, avec 60 milliards de dirhams. D’autres secteurs emboitent le pas à l’exemple de l’aéronautique, à l’exemple du contrat signé avec Boeing et portant sur un milliard de dollars d’achat de pièces au Maroc, ainsi qu’un autre contrat avec Airbus. «Pour ce qui est de Boeing, c’est la première fois qu’ils signent un contrat de cette nature avec un pays, un contrat sans contrepartie d’achat d’avions, car la Royal Air Maroc n’est pas dans le deal. Nous avons également l’implantation au Maroc de tout un écosystème filiale d’Airbus», rappel Elalamy

On reproche au ministère de se focaliser majoritairement sur ces deux secteurs, «ce qui n’est pas le cas, rappelle le ministre». L’écosystème textile et cuir, par exemple, a connu mondialement des difficultés à cause de la Chine, mais il est entrain de retrouver des couleurs aujourd’hui car il s’est mis à travailler autrement. «Sa compétitivité, c’est l’amont du textile. Tissu, fils, boutons, fermetures éclairs, etc. «Quand vous les importez, vous payez taxes et douanes dessus et vous êtes moins compétitifs. Maintenant, je suis ravi de voir que ce secteur est en train d’aller dans des produits très techniques destinés aux secteurs automobile et aéronautique», confie El Alamy.

Ainsi, le ministre avoue commencer à percevoir le gout du retour de l’Industrie au Maroc. C’est un axe fort de la stratégie revue et revisitée maintes fois du PAI avec deux objectifs phares : l’intégration du capital marocain de façon plus importante dans le tissu économique, et de renforcer la régionalisation de l’implantation des industries.

L’Inde, un géant industriel exemple à suivre

De son coté, Sitharaman a exposé les piliers de la nouvelle résurgence de l’Inde, pilonnée par le «Make in India», ou l’encouragement des industriels à produire localement. L’Inde, c’est la promesse d’un marché de forte consommation combiné à une large tranche de population active, voué à gagner plus et à dépenser autant. Le pays réalise une croissance annuelle de 7,5%, et on lui prédit d’atteindre les 8% durant les 5 années à venir, ce qui est énorme. Les indiens s’attendent à voir leurs salaires tripler à l’horizon 2023. Cette renaissance est appuyée par le désir de rendre l’Inde une des marchés les plus faciles et simples pour le business, par la simplification et la rationalisation des règlementations existantes. Par ailleurs, Sitharamana invité officiellement son homologue marocain à rendre visite en Inde, pour voir comment partager nos expériences respectives et en bénéficier, et voire quels sont les champs où le Maroc peut nous guider, et réciproquement.

Iliasse El Mesnaoui

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