L’accord de Vienne sur le nucléaire iranien vole en éclats…

Si à Vienne en Juillet 2015, l’Iran, les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations-Unies et l’Allemagne avaient convenu de la levée des sanctions internationales qui isolaient la République islamique iranienne en contrepartie d’une limitation drastique de son programme balistique et nucléaire pour qu’elle ne puisse point se doter de l’arme atomique, il semblerait bien, qu’à l’heure qu’il est, cet accord soit en train de voler en éclat.

Pour rappel, en s’appuyant sur la résolution 2231 du Conseil de Sécurité qui, en consacrant l’accord précité «n’interdit pas un programme balistique et des essais de missiles par l’Iran» dès lors que ces derniers n’auraient qu’une fonction défensive et en soulignant qu’après le retrait américain «les européens n’ont pas respecté leurs engagements et n’ont pas protégé les intérêts de l’Iran», Abbas Moussavi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères avait, d’emblée, écarté toute discussion qui sortirait du cadre défini par l’accord précité en arguant qu’elle ne ferait qu’attiser la «méfiance» de ses autres signataires.

Aussi, en rappelant aux signataires européens du JCPOA que, le 8 mai dernier, ils n’avaient point répondu aux demandes par lesquelles l’Iran avait sollicité leur aide pour «faire sortir de leur isolement les secteurs pétroliers et financiers iraniens visés par de nouvelles sanctions américaines», le porte-parole de la diplomatie iranienne avait estimé qu’une renégociation de l’accord de Vienne ne ferait que jouer le jeu de la partie américaine en accélérant son «effondrement».

Or, depuis la dénonciation puis le retrait par les Etats-Unis de cet accord et, par voie de conséquence, la reprise des sanctions économiques qui étaient imposées à l’Iran, les autorités iraniennes se sont trouvées acculées à revenir sur certaines restrictions imposées à leur programme nucléaire.

Aussi, le 7 Juillet dernier, le régime iranien dont l’économie, privée des retombées économiques qu’il attendait de l’accord, avait été asphyxiée par les « sanctions » américaines avait donné soixante jours aux autres pays signataires, à savoir l’Allemagne, la Chine, la France, le Royaume-Uni et la Russie, pour l’aider à contourner les sanctions américaines faute de quoi, il continuera à s’affranchir progressivement d’une bonne partie des engagements pris à Vienne.

Ainsi, même si, comme l’a déclaré ce samedi,  Behrouz Kamalvandi, le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), les engagements de l’Iran relatifs à «la transparence», «la surveillance» et «l’accès» des contrôleurs de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA)  aux sites nucléaires seront «honorés», Téhéran a bel et bien augmenté ses stocks d’uranium enrichi au-delà des 300 kgs convenu, enrichi son uranium à 4,5%, dépassant par-là le seuil de 3,67% autorisé par l’accord de Vienne et mis en route 20 centrifugeuses de type IR-4 et 20 autres de type IR-6 alors même que le JCPoA ne l’autorise à produire que de l’uranium enrichi avec des centrifugeuses de première génération c’est-à-dire des centrifugeuses de type IR-1.

Est-ce à dire que la médiation entreprise par le président français Emmanuel Macron pour «sauver» l’accord de Vienne en poussant l’Iran à respecter ses engagements et en incitant Washington à ne point «interdire» à Téhéran de continuer à exporter la quantité de pétrole initialement convenue n’a servi à rien et ne fut qu’un lamentable fiasco ? C’est tout comme; mais attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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