Pékin et Téhéran veulent renforcer l’axe antioccidental

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Le président iranien Ebrahim Raissi, est arrivé, tôt ce mardi matin, à Pékin, accompagné de ses ministres des Affaires étrangères, de l’Economie et des Finances et du Pétrole pour une visite de trois jours à l’invitation de son homologue chinois Xi Jinping. Cette visite qui intervient dans un contexte de grandes tensions avec l’Occident, qui accuse la République islamique iranienne de soutenir la Russie dans son invasion de l’Ukraine en lui fournissant des drones armés, et au moment où le régime de Téhéran fait face à l’important mouvement de contestation qui a fait suite à la mort, le 16 septembre dernier, de la jeune Mahsa Amini, après son arrestation par la police des mœurs pour infraction au strict code vestimentaire imposé par la révolution islamique, a pour objet le renforcement de la coopération entre les deux pays. Elle succède à la rencontre qu’avaient eu les deux chefs d’Etat en septembre dernier, à Samarcande, en Ouzbékistan, lors du sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), au cours de laquelle le président iranien avait appelé au renforcement des relations économiques sino-iraniennes dans les domaines du « pétrole et de l’énergie » notamment.

Après avoir loué, en marge de cette rencontre, la « solidarité » entre la Chine et l’Iran, le président chinois a déclaré, sur les ondes de la télévision chinoise CCTV, que « face à la situation complexe entraînée par les évolutions du monde, de l’époque et de l’Histoire, la Chine et l’Iran se soutiennent mutuellement et affichent leur solidarité et leur coopération ».

Tout en saluant « les initiatives prises par la Chine pour promouvoir la paix, la sécurité et le développement dans le monde », le président Ebrahim Raïssi a attaqué ouvertement les Etats-Unis, dans un article paru lundi dans le « Quotidien du peuple », en affirmant « l’unilatéralisme et les mesures violentes, telles que l’imposition de sanctions injustes, sont la principale source de crises et d’insécurité dans le monde ».

Pour rappel, en sa qualité de premier partenaire commercial de l’Iran, Pékin était l’un de ses plus gros acheteurs de pétrole avant qu’en faisant sortir les Etats-Unis de l’Accord de Vienne encadrant le nucléaire iranien, le président Trump ne réimpose, de manière unilatérale, ses sanctions à Téhéran.

Force est de reconnaître, tout de même, qu’en dépit de ces « interdictions », les exportations iraniennes vers la Chine ont atteint 12,6 milliards de dollars et les importations en provenance de l’empire du milieu ont été de 12,7 milliards durant les dix premiers mois de l’année iranienne qui a débuté en mars 2022.

Et si, par ailleurs, lors de son déplacement, en Iran, en 2016, le président Xi Jinping avait décrit la république islamique comme étant « le principal partenaire de la Chine au Moyen-Orient », il y a lieu de signaler, en outre, que, pour contourner les lourdes sanctions américaines qui asphyxiaient l’économie de la République islamique et, du même coup, faire un pied-de-nez aux Etats-Unis, les deux pays avaient signé, en 2021, un vaste accord stratégique de coopération s’étalant sur 25 ans, dont les détails n’ont jamais été rendus publics, mais qui, aux dires du quotidien chinois « Global Times », reste encore à concrétiser dans la mesure où « les progrès (y afférents) ont été retardés par la pandémie de Covid-19 et par des changements dans le contexte environnant ».

A noter, également, que le porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, a déclaré, ce lundi, devant un parterre de journalistes, que Pékin, qui est un membre-clé du dialogue multilatéral visant à réactiver l’Accord de Vienne encadrant le nucléaire iranien entend « jouer un rôle constructif dans le renforcement de l’unité et de la coopération avec des pays du Moyen-Orient et la promotion de la sécurité et de la stabilité dans la région » avec, bien entendu, en ligne de mire, la levée des sanctions qui pèsent encore sur l’Iran.

Pékin et Téhéran auront-ils le dernier mot dans cet énième bras-de-fer qui les oppose à Washington ?…Attendons pour voir…

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