Politique pharmaceutique au Maroc : Pour favoriser l’accès équitable au médicament à un prix abordable

Le secteur pharmaceutique au Maroc a connu plusieurs réformes depuis la tenue de la première conférence nationale sur la santé de 1959 qui a intégré le médicament en tant que composante omniprésente avec toutes ses dimensions dans les politiques sanitaires et dans la Stratégie sectorielle de santé 2012-2016.
Au regard de l’intérêt affiché par les gestionnaires du système de santé marocain et des bénéficiaires des services de soins de santé, outre les organisations de la société civile intéressées par ce domaine, le ministère de la Santé a prévu de mettre en place «une politique pharmaceutique nationale» telle que préconisée par le groupe d’experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) réuni en marge de l’Assemblée mondiale de la santé de 1986, et ce dans l’objectif de définir une vision claire avec des objectifs précis pour garantir l’accès aux médicaments et produits de santé tout en assurant le développement du secteur pharmaceutique national.
De ce fait, un long processus de concertation avec l’ensemble des parties prenantes et des intervenants dans le domaine pharmaceutique, a été entamé depuis le 09 juillet 2012, portant sur les aspects méthodologiques pour l’élaboration de la politique pharmaceutique nationale, visant à contribuer à la concrétisation du droit d’accès aux soins de santé pour toute la population tel que stipulé dans la nouvelle Constitution, en garantissant l’accès équitable et global aux médicaments essentiels, d’une qualité irréprochable, à un prix abordable, et d’en assurer un usage rationnel.
Il s’agit également de protéger la santé publique en garantissant la qualité, l’innocuité et l’efficacité de tous les médicaments et autres produits de santé mis sur le marché, d’optimiser les bénéfices thérapeutiques et réduire le gaspillage économique par la promotion de l’usage rationnel des médicaments auprès des prescripteurs et des consommateurs, et de contribuer à la promotion de l’industrie pharmaceutique au niveau national, précise-t-on dans un livret du ministère de la Santé intitulé «la politique pharmaceutique nationale» et distribué en marge des assises nationales du médicament et des produits de santé (11-12 décembre à Skhirat).
Par ailleurs, le Maroc s’est engagé dans plusieurs chantiers de réforme du système de santé afin de répondre aux attentes des citoyens et garantir le droit d’accès aux soins consacré par la Constitution, portant sur la mise en place de la couverture médicale de base à travers la généralisation du Régime d’assistance médicale (RAMED) lancée par SM le Roi en mars 2012, la couverture médicale de base des étudiants (AME) récemment mise en place et le projet de l’assurance maladie des indépendants (AMI) déjà finalisé et qui sera incessamment soumis au Conseil du gouvernement.

Ces projets visent à étendre la couverture médicale à 62 pc de la population.
Ces chantiers de réforme ont également concerné l’organisation de l’offre de soins, la promotion de l’investissement en santé et le développement du partenariat public-privé, et ce à travers l’élaboration et la publication d’un arsenal juridique comprenant la loi et le décret relatif à la carte sanitaire, la loi 131-13 relative à l’exercice de la médecine et l’ouverture des capitaux aux non-médecins et la loi 86-12 relative aux contrats de partenariat public-privé.
Le ministère de la Santé a également mis en place la réforme LMD (Licence-Master-doctorat) au niveau des instituts relevant de son autorité et qui sont les Instituts supérieurs des professions infirmières et des techniques sanitaires et l’école nationale de santé publique, ce qui a permis de rehausse le statut de ces établissements au rang d’instituts de l’enseignement supérieur ne relevant pas des universités et renforcer le niveau et les effectifs de formation des professionnels de santé, gestionnaires et paramédicaux.

En vue de réguler et structurer de manière efficace et rationnelle le secteur pharmaceutique, ont été publiés récemment 20 textes législatifs et règlementaires spécifiques aux médicaments et à la pharmacie (3 lois, 4 décrets et 13 arrêtés).

En outre, le Maroc dispose de 45 unités industrielles de production qui couvrent actuellement plus de 65 pc des besoins du système de santé national et dont 10 pc du volume global de production est destiné à l’exportation, notamment vers les pays africains frères et amis, mais aussi vers les pays européens, scandinaves et vers les pays du golfe, outre 50 sociétés de grossistes répartiteurs qui alimentent régulièrement un réseau de 10.000 pharmacies d’officine privées.

Parmi les réalisations majeures du département de la Santé, figure la fabrication du médicament générique destiné au traitement de l’hépatite C «Sofosbuvir», commercialisé au Maroc depuis le 10 décembre à 3.000 dirhams la boite, ce qui réduira de 89 fois le coût global du traitement (9000 dirhams au lieu de 800.000), dans l’objectif d’éradiquer la maladie de l’hépatite C de façon définitive dans le Royaume à l’horizon 2020.

De même, le ministère à procédé à la réduction des prix d’environ 2000 médicaments, soit un taux de réduction variant entre 20 pc et 80 pc, afin de faciliter l’accès des citoyens aux médicaments.

Ces réalisations ont été saluées par des instances et institutions internationales de référence dans le domaine de la santé. Ainsi, la directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Chan, avait rendu hommage au Maroc pour sa politique pharmaceutique qu’elle a qualifiée d’«excellente expérience à partager avec d’autres pays».

De même, elle avait jugé que l’approche pharmaceutique marocaine va de pair avec l’une des priorités de l’OMS, qui consiste à rendre le médicament accessible pour tous.

De même, le directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, a salué la politique pharmaceutique «efficace» du Maroc, considérant que le Royaume est «parmi les mieux indiqués pour jouer le rôle de grande pharmacie en direction de tout le continent africain».

Afin de consolider la valeur stratégique du médicament et capitaliser sur ses acquis, le ministère de la Santé mettra en place une Commission nationale qui se chargera de décliner ces engagements en actions et mesures concrètes, avec un plan de financement adapté, dans le but de réussir ce chantier national qui ne pourra que participer à l’amélioration de l’état de santé des citoyens.

De par son souci d’impulser un nouveau souffle à la politique pharmaceutique nationale, le département de la Santé vise à prendre une série de mesures relatives au secteur pharmaceutique, dont la restructuration des Conseils de l’Ordre des pharmaciens par la création de 12 nouveaux conseils régionaux de l’Ordre des pharmaciens, et le renforcement du rôle de l’Observatoire national des médicaments et des produits de santé en mettant l’accent sur la prévention des ruptures de stocks.

Il s’agit également d’encourager la fabrication locale des médicaments onéreux et destinés au traitement des maladies malignes, comme cela fut le cas du traitement du virus de l’hépatite «C», en incluant 10 médicaments de traitement du cancer dans la liste préliminaire de fabrication locale.

Azalarab Moumni (MAP)

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