Siemens Gamesa pose la première pierre d’un véritable écosystème industriel éolien

A Tanger, l’industriel hispano-allemand vient d’inaugurer la première usine de pales d’éoliennes en Afrique et au Moyen-Orient. Un investissement de 100 millions d’euros qui va aboutir aux premières pales «made in Morocco». Ainsi, de producteur et consommateur de cette forme d’énergie, le Royaume foule de plein pied l’industrie éolienne en produisant des pièces qui peuvent peser jusqu’à 35 tonnes. L’espoir de nourrir un écosystème industriel semblable à celui des secteurs aéronautique et automobile se matérialise.

Depuis 2010, l’on savait que la stratégie énergétique du Royaume ambitionne de faire de l’éolienun de ses piliers à l’horizon 2030. En témoigne clairement le plan de porter la puissance électrique d’origine éolienne de 280 MW à 2000 MW en une décade, ainsi que d’augmenter la part de cette forme d’énergie dans la capacité électrique totale du Royaume à 14% d’ici 3 ans, et de 20% en 2030. Mais, de développer des parcs éoliens pour la consommation interne… à devenir partie prenante dans le processus industriel de création des éoliennes, ces machines à générer une énergie propre et bon marché et, encore mieux, en exporter la principale composante, le saut est grand voire énorme !

A l’origine de ce saut, le fabricant d’éoliennes hispano-allemand Siemens Gamesa. L’industriel a inauguré mercredi 11 octobre dernier en présence du ministre de l’Industrie Moulay Hafid El Alamy, sa nouvelle usine de pales au Maroc, dans la zone industrielle de Tanger Automotive City précisément.L’usine produira des pales intégrales de 63 mètres de long, nécessaires pour équiper les turbines de modèle SWT-DD-130, qui produisent jusqu’à 4.2MW de puissance nominale. Elle est également en mesure de produire d’autres modèles de pales qui peuvent atteindre jusqu’à 75 mètres. Le produit fini sera acheminé depuis Tanger vers l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient, là où la demande autour de l’énergie éolienne ne cesse de grimper.

C’est la première usine du genre implantée par un fabricant d’éoliennes en Afrique et au Moyen-Orient, et l’enceinte est prête à fournir des pales d’éoliennes «Made in Morocco». Cette implantation, premier acte de cette magnitude dans ce qui peut être désormais appelé «écosystème industriel» du secteur éolien, peut servir tout aussi bien le développement des parcs éoliens au Maroc que le secteur industriel en lui-même. Certes, les soumissionnaires aux appels d’offres relatifs au développement de parcs éoliens au Royaume se voient sommés d’intégrer, depuis quelque temps, un certain pourcentage de contenu local. Celui-ci est somme toute faible dans une industrie hautement logistique. La logique de localisation de la production l’emporte, au vu du tonnage démesuré de certaines composantes. Le bond donc est grand, quand on sait qu’une pale, pièce maitresse de l’aérogénérateur, peut peser jusqu’à 35 tonnes !

Ainsi, les bénéfices de cette implantation sur l’économie nationale seront multiples. En plus d’être une locomotive qui encourage d’autres industriels à se lancer dans cet écosystème, ce projet a absorbé plus de 100 millions d’euros pour sa mise en place. L’usine de 37.500 m2 créera 600 emplois, ainsi qu’un nombre estimé de 500 autres auxiliaires. Le produit fini servira également dans les projets locaux qui le nécessitent, d’où des économies non-négligeables sur chaque projet. Ceci en plus des diverses taxes et impôts conséquents, directs et indirects, qui viendront renflouer les caisses du Royaume. Le transfert technologique est également un gain considérable dans ce sens. L’usine dispose d’un centre de formation de 3.500 m2 pour faciliter le transfert des connaissances des experts de Siemens Gamesa au Danemark vers Tanger. Le processus d’apprentissage assure le transfert complet des ensembles de compétences techniques pour optimiser la fabrication.

Plus important, des pales «made in Morocco» contribueront à l’objectif national du Maroc de produire plus de la moitié de son électricité à partir d’énergies propres d’ici 2030. Par exemple, le projet de 850 MW, qui sera construit par le consortium Siemens Gamesa, Nareva et ENEL sur cinq sites distincts,représente une étape cruciale dans cet objectif. Cependant, bien avant leur fusion, Siemens Wind Power et Gamesa avaient déjà livré des projets clés d’énergie éolienne pour le marché marocain incluant Tarfaya (300 MW), Tanger (140 MW), Essaouira (60 MW) et Haouma (50 MW). L’industriel trouve son confort sur le marché africain avec 2,1 GW de capacité installée sur 15 ans d’existence sur le continent, et ce, au Maroc (72% de parts de marché), aussi bien qu’en Algérie, en Egypte, en Afrique du Sud, en Tunisie, en Mauritanie, au Kenya et aux Iles Maurice.

Iliasse El Mesnaoui

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