Migration: Les points de discorde entre Rabat et Bruxelles

L’épineuse question de l’immigration refait de nouveau surface sur l’axe de coopération Maroc-Europe.

En effet, la récente opération de rapatriement vers le Maroc de 120 migrants africains, ayant transité par l’Espagne, a été l’élément d’actualité ayant remis sur le devant de la scène médiatique et politique cette problématique. Les Européens continuent d’exercer des pressions sur le royaume en vue de l’acculer à la défense afin de jouer le rôle de gendarme, de surveiller, de prendre en charge et d’accueillir sur son sol des candidats subsahariens à l’immigration.

Certes, le Maroc a mis en une place une politique migratoire à dimensions humanitaire et solidaire, qui a fait du royaume un exemple à suivre aux niveaux régional et continental en matière de gestion des flux migratoires. Cependant, les partenaires de l’autre rive n’accompagnent pas cette initiative et n’engagent pas leurs engagements dans le cadre du partenariat conclu entre les deux parties en vue de mieux gérer ce fichier complexe. La question a été débattue, jeudi à Rabat, lors de la dernière réunion hebdomadaire du conseil du gouvernement.

A ce propos, le Maroc a clairement signifié à ses partenaires européens son refus catégorique sur deux points. Le premier point sur lequel le gouvernement insiste porte sur le refus catégorique du Maroc d’accueillir sur son sol des centres de rétention de migrants. Le second, et non des moindres, est que «le Royaume du Maroc ne peut à lui seul jouer le rôle de gendarme de l’Europe». Rabat est intraitable sur ces questions. La balle est ainsi renvoyée dans le camp de Bruxelles qui devrait accompagner les sacrifices consentis par les autorités compétentes marocaines dans ce domaine.

D’ailleurs, le Maroc vient de le rappeler à ses partenaires, chiffres à l’appui. Durant les années 2014 et 2017, deux opérations de régularisation de la situation juridique et administrative des immigrés en situation irrégulière ont été réalisées. Ces deux initiatives ont abouti à la régularisation de la situation juridique d’environ 50.000 migrants, dont 90% sont des Subsahariens. De même, le Maroc a aussi œuvré, en parfaite coordination avec les représentations diplomatiques des pays concernées et les organisations internationales en charge de la migration, à assurer le retour volontaire des migrants à leurs pays d’origine dans des conditions respectant leur dignité et leurs droits.

Ainsi, 22.000 immigrés ont bénéficié de cette opération depuis 2014, dont 1400 au titre de l’année 2018, a fait savoir, jeudi, le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement et la société civile, porte-parole du gouvernement. En dépit de cette ouverture et de l’approche humanitaire adoptée par le Maroc en matière d’immigration, certaines catégories de migrants illégaux n’ont pas adhéré aux initiatives proposées dans le cadre de la stratégie nationale de l’immigration et rêvent toujours de franchir les frontières par tous les moyens pour passer vers les pays européens.

C’est dire que Rabat est on ne peut plus opérationnelle sur cet axe. Reste donc à l’autre rive de manifester sa bonne volonté et de la concrétiser en vue de mieux gérer cette affaire humaine.

B. Amenzou

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