Privatisation de La Mamounia : l’OCP, une CDG-bis?

Annoncée et abondamment commentée lors des tractations pour la confection de la Loi de Finances 2019, la privatisation de quelques valeurs de l’État, dont la fameuse Mamounia, semble finalement passer à la trappe. Qu’est-ce qui a refroidi les ardeurs du ministre Benchaâboun?

Celui-ci avait-il simplement lâché dans l’opinion un ballon d’essai pour prendre sa température ? Ou des choses se prépareraient-elles en coulisses pour prendre de court tout le monde? Si l’on n’aura pas -maintenant ou peut-être jamais de réponses- à ces questions, il semble pourtant, selon un mensuel, que l’annonce de ce programme de privatisation ait eu à attirer de potentiels investisseurs, notamment du Moyen-Orient. Selon les indiscrétions recueillies par le confrère, un investisseur qatari souhaitait rependre les parts de l’État et prendre le contrôle de cet hôtel.

Une perspective qui aurait fait tempérer l’État, soucieux de «préserver la marocanité» de cet établissement hôtelier. Pour mémoire, La Mamounia est détenue à 65% par l’ONCF, 15% par la CDG et 20% par la Commune de Marrakech. Mais comment vouloir privatiser un bijou de famille, en préserver la marocanité tout en s’attendant à en tirer le maximum en termes de revenus ? Car faut-il le rappeler, 5 milliards de dirhams étaient attendus de ce programme de privatisation au moment de l’annonce. Et les deux entreprises sur les épaules desquelles reposait cette lourde charge étaient La Mamounia et la centrale de Tahaddart.

Mais est-ce réellement cette potentielle perte de la marocanité de La Mamounia qui a entravé l’aventure, ou plutôt l’impossibilité d’en tirer des revenus substantiels ? Faut-il le rappeler, élu meilleur hôtel en Afrique et meilleur hôtel au monde l’année dernière, La Mamounia traine dans son sillage plusieurs casseroles : une dette à long terme de 455 MDH, des résultats déficitaires d’année en année et un chiffre d’affaires passé de 378 MDH en 2015 à 349 MDH en 2016. Las, on évoquerait dans les couloirs du gouvernement «un montage à dominance nationale avec l’OCP comme repreneur».

Le phosphatier va-t-il sortir de son orbite pour jouer à la CDG-bis, sauvant la mise à l’État chaque fois que le besoin se fait sentir ? Alors même que la Cour des Comptes reproche à la Caisse sa propension à investir dans «n’importe quoi», «n’importe où» et «n’importe comment» ? Visiblement, cette volonté de privatisation soulève plus de questions qu’elle n’apporte de solutions…

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