Philippines: Fin de la trêve avec la guérilla communiste?

«J’ai perdu beaucoup de soldats en seulement quarante-huit heures. Je pense que maintenir le cessez-le-feu est et sera inutile. Je demande (donc) aux soldats de retourner dans leurs camps, de nettoyer leurs armes et de se préparer au combat». Tels furent les ordres donnés ce vendredi à l’armée philippine par le Président Rodrigo Duterte deux jours exactement après que les maoïstes de la Nouvelle Armée Populaire aient mis fin au cessez-le feu conclu avec le pouvoir philippin en Août dernier sous l’égide de la Norvège, tué quatre soldats de l’armée régulière philippine et enlevé trois autres.

Pour justifier sa prise de position, la rébellion maoïste philippine – une des plus anciennes d’Asie puisqu’elle existe depuis 1968 – qui, l’été dernier, avait décrété unilatéralement un cessez-le-feu, affirme que, d’une part, l’armée philippine a profité de la trêve pour asseoir sa main mise sur près de 500 villages relevant de son commandement et reproche, d’autre part, au chef de l’Etat de ne pas avoir honoré les promesses données quant à la libération de l’ensemble des prisonniers puisqu’il s’est contenté de n’en faire sortir de prison que 18 sur près de 400 avant d’ajouter qu’aucune amnistie générale ne pourrait avoir lieu antérieurement à la conclusion d’un accord de paix.

Ainsi, alors que ce conflit qui dure depuis plus de quatre décennies aura fait plus de 30.000 morts et que la trêve entre les deux belligérants n’aura duré que cinq mois, le président philippin qui a demandé à ses soldats «de se préparer à une longue guerre» semble décidé à enterrer, une fois pour toutes, le processus de paix qu’il avait lui-même engagé dès son arrivée au pouvoir puisque, dans la fouée, il s’est adressé aux rebelles en ces termes : «On se bat depuis 50 ans, si vous voulez en reprendre pour 50 ans de plus, pas de problème, nous serons heureux de vous faire plaisir».

Il convient de signaler, toutefois, que, nonobstant la rupture de cette trêve et le fait que le Président Duterte qui, dès son arrivée au pouvoir, s’était engagé à mettre fin aux conflits opposant l’Etat philippin à la guérilla maoïste et aux rebelles musulmans, semble avoir fermé définitivement la porte à toute négociation, la rébellion communiste entend toujours se rendre à Oslo en Avril prochain pour la poursuite des pourparlers nécessaires à la paix.

S’adressant, enfin, à la rébellion communiste, le Président philippin la conjure de ne point le mettre «dos au mur» ajoutant que cette situation susceptible de déplaire aux militaires pourrait contraindre ceux-ci soit à l’écarter du pouvoir soit à le tuer; auquel cas, la guérilla n’aura plus d’interlocuteur.

Nabil El Bousaadi

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