Nasser Amjad, le poète aux semelles de vent n’est plus

Une autre feuille du florilège de la poésie arabe et universelle vient de tomber. Nasser Amjad, poète jordanien, a rendu l’âme mercredi soir après un long combat contre la maladie. Il avait 64 ans. Né en 1955 à Al-Turra en Jordanie, Nasser était un militant de la première heure de la cause palestinienne. Poète de la prose par excellence, le défunt a publié ses premiers poèmes et textes à l’âge de vingt ans. En effet, ses écrits de jeunesse portaient ce souffle de révolte, de quête de libération et de soi.

C’est à partir de 1976 que le poète s’est aventuré dans l’écriture sous toutes ses formes alors qu’il exerçait en parallèle le métier de journaliste pour la presse écrite et la télévision jordaniennes. Un an plus tard, il publie déjà sa première publication à Beyrouth où il collaborait entre temps dans les pages culturelles de l’hebdomadaires Al Hadaf. En outre, et sous les cieux de Londres, il avait brillé de mille feux dans le journal al-Quds al-Arabi dont il était l’un des fondateurs, et ce à partir de 1987.

Une voix poétique originelle, ce poète aux semelles de vent compte à son actif de nombreuses publications, articles de presse et recueils de poésies entre autres «Clay Tablets», «Approaching Marcus», «attente», «Ascension de l’amant».  «La poésie de Amjad Nasser est un processus de dévoilement des nuances entre les choses qu’on croit semblables ou identiques, et des ressemblances entre celles qu’on croit différentes.

Le mot dans cette poésie, loin d’être flottant dans le chaos et de la sensiblerie ou prisonnier d’un dogmatisme d’enseignement n’est pas seulement un foyer de sons et d’images, mais il est aussi un foyer de sens- Un foyer à la fois vertical et ouvert», écrivait le poète Adonis sur la poésie de Amjad Nasser à l’occasion de la sortie de son recueil de poésies «Ascension de l’amant»  traduit de l’arabe par Adnan Mohsen, et paru chez l’Harmattan. «Nous sommes devant un langage poétique hérétique et fidèle : fidèle à l’essence poétique et hérétique dans sa transgression des règles et des habitudes. De la poussière commune, le poète extrait son or poétique», a-t-il ajouté.

La poésie l’habite, la prose aussi. Amjad était connu par son style poétique singulier en excellant dans la prose et en rénovant le corps de la langue. Ses travaux qui ont été traduits en plusieurs langues en témoignent. En outre, ses voyages et déplacements ainsi que son vécu ont enrichi son expérience en écriture poétique et romanesque.

Infatigable. Prolifique. Cette voix poétique a été récompensée plusieurs fois. Le regretté avait décroché les prix ‘’Mahmoud Darwich’’, ‘’Mohammed Al-Maghout’’ ainsi que d’autres prix, hommages et récompenses en signe de reconnaissance  à son apport dans les domaines de la littérature et de la presse. Les poètes ne meurent pas, ils voyagent en laissant trace à leurs souvenirs.

Mohamed Nait Youssef

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