Pour se faire dépister, c’est la croix et la bannière

Hôpital de campagne Moulay Youssef

Karim Ben Amar

L’activité professionnelle reprend petit à petit dans tous les recoins du pays. A cet effet, les différentes entreprises demandent à leurs salariés d’effectuer le test PCR afin de rejoindre le bureau sans compromettre la sécurité sanitaire des collègues. L’hôpital Moulay Youssef est sous les feux des projecteurs depuis le début de la pandémie à tel point que cette structure sanitaire avait reçu le patient zéro dès le mois de mars. Depuis, les tests de dépistage s’effectuent aussi dans ces locaux, et plus précisément dans l’hôpital de campagne installé dans le parking de la structure. Mais dans quelles conditions se déroulent les dépistages ? Les mesures de sécurité sont-elles respectées ? Le staff médical est-il bienveillant ? Le flux des personnes est-il géré convenablement ? Les citoyens s’attardent-ils sur place pour cause de mauvaise organisation ? Les détails.

Le travail en présentiel est désormais d’actualité dans la plupart des entreprises au Maroc. Pour cette raison, les salariés du secteur privé sont sommés d’effectuer un test de dépistage afin de pouvoir rejoindre leur lieu de travail. A cet effet, l’équipe d’Al Bayane est entrée en contact avec des individus ayant effectué le test au sein de l’hôpital Moulay Youssef.

Dès le début de notre entretien, les fraîchement dépistés ont déclaré à l’unanimité qu’effectuer le test, équivaut au parcours du combattant. Aziz, un jeune trentenaire a affirmé de prime abord que pour subir le dépistage, il ne suffisait pas de se présenter à l’hôpital Moulay Youssef. En nous parlant de son expérience, il note que cela se fait, au meilleur des cas, en deux temps. «Ce que les marocains doivent savoir, c’est que pour effectuer le test, il faut d’abord s’inscrire. Pour cette raison, le vendredi 13 novembre dès 6H30, nous étions postés en nombre à la porte de l’hôpital de campagne Moulay Youssef, située sur le parking de la structure sanitaire. Nous devions justement inscrire nos noms sur une liste pour  pouvoir effectuer le test le lendemain, samedi 14 novembre». Et d’ajouter, «Ce n’est qu’à 8H30, que nous avons pu noter nos noms sur la fameuse liste après remise de notre carte d’identité nationale (CIN). Cette dernière nous a été rendue près de deux heures plus tard», soutient-il.

D’après la même source, l’hôpital Moulay Youssef enregistre en moyenne 50 personnes par jour. Le dépistage de ces derniers est programmé pour le lendemain. En d’autres termes : premier arrivé, premier servi. «Pour les personnes n’ayant pu s’enregistrer parmi les 50 premier, ils sont obligés de se pointer le lendemain pour espérer pouvoir s’inscrire sur la liste des prochains dépistés, désormais tellement convoitée», atteste-il.

Le samedi 14 novembre, c’est les retrouvailles de la veille. Les 50 personnes s’étant inscrit le vendredi se retrouvent sur le site de l’hôpital de campagne dès 6H30 comme convenu la veille avec le staff médical. Pourtant, l’appel des 50 inscrits ne s’est fait qu’à partir de 8H30 et le staff médical quant à lui ne s’est présenté à l’hôpital de campagne qu’à 9H30, d’autre à 10H. Yasmina, administratrice dans une entreprise privée a assuré que le dépistage ne débutait qu’à 10H30 bien entamé.  «En plus de l’attente interminable, nous nous sommes rendus compte que certaines personnes peu scrupuleuses trouvent « un arrangement » avec le staff médical pour grappiller des places.  Une femme devant mes yeux avait un ticket portant le numéro 43. C’est son ordre de passage. Un membre du staff médical lui a changé le ticket, elle a ainsi gagné plus de 20 places et a pu être dépistée beaucoup plus rapidement évitant ainsi la pénible attente », tonne-t-elle.

Quant aux chamailleries, elles font partie intégrante de l’ambiance. Pour Yasmina, le fait que les gens et le staff médical ne respectent pas l’ordre de passage, cela n’aide pas et n’abonde pas dans l’ordre et la discipline.

De plus, le staff médical ne vérifie pas l’adresse des dépistés potentiels, ce qui pose un immense problème. « Ce n’est qu’au moment de passer le test que le staff médical annonce à la personne qui n’a pas son adresse à Anfa qu’il est impossible de se faire dépister puisque ce n’est pas la collectivité territoriale dont il dépend. Le citoyen est confronté à cette péripéties après s’être inscrit préalablement sur la liste des dépistés programmés pour le lendemain, soit après deux jours d’attente.

Le manque d’empathie, de compréhension et de communication est ce qui ressort le plus de la part de nos sources, au même titre que le désordre régnant dans l’hôpital de campagne Moulay Youssef.

La jeune administratrice a même confessé qu’un membre du staff médical ne respectait même pas les mesures de sécurités sanitaires puisque il ne portait même pas son masque de protection.

Pire encore, un individu ayant été dépisté positif à la Covid-19 a attendu dans la salle d’attente de l’hôpital de campagne, les membres de sa famille n’ayant pas encore subi le test PCR.

Vaincre la Covid-19 ? A ce rythme et avec cette discipline, ce n’est pas demain la veille.

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