«Nous vivons dans un monde où le risque que les armes nucléaires soient utilisées est plus élevé qu’il ne l’a été depuis longtemps… Certains pays modernisent leurs arsenaux nucléaires et le danger que plus de pays se procurent des armes nucléaires est réel, comme le montre la Corée du Nord»…
Tels furent, ce vendredi, les propos de Madame BeritReiss-Andersen, la Présidente du Comité Nobel norvégien au moment de la remise du Prix Nobel de la Paix à l’ICAN, la Campagne Internationale pour l’Abolition des Armes Nucléaires, une coalition mondiale d’ONG oeuvrant dans le cadre de l’élimination des armes nucléaires constituée à Vienne en 2007 en marge d’une Conférence internationale du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. A cette occasion, la présidente du Comité Nobel a invité les puissances nucléaires à entamer des «négociations sérieuses» au titre de l’élimination de leurs arsenaux et rappelé l’engagement déjà pris à ce titre par les Etats-Unis, l’U.R.S.S., le Royaume-Uni, la France et la Chine lors de leur adhésion en 1970 au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.
En réponse, la Directrice de l’ICAN, Beatrice Fihn, qui reconnait que l’octroi de ce Prix Nobel est «un grand honneur» a saisi cette occasion pour demander à toutes les nations de se débarrasser immédiatement de leurs arsenaux nucléaires et à ne jamais chercher à les reconstituer. Et cette dernière de poursuivre en déclarant qu’en ce moment de «grande tension», les propos «enflammés» de certains dirigeants «pourraient tous nous conduire très facilement, inexorablement, vers une horreur sans nom». Aussi, il est impératif que les nations déclarent immédiatement «leur opposition sans équivoque aux armes nucléaires».
Force est de reconnaitre, toutefois, qu’en récompensant l’ICAN, c’est la neuvième fois qu’un Prix Nobel de la Paix est attribué à un acteur engagé dans la lutte contre la prolifération nucléaire mais il s’agit surtout d’une reconnaissance du travail accompli par cette dernière. Considérant que bien que signé par la majorité des pays de la planète, le Traité de non-prolifération des armes nucléaires conclu en 1968 fait toujours planer la menace d’une catastrophe nucléaire, l’ICAN s’est attelée, dès sa création, à la mise en place d’un Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Celui-ci a été adopté le 7 Juillet dernier par 122 pays sur les 192 que compte l’Organisation des Nations-Unies.
Or même si l’ICAN est consciente du fait que la portée de ce Traité reste symbolique, il n’en demeure pas moins vrai qu’il va «rendre plus difficile la justification des armes nucléaires, contraindre les Etats à ne pas se satisfaire du statu quo, leur mettre plus de pression» et qu’il pourrait, également, entrer en vigueur 90 jours après sa ratification par 50 des pays qui en sont signataires ; ce qui constituerait, de toute évidence, une avancée notable sur le chemin de l’éradication complète des armes nucléaires…
Nabil El Bousaadi