Médicaments génériques: parlons-en!

Le Maroc mène actuellement une politique courageuse volontariste dans le domaine de la santé afin de garantir à tous les citoyens les meilleurs soins possibles, élargir la couverture médicale pour arriver dans les années à venir à une couverture universelle.

Le Maroc a fait sienne la mise en place effective de la couverture santé universelle. Tous les intervenants des secteurs public et privé sont à pied d’œuvre pour  que ce grand projet sociétal soit opérationnel dans les années à venir. Ce qui permettra d’assurer à chacun l’équité et la justice sociale dans l’accès aux soins et aux médicaments de qualité sans en subir de lourdes conséquences financières.

Cette approche de l’accès aux soins et aux médicaments soulève des questions de dignité humaine, d’égalité et reste étroitement liée à la mise en œuvre de la politique nationale des médicaments et des produits pharmaceutiques visant à fournir des médicaments de haute qualité, efficaces et à des prix abordables, à encourager l’utilisation des médicaments génériques, à faciliter l’accès des citoyens, notamment les démunis, aux médicaments innovants de façon régulière.

Des baisses de prix significatives

La constitution de 2011 a érigé le droit à la santé comme un droit constitutionnel. Ce faisant, elle trace un cap pour le système de santé marocain des années à venir , qui est marqué par un profond changement, une nouvelle dynamique, plus de droits, plus d’équité, de justice sociale et d’égalité des chances.

En d’autres termes, il s’agit de permettre à chaque Marocain d’avoir accès aux mêmes soins, aux mêmes médicaments indépendamment des moyens financiers des uns et des autres, de leur lieu de résidence ou de toutes autres considérations.

De nos jours, l’accès aux médicaments est un sujet d’actualité, surtout que plus de 3 .000 médicaments ont connu des baisses de prix non négligeables et que l’année 2019 verra aussi la baisse d’autres produits médicamenteux.

Ces baisses des prix permettent un meilleur accès aux médicaments, mais il faut dire que c’est aussi en grande partie grâce aux médicaments génériques.

Pour le ministère de la santé, l’accès pour tous aux médicaments est en première ligne de ses priorités et cela passe par la promotion des médicaments génériques.

Qu’est ce qu’un médicament générique?

Le médicament générique est conçu à partir de la molécule d’un médicament déjà autorisé (appelé médicament d’origine ou princeps) dont le brevet est désormais tombé dans le domaine public.

Il doit avoir la même composition qualitative et quantitative en principes actifs, la même forme pharmaceutique que le princeps et démontrer qu’il a la même efficacité thérapeutique.

Pour obtenir son autorisation de mise sur le marché (AMM), il doit apporter la preuve de sa bioéquivalence qui signifie équivalence des biodisponibilités. C’est-à-dire que la quantité de principe actif disponible dans le sang est similaire et que la vitesse à laquelle ce principe actif atteint la circulation sanguine est également similaire, que l’on utilise la spécialité d’origine ou la spécialité générique.

Cette bioéquivalence est la garantie d’une efficacité thérapeutique et d’une sécurité d’emploi identiques, même si la présentation du médicament ou la forme du principe actif sont différentes.

Les médicaments génériques existent au Maroc depuis les années 70, et, même pour certains médicaments, le générique a été introduit avant le princeps, c’est-à-dire issus de la molécule mère. Les effets thérapeutiques générés par les génériques sont similaires à ceux des princeps.

Des enjeux politiques et  économiques

En termes de taux de pénétration du médicament générique, celui – ci représente près de 80 % dans le secteur public, c’est-à-dire dans les hôpitaux et centres de santé, dispensaires …Mais ce taux de pénétration reste très faible dans le secteur privé où le médicament générique ne représente que 28 ou 32%.

En France, le générique représente 52%, contre 71% au Royaume-Uni, 75% en Allemagne, 81% au Canada et 89% aux États-Unis.

Dans les pays du Maghreb, ce taux est de 69% en Tunisie et de 41% en Algérie.

Au Maroc, il y a encore des freins, des résistances concernant la prescription des génériques par certains praticiens qui restent très attachés aux médicaments dits princeps.

Pourtant, les médicaments génériques sont moins chers. Ils coûtent 30 à 50 % moins cher que les médicaments dits originaux. C’est donc une solution qui a le mérite de permettre aux économiquement faibles, à ceux qui ont des revenus modestes de pouvoir se faire correctement soignés en ayant accès à des médicaments efficaces, qui ont toutes les garanties dont la fameuse autorisation sur le marché (A.M.M), et bien entendu la bioéquivalence.

Parler de médicaments moins chers, accès plus facile, plus grand nombre de bénéficiaires, de malades soignés signifie clairement que les premiers bénéficiaires des médicaments génériques sont les patients qui profitent indirectement des économies réalisées.

Mais les génériques profitent aussi aux laboratoires qui fabriquent les médicaments génériques, qui ne dépensent pratiquement rien en termes de recherche, alors que la situation est délicate pour ceux qui cèdent leurs brevets.

On a tendance à croire que les pharmaciens d’officines sont contre les médicaments génériques, et qu’ils leur préfèrent les princeps car la marge bénéficiaire est plus importante. Ce qui est totalement faux car les pharmaciens d’officines ont compris mieux que tous les autres que c’est avec la promotion du générique qu’ils pourront  se faire de bons chiffres d’affaires, à condition disent-ils que les prescriptions médicales soient établies en dénomination commune internationales ou DCI  (sous le nom chimique de la molécule), surtout pour tous les médicaments qui ont une doublure générique.

S’il fallait citer un seul exemple de médicament générique pour schématiser tout l’intérêt, les avantages, les raisons qui militent pour ces médicaments moins chers, on citerait sans hésiter le SSB 400, premier générique anti-hépatite C 100% marocain à base de Sofosbuvir, qui est commercialisé à un prix de 3.000 dirhams la boîte.

C’est aujourd’hui un traitement qui va permettre  à plus de 600.000 personnes atteintes d’hépatite C d’avoir accès à un traitement à moindre coût, le coût de la cure de 12 semaines est de 451.000 dirhams en France et de 800.000 dirhams aux Etats Unis. Au Maroc, le prix de la cure de 12 semaines est de 9.000 dirhams pour le SSB 400 au Maroc, c’est dire tous les avantages que représente la promotion des génériques.

Pour notre pays, il ne saurait y avoir d’essor de la médecine, de promotion de la santé de nos concitoyens sans la disponibilité et l’accessibilité  de médicaments génériques.

C’est à l’évidence un réel enjeu politique, social et économique. En 2019, ce sont 48 sociétés qui opèrent dans le secteur de l’industrie du médicament, 15 milliards de chiffres d’affaires, 11 000 pharmaciens à travers le Maroc et 1 milliard d’euros de consommation.

Ouardirhi Abdelaziz

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