Migration: les défis d’un pacte mondial…

Le Pacte mondial sur la migration a entamé sa dernière ligne droite cette semaine. Le dernier round des négociations entre gouvernements de différents pays, qui ont débuté en février dernier, s’est ouvert lundi dernier à New-York. A l’issue de cette étape ultime, un texte final doit être adopté ce vendredi. S’il est vrai que du chemin a été fait par rapport à ce Pacte qui devra être entériné à Marrakech les 10 et 11 décembre prochains lors du Sommet mondial de la migration, il n’en demeure pas moins que ce texte a du mal à faire consensus. En cause, le Pacte mondial pour les migrations sûres, qui promeut une gouvernance coordonnée des mouvements migratoires au niveau mondial, doit faire face aux intérêts et politiques des uns et des autres.

Après près de 6 mois d’intenses négociations entre gouvernements, ce dernier round est l’ultime occasion pour les différentes délégations de partager leurs commentaires et opinions et solliciter au besoin d’amples éclaircissements sur des questions encore floues. En effet, bien avant le début des négociations, un projet de texte sur le Pacte mondial avait été élaboré, intégrant 22 mesures essentielles, entre autres fournir des papiers d’identité aux migrants en situation irrégulière, fournir aux migrants un accès aux services sociaux, empêcher toute discrimination, collecter des données sur les migrants… Depuis février, ce texte a été constamment modifié à chaque round. Sauf qu’étant parvenus à la dernière étape, les négociateurs sont conscients qu’ils n’auront plus d’occasion pour discuter des clauses et conclusions dudit texte. Jusqu’à jeudi, le texte final qui devait être présenté mercredi, selon Brenden Varma, porte-parole du président de l’Assemblée générale de l’ONU, n’avait pas encore été rendu public.

En effet, ce dernier round se veut certainement le plus coriace de tous. Il se déroule au même moment où se tiennent d’intenses discussions entre les 28 pays de l’Union Européenne, qui peinent d’ailleurs à s’entendre et à mettre en place une politique unanime de gouvernance migratoire au sein de l’espace européen. Malgré quelques décisions prises, comme l’investissement extérieur, notamment en Afrique, pour endiguer le flux migratoire, certaines propositions ne font toujours pas l’unanimité, à l’instar de la construction de centres d’accueil de migrants dans certains pays d’Afrique du nord… En l’absence d’un consensus jusqu’à l’heure actuelle entre les différents gouvernements de l’UE, il s’avère difficile d’envisager une unanimité des pays européens autour d’un Pacte mondial qui favoriserait « des migrations sûres, ordonnées et régulières ».

Sur un autre registre, le Pacte de la migration est en négociation alors que les Etats-Unis sont au cœur d’une tragique affaire de séparation de 2300 enfants migrants de leurs parents. Ceci sachant que, le pays dirigé par Donald Trump s’est retiré du Pacte mondial pour la migration en décembre 2017, et pourtant c’est à New-York qu’en 2016, 193 pays se sont mis d’accord pour élaborer ce Pacte. Au moment où l’ONU privilégie une gouvernance de la migration basée sur la coopération entre les Etats, les USA choisissent de camper sur leurs politique et intérêts, de résoudre à leur manière la question migratoire, ne voulant recevoir de leçons de personne. Si le pays préfère sa politique intérieure, il faut toutefois avouer que celle-ci ne parvient elle-même pas à gérer la question migratoire. Pour preuve, malgré que la justice américaine ait ordonné l’administration de Trump de réunir les enfants migrants et leurs parents, la majorité des enfants n’a pas encore retrouvé ses parents, certains étant incarcérés ou déjà expulsés.

Si le Pacte mondial pour la migration vise à gérer les futurs mouvements différemment, plusieurs questions se posent sur la gestion des flux actuels de migrants un peu partout en Europe et en Amérique. Comment assurer à ces migrants à l’heure actuelle une vie digne et humaine ? Sans oublier que le rôle des Etats émetteurs de migrants se pose également avec acuité ? Quelles reformes doivent-ils engager pour maintenir leurs populations sur place et favoriser leur accès au développement ?

A noter que le Pacte mondial pour la migration a été décidé pour mettre fin aux politiques solitaires, aléatoires et essentiellement sécuritaires autour de la migration. A travers ce pacte, l’ONU veut convaincre les Etats membres que la migration ne devrait pas être perçue sous un prisme négatif, mais qu’elle «peut être une source de prospérité, d’innovation et de développement durable dans notre monde globalisé».

Danielle Engolo

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