Mustapha El Aakri, la voix suave d’El Hajeb

Mustapha El AAakri est une figure de proue de la musique marocaine qui a vu le jour dans la ville d’El Hajeb en 1965. Depuis sa tendre enfance, El Aakri s’est mis à jouer sur l’instrument du violon. Il a avait le rythme dans la peau, et il ne cessait à chaque fois de partager avec ses amis les chansons des pionniers de la musique amazighe. Son engouement et son amour inconditionnels à l’art musical amazigh lui ont permis d’aller jusqu’au bout de ses rêves et concrétiser sa plus grande aspiration à savoir : devenir artiste connu.

«C’est à l’âge de 13 ans que l’artiste avait commencé à jouer et faire partager sa musique avec les gens. En 1976 Mustapha El Aakri se mettait à jouer l’instrument de Loutar en imitant l’artiste Hammou Oulyazid, Mohamed Maghni, Mohamed Rouicha etc.», écrivait le chercheur amazigh Abdelmalek Hamzaoui dans son livre «Les trésors de l’atlas».

Gaucher qu’il est, El Aakri métrisait trois instruments musicaux à cordes, à savoir : le violon, Loutar et l’Oud qu’il est.

Toutefois, et comme il était difficile de vivre de son art à l’époque, le chanteur travaillait dans une pharmacie dans la ville d’El Hajeb pour gagner sa vie d’une part et garder un lien étroit avec la musique et l’art qui font sa passion. Quelques années plus tard, il quittait son travail à la pharmacie pour se concentrer sur sa carrière artistique et sa passion.

Toutefois, comme chaque artiste en herbe, notamment dans ses débuts, Mustapha El Aakri marchait sur les traces des grands ténors de la musique amazighe dont nous citons, et la liste est non exhaustive: Hammou Oulyazid, Belghazi Bennacer, Moha Ou Baba, Mohamed Meghni, Rouicha et tant d’autres qui ont marqué le paysage artistique national par leurs œuvres musicales  stupéfiantes et immortelles. Mustapha El Aakri avait apparemment une oreille sensible et musicale !

Du coup, il n’écoutait pas uniquement les chanteurs locaux, mais, en revanche, il s’est ouvert notamment sur la musique orientale en dégustant les titres succulents des répertoires des idoles de la musique orientale dont la diva Oum Kaltoum, Farid al-Atrash etc. en les revisitant sur les instruments de Loutar et l’Oud.

Selon le chercheur Abdelmalek, Mustapha El Aakri n’était jamais poète ou parolier, mais plutôt compositeur et chanteur. «Le chanteur avait travaillé avec plusieurs poètes et paroliers dont Laakaoui, Mimoun Ourahou, Oubha Najim», a-t-il écrit. … Pudique et sociable, le chanteur compte à son actif plus de 70 albums.

En outre, durant sa carrière musicale, l’artiste a chanté pour la vie et l’amour en faisant référence au quotidien des petites gens. Mort si jeune (35 ans), Mustapha El Aakri, qui appartient à la troisième génération des artistes de la chanson amazighe, a collaboré avec les artistes et les chanteurs les plus célèbres de la région, dont et pour ne citer que ceux-là : Oumguil Mustapha, Chaaoui Lahcen, Chrifa, Fadma Oulthdidou, Fadma El Hajeb….

Le chanteur excelle dans la poésie et en fait beaucoup usage dans ses chants. Sa maitrise parfaite de l’Outar et sa voix suave et douce, donnent des ailes aux paroles puisées de la vie, de la nature et de l’essence de l’être humain. En effet, son répertoire est riche, ses titres sont nombreux et connus. A titre d’exemple, nous citons : «Achtasikh Awna Rikh», «Orghuri Sa3d», «Tsma7t Digi» et «Zaydi Ayoulino».

Mohamed Nait Youssef

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