Russie: La fronde anti-Poutine

Répondant à l’appel d’Alexeï Navalny, ce sont des milliers de russes qui, après n’avoir pas pu obtenir l’autorisation de défiler ce dimanche dans le centre de Moscou, se sont rassemblés sur la Place Pouchkine en scandant à l’unisson «Des élections sans choix», «Poutine voleur» ou encore «un pays sans futur» et ce, à l’effet de boycotter le scrutin présidentiel du 18 mars prochain qui devrait inévitablement reconduire Vladimir Poutine à la tête du pays pour un quatrième mandat de six années et donc de rester au pouvoir jusqu’en 2024.

Ayant appelé ses partisans à manifester contre «un scrutin de dupes», l’opposant numéro un au Président russe, l’avocat et bloggeur anti-corruption Alexeï Navalny, 41 ans, qui a fait part dans une vidéo de son désir de «faire pression de manière efficace sur le pouvoir», a été arrêté par la police dès qu’il a rejoint ces derniers.

Dans une vidéo postée par ses sympathisants sur Youtube, on le voit crier «çà y est, ils arrivent, ils sont déjà là» en montrant du doigt la dizaine de policiers qui, malgré la résistance opposée par  ses partisans, a pu s’emparer de lui et le mettre de force dans un véhicule aux vitres fumées pour avoir «violé les procédures concernant l’organisation d’une manifestation».

Mais la vérité est ailleurs. En effet, l’intéressé qui a été condamné à cinq années d’emprisonnement avec sursis pour une sombre affaire d’escroquerie – qu’il réfute en arguant qu’elle aurait été montée de toutes pièces – se trouve ainsi sous le coup d’une sanction pénale qui serait orchestrée par le Kremlin et qui le frappe d’inéligibilité jusqu’en 2028.

Faute donc de pouvoir se présenter et convaincu que les jeux sont faits et que Poutine sera automatiquement reconduit, Navalny essaie alors de peser sur le taux de participation en appelant ses supporters à boycotter l’élection présidentielle de mars prochain alors que Vladimir Poutine compte, de son côté, être reconduit à la tête du pays et pour un sixième mandat sur la base d’une participation massive; un souhait qui aurait, toutefois, très peu de chances d’être exaucé au vu des nombreuses manifestations appelant au boycott du scrutin et, surtout, à la non reconduction de Poutine.

Ainsi, à Saint Petersbourg, ce sont quelques 1500 manifestants encerclés par un important dispositif de policiers qui ont scandé «Un, deux trois Poutine tu t’en vas», «La Russie sans Poutine» ou encore «A bas le pouvoir des Tchékistes», ces membres des services secrets et de la police politique alors qu’un jeune manifestant signalera au correspondant de l’AFP qu’il a participé à la manifestation qui s’est déroulée dans la cité impériale pour marquer son refus de continuer à «vivre dans ce marécage» et son rêve de «changement».

Et s’il semble assuré de pouvoir continuer à tenir les rênes du pays jusqu’en 2024, il n’est pas dit qu’un très faible taux de participation aux prochaines élections ne puisse pas constituer une grosse épine dans le pied du président Vladimir Poutine qui risquerait, ainsi, d’avoir bien du mal à poursuivre son mandat. Mais n’oublions pas, enfin, que cet ancien responsable du KGB qui en a vu d’autres et qui a bien des tours dans son sac semble prêt à parer à toute(s) éventualité(s)!

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