Nabyl Lahlou dénonce la médiocrité et l’absurdité du monde

Dans «Macha Machmacha-le Procès de Socrate»

Mohamed Nait Youssef

«Ce qui fait l’homme, c’est sa grande faculté d’adaptation.», disait Socrate.

Nabyl Lahlou poursuit sa grande aventure théâtrale et artistique. En effet, son amour pour les planches et le père des arts n’a pas pris une seule ride. Au contraire, il continue sans cesse de nous surprendre par ses choix esthétiques et son génie créatif. Au théâtre Mohammed V de Rabat, le dramaturge, metteur en scène et comédien a signé, samedi et dimanche derniers, deux représentations de sa pièce de théâtre jouée en arabe, «Macha Machmacha-le Procès de Socrate», une œuvre qui a été déjà produite et mise en scène en 1996  avec le soutien de l’Institut français de Casablanca.

Il est 20h. Ponctuel !!! À la grande porte du théâtre, Nabyl Lahlou accueille chaleureusement ses invités avec son sourire habituel. Après son mot de bienvenue, le dramaturge a précisé ceci : « cette première représentation est un exercice.» en dévoilant au public de nouveaux talents aux côtés des deux vétérans Sophia Hadi et Rachid Fekkak, à savoir Othmane Jennane, Boutayna Mjahed, Mohamed Laghmam, Nasr Megri, Yousra Kadiri, Sanae Najib, Hiba Lahrech, Salsabil Abaida.

Loin de la médiocrité, près de la sagesse, Nabyl Lahlou s’interroge, critique en posant à la fois des questions simples, profondes et embarrassantes. Ce fut en effet l’origine de la philosophie, du logos : le questionnement !

 Dans «Macha Machmacha-le Procès de Socrate», le metteur en scène s’adresse à son public averti et intelligent en détruisant les idées figées et surtout la doxa. Dans ce spectacle, Nabyl Lahlou a recouru à la maïeutique socratique, «l’art d’accoucher les esprits», pour dénoncer la bêtise humaine, la médiocrité, le non-sens et  l’état absurde d’un monde ayant perdu ses repères. 

Dans l’art comme dans la vie, la pièce dénonce le populisme, la platitude et la logique de la logique de la modernité liquide. Comment agir ? Comment se défendre ? La vertu et la sagesse ont-elles toujours une place dans une ère vénérant le paraître et l’avoir ?

Tel le plaidoyer que raconte Platon dans son Apologie de Socrate, Nabyl Lahlou a défendu les valeurs sûres ; celles de la liberté, de l’engagement, la parole libre, de la créativité et de l’ouverture. Or, mieux vaut-il ‘’subir l’injustice que de la commettre’’ ? Socrate a subi cette injustice, ce silence déraisonnable du monde. Certes, sa mort est symbolique, mais elle nous invite à réfléchir, à repenser l’homme et le monde. Telle en effet  l’une des tâches majeures du théâtre et de l’art : nuire à la bêtise.  

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