Plus que l’avidité du profit, le scandale du non-respect de la loi

Le privé est, par essence, toujours à l’affut du profit. C’est une lapalissade que l’on oublie assez souvent. C’est aussi légitime dira-t-on; mais dans le respect de la loi et non dans sa négligence ou son contournement. Dans le cas contraire, cela approfondit la pauvreté et la précarité, exacerbe les inégalités sociales, diminue la cohésion sociale et augmente la tension au sein de la société.

Entre autres faits ayant suscité l’agitation et la colère au sein de la population déjà soumise à rudes épreuves du fait de la pandémie et des crises qui en résultent, le comportement, abusif et illégal, de certaines cliniques privées devant la faiblesse des malades, l’urgence de leur prise en charge et le tourment de leurs familles. C’est un scandale fracassant. Dans le contexte de la covid-19, cela relève de la traitrise et de l’infamie. Il urge de bien encadrer l’accès aux structures sanitaires dans le respect «de l’égal accès aux conditions permettant de jouir du droit aux soins de santé».

L’opinion publique est toujours dans l’attente de l’éclaircissement de cette affaire concernant les prix à la pompe et des «éventuelles pratiques anticoncurrentielles sur le marché national des hydrocarbures». Elle reste ballotée entre le secret de l’instruction menée et les annonces effectuées auparavant par des médias sur la base des délibérations du Conseil de la Concurrence à ce sujet. Comme il n’y a pas de fumée sans feu, ceux qui assument le rôle de pompier dans cette affaire ne peuvent rester dans le confinement à l’abri des restrictions sanitaires alors qu’il s’agit de se prononcer au plus vite, dans le respect du droit.

Le dragage des sables des fonds littoraux a été juteux pour ceux qui l’ont entrepris à la suite de la privatisation et dans l’absence d’une loi encadrant cette activité. Si leurs poches sont pleines à craquer, l’impact négatif sur l’environnement littoral est de la même grandeur, sinon plus. La fermeture de l’embouchure de l’Oum er Rbia, près d’Azemmour, constitue la conséquence la plus visible de cette exploitation où le profit démesuré et la préméditation de poursuivre une exploitation de rente ont outrepassé la loi.

Si les autorités en charge du secteur ont pris les décisions conformes à la loi 27-13, promulguée en 2015, il reste à réparer les dégâts en faisant assurer par ceux qui les ont provoqués la charge de le faire : libérer dans l’immédiat l’embouchure de l’Oum er Rbia de l’ensablement et recharger les plages environnantes qui se sont transformées en grèves.

Comme pour d’autres secteurs, qu’il s’agisse de la santé, de l’environnement ou des relations commerciales, des lois existent pour encadrer les activités et régir les procédures. Des textes de loi qui ne sont pas immuables et qui sont repris par le pouvoir législatif au fur et à mesure que des conditions nouvelles l’exigent. Le processus législatif prend le temps qui lui est nécessaire afin que l’arsenal juridique soit opérationnel dans une société elle-même en perpétuelle transformation. L’accumulation de l’argent et l’avidité du profit, en elles-mêmes condamnables, ne peuvent devenir des passe-droits et transgresser des dispositions juridiques régissant un domaine d’activité, voire ne pas respecter l’exécution des dispositions d’un cahier des prescriptions librement approuvé.

Cette corruption des valeurs au sein de la société handicape lourdement le processus démocratique et l’implication de toute la population dans la gestion des affaires publiques. Car, plus que l’avidité du profit, le scandale du non-respect de la loi est plus discriminant et plus ségrégationniste dans une société où ceux d’en haut ne regardent pas toujours ceux d’en bas.

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