Péninsule Coréenne : Une «guerre des boutons» pour éloigner toute idée de réunification

Séoul et Pyongyang vont-elle suivre le même chemin que celui qu’avaient emprunté Bonn et Berlin-Est et qui avait permis la réunification des deux Allemagnes après l’effondrement, le 9 Novembre 1989, du fameux mur de sinistre mémoire qui, depuis son édification en Août 1961, n’avait contribué qu’à exacerber les tensions et diviser un même peuple? C’est, en tous cas, ce que -nonobstant  le bellicisme outrancier du Président Trump- il est permis d’espérer au seuil de cette nouvelle année alors que les deux capitales, situées de part et d’autre du 38ème parallèle, multiplient déclarations et gestes d’ouverture.

Le téléphone rouge instauré en 1972 dans le village frontalier de Panmunjom qui sert de baromètre des tensions entre les deux frères ennemis mais qui est coupé depuis Février 2016 s’est même remis à crépiter ce mercredi 3 Janvier leur permettant ainsi de se parler pendant une vingtaine de minutes.

Dans ses vœux aux Coréens, Kim Jong-un en a même profité pour souhaiter, en ce lundi premier jour de l’an, plein succès aux Jeux Olympiques que la Corée du Sud va abriter à partir du 9 Février prochain et signalé l’entière disposition de Pyongyang  à  «tourner le dos au passé» au titre de l’amélioration de ses relations avec son voisin du Sud et à contribuer activement à la mise en place des mesures nécessaires à une réunification de la péninsule.

De la «Maison Bleue», son palais présidentiel sis à Séoul, le Président Moon Jae-in qui, depuis son accession à la tête de la Corée du Sud milite pour un apaisement et un engagement avec Pyongyang, s’est félicité du ton adopté par son homologue Nord-coréen et a même proposé la tenue d’une rencontre de haut niveau entre les deux pays le 9 Janvier prochain à Panmunjon à l’effet de discuter de la participation des athlètes nord-coréens aux Jeux Olympiques qui se dérouleront en Corée du Sud et d’étudier «d’autres questions d’intérêt mutuel pour l’amélioration des relations intercoréennes».

Autre signe d’apaisement entre les deux pays, le gouverneur de la province sud-coréenne qui abritera les Jeux Olympiques a proposé d’affréter un bateau de croisière pour aller chercher les athlètes nord-coréens et pour assurer leur hébergement pendant toute la durée des jeux.

Mais, force est de reconnaître, toutefois, qu’à l’heure qu’il est, la participation de Pyongyang aux Jeux Olympiques de 2018 n’est toujours pas confirmée car avec, d’un côté, un président américain aussi imprévisible que va-t-en-guerre et, de l’autre, un trublion provocateur et entêté décidé à développer coûte que coûte son arsenal balistique et nucléaire, la Péninsule coréenne n’a jamais été aussi proche de la guerre.

Or, bien que vivement salué par le Secrétaire Général de l’ONU , Antonio Guterres, le rapprochement entre les deux Corées n’est point du goût d’un Donald Trump qui, même en y voyant le résultat de sa «fermeté» vis-à-vis de Pyongyang, fait peu de cas des signes de bonne volonté manifestés par Pyongyang et Séoul  en les assimilant à un simple «rafistolage» et en allant même jusqu’à condamner les propos tenus par le Chef de l’Etat nord-coréen quand bien même Séoul et Pyongyang se sont dites prêtes à s’assoir autour d’une même table pour discuter des questions d’intérêts communs. A noter, également, que la Corée du Sud entend repousser à une date ultérieure – au-delà des Jeux Olympiques – les manœuvres militaires américano-sud-coréennes Foal Eagle et Kev Resolve qui, chaque année, exaspéraient tellement Kim Jong-un qu’à leur approche ce dernier, qui avait coutume de multiplier ses tirs de missiles, a déclaré, cette fois-ci, à l’adresse de son homologue américain : «Le bouton nucléaire est toujours sur mon bureau. Les Etats-Unis doivent prendre conscience que ce n’est pas du chantage».

Il n’en fallait pas plus pour faire sortir le Président Trump de ses gonds et lui faire dire qu’il dispose également d’un bouton nucléaire, de surcroit, « beaucoup plus gros et plus puissant » que celui de son rival nord-coréen.

Des propos que d’aucuns n’hésitent pas à assimiler à ceux de gamins dans une cour de récréation mais qui, malheureusement, en dépassant le cadre de la simple persuasion, peuvent donner lieu à une explosion susceptible d’emporter toute la planète dans sa déflagration…

Nabil El Bousaadi

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