Ouverture de la 2e Université d’été de la confédération

Mezouar: «La CGEM doit dépasser son rôle traditionnel de «syndicat» des patrons»

La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) doit dépasser son rôle traditionnel de « syndicat » des patrons, pour constituer une force de proposition plus large pour le développement global du Maroc, a souligné vendredi à Casablanca le président du patronat, Salaheddine Mezouar.

S’exprimant à l’ouverture de la 2ème Université d’été de la confédération tenue sous le thème « Le rôle de l’entrepreneuriat dans le modèle de développement du Maroc », Mezouar a noté que SM le Roi Mohammed VI a lancé un appel à un débat sur notre modèle de développement, et au-delà sur notre choix de société, ajoutant que « l’Etat ne peut plus à lui seul garantir le développement de chacun, l’Entreprise doit prendre le relais, en toute responsabilité ». « Durant l’année qui vient de s’écouler, la CGEM a démontré sa capacité à être un interlocuteur constructif, à la fois grâce à l’esprit d’innovation et d’ouverture que nous avons apporté dans nos contributions, et grâce au modèle d’interactions avec nos partenaires publics, financiers et sociaux », a-t-il indiqué, lors de cette rencontre placée sous le Haut patronage de SM le Roi.

Et de rappeler que la confédération a tenu à focaliser son effort sur « ce qui fait mal, très mal aux entreprises, comme les arriérés et délais de paiement, le financement, et bien d’autres sujets », ajoutant que « nous avons contribué de façon extensive aux réformes structurelles qui donnent de la visibilité aux entrepreneurs comme la fiscalité, la formation, ou la charte d’investissement ». Malgré tout cela, poursuit M. Mezouar, force est de constater que la situation demeure difficile pour nos entreprises, difficile pour nos concitoyens, sur fond de croissance atone, et d’accès à l’emploi faible, faisant observer que les inégalités sont devenues insupportables, les systèmes de redistribution grippés et le fardeau trop lourd pour les classes moyennes. « Malheureusement, le moteur de l’entreprenariat marocain est en panne », a-t-il dit, ajoutant que seulement 25% des investissements dans le pays proviennent du secteur privé, et nous sommes en train de rater le coche de la nouvelle économie et des start-ups.

Le patron des patrons a également épinglé le système éducatif, « de la grande masse », le qualifiant de « défaillant » et qui serait, selon lui, une cause de « la faiblesse de la culture entrepreneuriale et de prise de risque ». « Et au delà de la capacité des pouvoirs publics à agir vite sur les engagements dont les effets sont encore et toujours attendus, c’est d’un sursaut collectif et d’une réponse systémique que nous avons besoin », a-t-il estimé.

Mezouar a par ailleurs fait part de sa conviction que « nous sommes capables de plus de croissance : Par la consistance des politiques sectorielles, par une mise à jour de nos facteurs de compétitivité, par l’amélioration réelle de l’environnement des affaires, par le soutien à l’entrepreneuriat et une meilleure exploitation des accords de libre échange ».

De son côté, le ministre de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie numérique, Moulay Hafid Elalamy a mis l’accent sur l’état d’avancement de la nouvelle charte de l’investissement, en cours de finalisation, et qui entend fournir un élan d’investissement additionnel aux opérateurs, notant qu’il s’agit d’un chantier qui fait l’objet d’une collaboration extensive avec le ministère de l’Economie et de Finances et le ministère de l’Intérieur. Il a souligné par la même certaines mesures phares de la charte destinées à promouvoir l’entreprenariat, notamment l’instauration d’un congé sans solde pour les salariés souhaitant se lancer dans une expérience entrepreneuriale avec la mise en place d’une bourse de vie accompagnée par l’État.

Il s’agit aussi d’un soutien spécifique aux structures d’accompagnement pour les incubateurs, des labels d’accélération pour les entreprises et un accompagnement des startups innovantes pour une meilleure intégration dans l’économie de l’avenir, a-t-il ajouté. Il a également évoqué un soutien « très particulier » aux PME à haut potentiel et à leurs démarches d’internationalisation vu leur compétitivité et leurs produits de qualité, notant que les recrutements doivent bénéficier à des compétences capables de mener des missions à l’étranger pour faciliter la promotion des marques.

L’encouragement des actions groupées à l’international expérimenté avec succès dans des secteurs tels que l’automobile est prévu également par la charte, a fait savoir le ministre, appelant à l’extension de l’exonération des droits d’enregistrement aux terrains destinés à la construction des projets d’investissement. Au niveau des régions, il a fait observer que les entreprises désirant s’implanter dans les territoires défavorisés vont bénéficier d’un accompagnement pour résoudre les déséquilibres résultantes de la concentration des investissements dans certains axes. M. Elalamy a par ailleurs réitéré la détermination des pouvoirs publics à continuer à protéger les entreprises marocaines contre toute pratique de dumping, conformément aux règles de l’Organisation mondiale du Commerce.

La 2ème Université d’été de la CGEM est marquée par la participation de plusieurs personnalités politiques et économiques nationales et internationales et plus de 2000 entrepreneurs, universitaires et étudiants. Selon les organisateurs, cette édition 2019 se tient dans un contexte particulier, « un monde en mutation structurelle accélérée, une dynamique continentale, un essoufflement du modèle marocain de croissance, une CGEM qui se restructure, et une rentrée 2019 marquée par une réflexion nationale sur le nouveau modèle de développement ».

Ce rendez-vous constitue un moment fort permettant de dresser un bilan sans complaisance des forces et faiblesses de l’économie marocaine, basée essentiellement sur une demande interne et un investissement public élevés, n’ayant pas permis, depuis plus d’une décennie, de booster une croissance qui enregistre des taux très faibles avoisinant les 3%, créant ainsi de réelles inégalités, avec des incidences sociales profondes.

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