Rien ne va plus au pays des Ayatollah…

La nouvelle année de l’ère Chrétienne semble avoir ramené, dans son escarcelle, bien des tensions au pays des Ayatollahs.

C’est ainsi que les iraniens suivent avec consternation – le mot n’est pas trop fort – la bataille rangée que se livrent le Président Hassan Rohani et le chef de la justice Sadegh Larijani depuis que le 28 décembre dernier le Chef de l’Etat, sans toutefois nommer expressément l’auteur du «délit» – que tout le monde sait être le riche homme d’affaire Babak Zanjani – a fustigé «les instances qui n’ont pas réussi à empêcher une affaire de corruption de trois milliards de dollars ayant eu lieu sous l’ancien gouvernement».

Il convient de rappeler que le 3 décembre dernier, le mis en cause avait été condamné à mort pour corruption au motif qu’il aurait empoché 2,54 milliards d’Euros provenant de la vente du pétrole iranien à l’étranger durant la présidence d’Ahmadinejad.

Mais, insatisfait de la manière avec laquelle ce dossier a été géré par le Département de la Justice et bien que le verdict soit tombé, le Chef de l’Etat voudrait absolument savoir «où est passé cet argent» et «quelles sont les personnes qui ont joué un rôle dans cette affaire».

En réponse, Sadegh Larijani, devenu, désormais, un farouche opposant, déclare, en n’y allant pas avec le dos de la cuillère : «Vous nous demandez de poursuivre tous les aspects cachés de cette affaire ? Très bien… Nous allons (donc) convoquer toutes les personnes évoquées dans ce dossier et, si nécessaire, les arrêter pour que les choses se clarifient» ajoutant même que le principal accusé prétendrait que cet argent aurait servi, en partie, à financer en 2013  la campagne électorale de Hassan Rohani ; une accusation qui risquerait d’écorner sérieusement l’image du Président et de nuire à la popularité de celui qui se veut être un «soldat au service de la lutte contre la corruption».

Ainsi la tension entre le nouveau Parlement iranien majoritairement acquis au Chef de l’Etat et le Département de la Justice entre les mains de son farouche opposant Sadegh Larijani serait à son paroxysme depuis quelques semaines et notamment depuis que le site d’informations «Amadnews» a évoqué l’existence de 63 comptes bancaires ouverts au nom de ce dernier, générant annuellement près de 59 millions d’Euros au titre des cautions déposées par des accusés et des versements effectués par des condamnés dans le cadre de «dommages et intérêts» et déclaré que l’existence de ces comptes, identifiés par de hauts responsables de la Banque nationale iranienne, aurait été communiquée au Ministre de l’Economie Ali Tayebya.

Or, ces allégations ont été réfutées par ce dernier qui a tenu à préciser que «des sommes ont été déposées dans le système bancaire du pays au nom du pouvoir judiciaire selon les limites définies par la loi et la chariâa» et à ajouter, sans donner plus de précisions, que «les bénéfices ont été versés sur ces comptes et dépensés pour régler certaines affaires liées au système judiciaire».

Néanmoins, ces explications ne semblent pas avoir convaincu le Chef de l’Etat qui, en exigeant plus de transparence, déclare dans un Tweet, ce 3 Janvier 2017, que «le gouvernement est prêt à mettre en place une base de données afin de montrer tous ses revenus et toutes ses dépenses. En contrepartie, il est attendu que le pouvoir judiciaire explique tous ses comptes».

Ainsi, à quatre mois des prochaines élections présidentielles qui auront lieu le 19 Mai 2017, la tension semble être à son comble entre la Présidence de la République Islamique et le Département de la Justice et la campagne électorale s’annonce plutôt orageuse…

Nabil El Bousaadi

Top