Nassim Haddad, l’artiste intellectuel qui milite pour l’internationalisation de l’Aita

Par Fouad Benjlika

Détenteur d’une connaissance académique solide et profonde notamment, sur le patrimoine musical marocain, Nassim Haddad est l’exemple éloquent d’un artiste «intellectuel» pleinement engagé en faveur d’une internationalisation de l’art ancestral de l’Aita,

Cette ambition longtemps exprimée par ce docteur en «Physique nucléaire», l’a toujours incitée à «mettre les petits plats dans les grands» et à ne jamais lésiner sur les moyens notamment, lorsqu’il s’agit de militer en faveur de la valorisation de cet art et surtout, son rapprochement des jeunes, dans l’optique que la relève soit amplement assurée.

Faisant partie, désormais, des grands «influenceurs» de la nouvelle vague de cet art ancestral, Nassim Haddad croit dur comme ferme que «l’Aita en particulier, et la chanson arabe en général, donne la priorité aux paroles plus qu’à la musique, alors que pour qu’un style musical aspire à s’exporter à l’international, il doit miser sur les rythmes, sachant que la musique demeure la langue la plus universelle, tout en reléguant les paroles au second plan».

«Pour lancer l’art de l’Aita à l’international, il faut que nous, Marocains, nous réconcilions avec notre patrimoine et que nous en soyons si fiers», ne cesse de le répéter Nassim Haddad comme c’était le cas lors de sa dernière participation à un Master-Class organisé dans le cadre du 19è Festival national de l’Aita (22 septembre-02 octobre), une édition «virtuelle» cette année en raison de la propagation de la pandémie du coronavirus.

Pour s’internationaliser, a-t-il enchaîné, l’Aita doit mouvoir du populaire vers la forme traditionnelle, tout en veillant à former des stars de qualité, à valoriser ceux et celles qui existent déjà et qui, pourraient, à un moment donné, souffrir de marginalisation ou faire l’objet de clichés stéréotypés, insistant sur la nécessité d’oeuvrer en vue de préparer la relève en intégrant l’Aita dans les programmes des Instituts et Conservatoires musicaux.

A la fois chercheur et pratiquant de l’Aita, Nassim Haddad, qui a réussi, en quelques années, à se faire une place de choix sur la liste prestigieuse des artistes confirmés de l’Aita au niveau national, n’hésite guère à reconnaitre que «les pionniers de ce style musical se sont uniquement contentés du legs laissé par leurs prédécesseurs sans jamais penser à innover».

Cette attitude, a-t-il estimé, a énormément porté atteinte à la diffusion de l’Aita car, «les pionniers n’ont pas su rendre ce style musical vivant, à travers l’adaptation et l’accompagnement des mutations sociales et les transformations des goûts artistiques opérées ces dernières années».

Ayant le mérite d’être surnommé sur la scène artistique «le chevalier de l’Aîta», Nassim Haddad, a plaidé en faveur de la formation d’artistes à même de servir de «modèles» pour des jeunes «aptes» à promouvoir ce style artistique et surtout, à le faire sortir de «la marginalisation» dont, il a longtemps souffert.

«Les pratiquants de l’art de l’Aita n’ont pas pu côtoyer les jeunes d’aujourd’hui pour comprendre leur mentalité et les influences artistiques qui orientent leurs choix et préférences», a-t-il dit, rappelant que ces influences artistiques demeurent en constante mutation.

Dans la foulée, il a relevé qu’il appartient, désormais, aux artistes de changer d’attitude, et de fournir davantage d’efforts en vue de rapprocher les jeunes et ce, en procédant à une parfaite adaptation des techniques musicales, avec les goûts artistiques des générations montantes.

A 33 ans, ce jeune artiste qui affirme avoir pleins de projets artistiques, pense que la première étape vers la valorisation de l’Aita commence par la partition, la transcription et la documentation de ce patrimoin;e à travers des études et recherches académiques très poussées.

Devenu «une référence» dans ce style musical, Nassim Haddad se réjouit que les premières prémices d’une reconnaissance nationale de ce genre aient débuté avec son intégration dans les génériques des Sitcoms au Maroc.

Dans le même sillage, il a estimé que l’Aita considérée comme la quintessence de la culture marocaine et l’expression artistique la plus proche des Marocains, est sur la bonne voie pour une reconnaissance nationale décrochée, grâce notamment aux médias, qui ont joué un grand rôle pour faire sortir ce style musical du marasme.

Abordant son parcours artistique, il a reconnu avoir préféré commencer, dans un premier temps, par les études et les recherches sur cet art, considérant tout à fait naturel qu’un jeune marocain s’intéresse à son patrimoine qui fait partie intégrante de son identité culturelle.

Tout en se montrant très compréhensif envers les jeunes qui sont attirés par la nouvelle vague et les musiques rythmées du monde, il a souligné que sa popularité grandissante il l’a doit aux médias à travers entre autres, un documentaire de Rabii El Jaouhari (diffusé sur Al Jazeera documentaire).

«Le tournage de ce documentaire m’a permis de faire une découverte et une connaissance approfondie de ce patrimoine à travers les déplacements et les rencontres avec des pionniers dans les quatre coins du Royaume», se rappelle-t-il avec tant d’émotion.

Pour Nassim Haddad, «l’art demeure une expérience magnifique», notant qu’il n’existe guère de contraste entre le parcours d’études et la passion pour l’art. «Au contraire j’encourage les enfants et les jeunes à poursuivre leurs études, tout en exerçant leurs passions artistiques préférées», a-t-il préconisé.

Et de conclure que l’art est «un excellent outil» pour gérer le stress de la vie et créer un équilibre concernant la personnalité des jeunes.

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