Monjia Chakroun, une brodeuse de rêves, de lumières et de couleurs…

Palettes de Salé

Mohamed Nait Youssef

«La vie n’a qu’un sens: une ligne qui va de la naissance à la mort. Le reste n’est que broderie.», écrivait la poétesse et romancière québécoise, Andrée Maillet.

Que vaut alors une peinture sans poésie ? Que vaut une vie sans lumières, sans couleurs et sans rêves brodés ou poétisés ? Absolument rien. Monjia Chakroun est une artiste peintre douée, généreuse dont les œuvres donnent à voir un univers artistique jubilatoire, poétique et onirique. Sa touche à la fois  lucide, perfectionniste, s’incère, pure et sa maîtrise picturale font la singularité de son travail. 

«Depuis ma tendre enfance, j’étais fascinée par les couleurs et l’univers éclatant et lumineux des brodeuses. J’étais éblouie par le monde de ces femmes artistes aux mains majestueuses qui tissent des symphonies harmonieuses par la couleur, les formes et les lignes.», nous confie l’artiste peintre.

La couleur est le maître mot de la toile. Elle extériorise ce qui demeure caché dans la mémoire de l’artiste. «Cet univers coloré meublait et habitait ma mémoire. Dans les anciennes médinas, il y a des couleurs partout, des lumières, des motifs et des objets purement marocains, traditionnels et originels qui ont marqué mon imaginaire.», a-t-elle ajouté. Une œuvre est une incarnation d’un vécu, d’un souvenir enfantin lointain, d’une vie à venir… En effet, l’artiste a fait de la peinture un lieu de révélation par excellence. «Au lycée, pendant les cours de peinture, je peignais des objets différents à ceux qu’on me demandait avec une touche abstraite. C’est ainsi que j’ai intégré le monde de la couleur.», a-t-elle révélé.

Les voyages forment l’être humain. Ipso facto, chaque déplacement et rencontre de l’Autre dans sa diversité et son pluralisme sont une expérience humaine et artistique enrichissante. 

«Mon voyage en Syrie, en compagnie de mon époux, a beaucoup influencé mon parcours et ma démarche artistiques. En 2000, j’ai pris part à des ateliers de peinture encadrés par le grand peintre Adnane Abderrahmane. À l’époque, on organisait des expositions dont les revenus sont reversés aux associations caritatives.», nous explique l’artiste.

Par ailleurs, c’est à l’institut culturel russe que Monjia Chakroun a organisé sa première exposition individuelle. Ce fut en effet une occasion idoine pour révéler son art au grand public et aux amoureux des arts plastiques.  Et puis, l’aventure continue…

Au Koweït, l’artiste peintre avait intégré un groupe de femmes peintres, où elle avait participé à des expositions collectives dont les recettes ont été versées au profit des actions humanitaires. D’où l’essence de l’art et son utilité !

«J’ai organisé une exposition collective à la galerie ‘’Ghadir’’ de la peintre Koweïtienne Touria Al Bakcami.», poursuit-elle.

 Une vie rythmée, et surtout colorée.  Monjia Chakroun s’exprime par le biais de la peinture, de la matière et surtout de la couleur. «Je m’évade et je voyage dans le monde de la peinture, des couleurs, des formes, des reliefs.», a-t-elle rappelé.

 Le pinceau en main, l’artiste entame sa toile dans la discrétion la plus totale et aboule. D’ailleurs, c’est dans cette blancheur infinie et captivante qu’elle laisse filer ses réminiscences et libère ses inspirations.

«J’use la technique mixte en se basant sur la composition. À vrai dire, c’est un travail de matière: la poudre de marbre, la sciure de bois que j’utilise dans mes œuvres. Or, les couleurs et les lignes dominent mes toiles… et surtout me guident dans mon aventure picturale.», a-t-elle affirmé.

Telle une brodeuse de lumières et de couleurs, Monjia Chakroun a ce souci de la finesse, de la perfection où les reliefs dégagent une poésie et une sensibilité sans limites.

De la toile en passant par le papier, l’artiste explore les différents supports et univers plastiques porteurs de sens. On ne sort pas indemne d’une œuvre!

Au bord de l’océan Atlantique, sur la rive droite de l’embouchure du Bouregreg, la ville de Salé a été depuis toujours une source d’inspiration inépuisable pour les artistes, toutes disciplines et écoles confondues. Monjia Chakroun en fait partie.

«La ville de Salé, son histoire, ses remparts, ses ruelles, ses couleurs, des lumières, ses odeurs, sa procession des Cierges, ses rites m’inspirent et influencent mon travail pictural et plastique.», conclut-elle.  

La peinture de Monjia Chakroun est une ode à la vie, à la beauté et surtout à l’humain qui est au cœur de son œuvre.

Repères :

Artiste peintre autodidacte, Monjia Chakroun est née à Salé. Après des études supérieures à la faculté des sciences de l’éducation de Rabat, elle se consacre à sa passion: la peinture.

En 2000, elle s’est jointe au groupe d’art pictural dirigé par l’artiste peintre Syrien Adnane Abd-Arahmane et tout en fréquentant son atelier, elle a participé, jusqu’ en 2002, à plusieurs expositions collectives à Damas.

Elle prend part de 2007 à 2009 à plusieurs expositions collectives au Koweït.

En 2009, elle participe à une exposition collective à la galerie Ghadir au Koweït.

De retour au Maroc, elle présente sa première exposition individuelle en juillet 2017 à la galerie Nadira sous le thème « Harmonie ».

En décembre 2017, elle a organisé une exposition individuelle à la galerie du Théâtre National Mohammed V sous le thème « lumières et inspiration ».

En mars 2018, elle a participé à une  exposition collective à la galerie Bab Fès à Salé.

En avril 2018, elle a organisé une exposition individuelle à la galerie Mine d’art à Casablanca sous le thème « Variations Oniriques ».

En août 2022, elle a pris part à une exposition collective à la galerie Bab El Kebir des Oudayas à Rabat.

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