Ouverture à Bamako des travaux du 27e sommet Afrique-France…

Ces vendredi et samedi 13 et 14 janvier 2017, Bamako abrite le 27ème sommet Afrique-France qui est, en même temps, le dernier rendez-vous africain de François Hollande et auquel ont été conviés une quarantaine de chefs d’état et de gouvernement et près de 3000 délégués.

A cette occasion et compte-tenu de l’importance que revêt le côté sécuritaire, un important dispositif a été déployé dans la capitale malienne puisque ce sont pas moins de 10.000 policiers et gendarmes qui ont été dispersés le long des routes pour garantir la sécurité des participants «avant, pendant et après les deux jours du sommet». Ainsi, dans un Centre de vidéo-surveillance flambant neuf aménagé pour l’occasion, dix policiers ont les yeux fixés en permanence sur de grands écrans de contrôle. «Il y a une personne tous les 30 mètres. Le jalonnement est très serré. Ce parcours aéroport-hébergement (une dizaine de kilomètres environ) c’est le premier test sécuritaire» déclare un commissaire en poste dans la capitale malienne.

Mais ce «déploiement hors-normes» n’est pas du goût d’une population qui, contrairement au gouvernement qui se targue des retombées économiques bienfaitrices que ce sommet aura sur le pays, estime qu’elle ne va pas en profiter. Il en va ainsi des chauffeurs de taxis car plusieurs artères seront interdites à la circulation et des commerçants obligés de baisser leurs rideaux le temps du sommet. Mais les grands perdants de cette rencontre demeurent, toutefois, ceux que l’on taxe de «déguerpis», c’est-à-dire ces commerçants qui en faisant les frais, au début du mois de Septembre dernier, de la vaste opération de nettoyage de la ville entreprise, en prélude à la tenue de cette importante réunion, sur l’ordre d’Amy Kane, la Gouverneure de Bamako, ont vu leurs boutiques rasées « presque sans avertissement » dira l’un d’entre eux. Reconnaissant, toutefois, que la ville est plus propre, ces évacués sans ménagement regrettent, tout de même, de n’avoir été prévenus que 48 heures auparavant. «Deux jours … puis les bulldozers sont venus avec les gendarmes et les gaz lacrymogènes. Ils ont tout détruit».

Il convient de rappeler, à l’occasion de la tenue de ce 27ème sommet franco-africain, que c’est à partir du Mali que, juste après sa prise de fonction, François Hollande avait lancé sa fameuse Opération Serval contre les groupes jihadistes quand AQMI occupait toute la partie septentrionale du pays. Paris déploiera, par la suite, près de 3000 hommes le long de la bande sahélo-saharienne pour poursuivre son combat autour du Lac Tchad contre Boko Haram, en Libye, en Irak et en Syrie et les troupes de l’Hexagone débarqueront, en Décembre 2013, en République Centrafricaine pour contrecarrer la guerre civile qui avait débuté entre la majorité chrétienne et animiste et la minorité musulmane, entre les fameux rebelles Séléka et les non moins fameuses milices anti-Balaka.

Mais si la France avait quelque peu contribué à «calmer le jeu», l’opération «Sangaris» menée en République Centrafricaine n’était tout de même pas parvenue à régler un problème susceptible de ressurgir à tout instant.

Ainsi, que ce soit au Mali ou en République Centrafricaine, la méthode française qui consiste à mener des frappes avant de laisser la place à des forces internationales de l’O.N.U. ou de l’Union Africaine à charge pour ces dernières de veiller à la tenue d’élections pour légitimer le pouvoir par les urnes, a montré ses limites et, in fine, la France, puissance moyenne, n’a donc pas été en mesure de ramener la stabilité dans ces pays ; ce qui a fait dire à un haut fonctionnaire du Ministère français de la Défense : «Au Mali, nous avons su gagner la guerre mais pas la paix» et ce, alors même que François Hollande escomptait faire de ce pays « une vitrine pour le bilan de sa politique africaine» et que le Mali voudrait, de son coté, devenir «un allié phare» pour l’Europe.

Ainsi, François Hollande qui, pendant sa campagne électorale, assurait qu’il allait rompre avec «la Françafrique» et instaurer des relations fondées sur « l’égalité, la confiance et la sécurité» ne semble pas avoir respecté ses engagements électoraux dès lors qu’il aurait, d’une part, mené une politique africaine «axée principalement sur des considérations sécuritaires» dans ce pré-carré français constitué par les anciennes colonies de l’Hexagone et que, d’autre part, il aurait veillé à maintenir de «bonnes relations » avec ses anciens amis de l’Internationale Socialiste que sont le Guinéen Alpha Condé, le Malien Ibrahim Boubakar Keita ou encore le Nigérien Mamadou Issoufou et même – ce qui est peu flatteur, du reste – fermé les yeux sur les élections contestées d’Ismaël Omar Guelleh à Djibouti, de Denis SassouNguesso au Congo et d’Idriss Déby au Tchad.

Autant de raisons qui permettent de dire, pour terminer, que Françafrique et Afrique-France c’est blanc bonnet et bonnet blanc…

Nabil Bousaadi

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