Journée mondiale contre l’hépatite 2024
Ouardirhi Abdelaziz
À l’instar des autres pays du monde, le Maroc a célébré, le 28 juillet 2024, la Journée Mondiale contre l’Hépatite Virale sous le thème «Il est temps d’agir». Cette célébration est l’occasion de sensibiliser à l’importance de la prévention, du dépistage et du traitement de cette maladie.
L’hépatite virale est une inflammation du foie causée par un virus. Il existe cinq grandes souches d’hépatovirus : A, B, C, D et E. Il convient de noter que les hépatites virales sont très répandues à travers le monde. Selon les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé, plus de 300 millions de personnes sont atteintes par les hépatites virales B et C.
Ensemble, l’hépatite B et l’hépatite C sont les causes de mortalité les plus fréquentes, avec 1,4 million de décès chaque année. Cette année, la Journée a pour thème «il est temps d’agir».
Le thème de cette journée mondiale de lutte contre l’hépatite 2024, est très parlant il vise à sensibiliser les gouvernements pour accroître les efforts de lutte contre les hépatites et il souligne, et met l’accent sur la nécessité d’une riposte plus vigoureuse contre cette maladie qui cause de nombreux morts tous les jours dans le monde : 1.3 million en 2022 contre 1,1 million l’année précédente. 83% sont imputables à l’hépatie B contre 17% pour l’hépatite C. Soit 3500 morts par jour. Un constat dramatique qui poussé l’OMS a lancé une alerte en avril 2024.
Qu’en est-il au Maroc ?
Au Maroc, Selon les données du ministère de la Santé et de la protection sociale, environ 245 000 personnes sont porteuses du virus de l’hépatite B (HVB) et 125 000 du virus de l’hépatite C (HVC).
Ces deux formes peuvent entraîner des complications graves, comme la cirrhose ou le cancer du foie, et sont responsables de plus de 5 000 morts par an au Maroc.
Cette situation ne devrait plus exister au Maroc car notre pays dispose du vaccin contre l’hépatite B, qui est administré aux nouveaux nés faisant partie des autres vaccins obligatoires du calendrier vaccinal national.
En ce qui concerne les médicaments antiviraux anti- hépatite C, il est utile de rappeler ici aux et aux autres que depuis Décembre 2015, le laboratoire Pharma 5 avait mis sur le marché le premier médicament anti-Hépatite C 100% Marocain «SSB® 400» à base de Sofosbuvir.
Ce médicament appartient à une nouvelle génération d’antiviraux à action directe qui permet la prise en charge et le traitement définitif, à faible coût, de plus de 625.000,00 personnes atteintes d’hépatite C au Maroc.
La fabrication locale et la commercialisation des nouvelles molécules antivirales pour la prise en charge de l’HVC au Maroc, dont le Sofosbuvir et Daclatasvir traduisent l’engagement ferme du ministère de la Santé à assurer la disponibilité des molécules thérapeutiques les plus sécuritaires et les plus efficaces avec un prix abordable, dans le cadre de la vision de l’élimination de HVC à l’horizon 2030.
Une maladie qui évolue à bas bruit
Le très grand problème des hépatites B et C, c’est que de nombreuses personnes concernées ne savent pas qu’elles sont infectées par l’hépatite B ou C.
En effet, l’infection remonte souvent à de nombreuses années et ne provoque pas de symptômes ou pas de symptômes clairs. Malgré cela, la maladie peut progresser sans que l’on s’en rende compte. Il est donc d’autant plus important que les personnes à risque soient dépistées et traitées.
À cet égard, le Ministère poursuit ses efforts dans le domaine du dépistage et du diagnostic de cette infection.
Le traitement de l’hépatite C par des médicaments antiviraux demeure pris en charge gratuitement au sein des centres hospitaliers régionaux et provinciaux, permettant ainsi la guérison de l’infection en quelques mois seulement.
Réduire de moitié le nombre de décès d’ici 2030
Au Maroc l’hépatite B (HVB) et l’hépatite C (HVC) , sont les deux formes les plus fréquentes et sont responsables de plus de 5 000 morts par an.
Afin de réduire les nouvelles infections et la mortalité liées à cette maladie, le ministère de la Santé et de la protection sociale s’est doté d’un Plan Stratégique National Intégré de lutte contre le sida, les infections sexuellement transmissibles et les hépatites virales 2024-2030 qui s’inscrit dans le cadre de la vision «Maroc sans hépatite C», dont l’objectif est de réduire la mortalité liée aux hépatites de 65% et les nouvelles infections de 60%.
Outre la réduction de nouvelles infections et la mortalité liée à l’HVC, le ministère de la santé ambitionne d’éliminer définitivement l’hépatite C (HVC) dans la perspective d’un Maroc sans hépatite C d’ici 2030, ce qui permettra de sauver plus de 4.000 vies humaines et d’éviter 2.300 cancers liés à cette pathologie.
Ce défi est à la portée du Maroc, notre pays dispose de tous les moyens pour réussir ce challenge, nous avons toutes les compétences humaines (médecins-infirmiers) des laboratoires performants, des vaccins, des médicaments, des infrastructures et le budget alloué au département de la santé connait une courbe exponentielle, et cela il faut adjoindre un secteur privé qui peut être complémentaire
Une chance unique s’offre à nous au Maroc pour procéder effectivement à l’élimination dans les années à venir (horizon 2030) de ces maladies infectieuses dangereuses.
Peut-on prévenir l’hépatite ?
Contrairement à l’hépatite B pour laquelle nous disposons d’un vaccin qui permet au l’organisme de produire des anticorps et donc de se défendre, il n’existe pas de vaccin pour prévenir l’hépatite C. De ce fait, toute personne à risque est concernée personnellement par des gestes qui préviennent la transmission du virus de l’hépatite C.
Il faut bannir les mauvaises habitudes qui consistent à partager vos affaires personnelles. Ne partagez pas vos objets de toilette pouvant être en contact avec le sang ou les objets coupants, tels les rasoirs, pinces à épiler, coupe-ongle, brosse à dents…
Placez les objets souillés par du sang (tampons, fil dentaire, aiguilles, pansements, etc.) dans un récipient protecteur.
En cas de coupure ou de plaie cutanée, nettoyez à l’eau et au savon, puis désinfectez. Evitez les tatouages et les piercings, ne confiez pas vos soins dentaires à des charlatans.
Et pour ceux qui sont addicts, ne pas partagez vos seringues et tout le matériel que vous utilisez pour l’usage de drogues : cuillers, coton, paille pour inhalation.
Ne pas hésiter devant un certains nombre de signes cliniques, de consulter votre médecin traitant et de faire des examens complémentaires qui seront prescrits par le médecin. Ce qui permettra de détecter la maladie à un stade très précoce et de traiter efficacement l’hépatite C jusqu’à complète guérison.
