Ce mardi 16 Mai 2017, un sixième journaliste a été abattu de sang froid au Mexique plaçant, désormais, ce pays au troisième rang des pays plus meurtriers pour les journalistes après la Syrie et l’Afghanistan.
La veille, la cinquième victime a été Javier Valdez, 50 ans, un chroniqueur et écrivain de renom. Il a été abattu de sang froid et de douze balles par des hommes cagoulés alors qu’il se trouvait au volant de sa voiture dans le centre de Culiacan la capitale de l’Etat de Sinaola au nord-ouest du pays. Après leur forfait, les assassins ont sorti de la voiture sa dépouille criblée de balles et l’ont jeté à même le sol à quelques de la rédaction de l’hebdomadaire Riodoce qu’il avait fondé quatorze ans auparavant.
L’intéressé était lauréat en 2011 du Prix International de la liberté de la presse décerné par le Comité pour la protection des journalistes en reconnaissance du travail qu’il avait accompli au titre de la dénonciation du narco-trafic et de la corruption politique dans ce fief du cartel du célèbre Joaquin Guzman dit «El Chapo» extradé vers les Etats-Unis au début de cette année 2017 et dont l’arrestation a plongé la région de Sinaola dans une guerre de succession des plus meurtrières.
Père de deux enfants, Valdez, qui avait publié huit ouvrages de référence sur les cartels de la drogue et leurs victimes dont, entre autres, «Les orphelins du narco-trafic», était « un exemple de professionnalisme, d’honnêteté et de courage » selon Alberto Najar, le président du collectif «Journalistes ordinaires». L’intéressé était aussi pigiste à l’AFP depuis une dizaine d’années et correspondant du quotidien mexicain «La Jornada».
Valdez se savait menacé du fait de sa profession comme tous ses collègues qui enquêtent sur le narco-trafic.Aussi, après avoir déclaré en 2011 lors de la remise du Prix International de la Liberté de la Presse qu’«il faut se protéger de tout et de tous», il a rappelé, dans son dernier ouvrage publié en 2016 sous le titre «Narcojournalisme ou la presse entre le crime et la dénonciation», qu’«être journaliste, c’est faire partie d’une liste noire».
Cette hécatombe ayant provoqué l’ire de la profession, c’est par centaines que les journalistes sont venus ce mardi, vêtus de noirs, hurler leur colère et leur profonde indignation devant le siège du Ministère de l’Intérieur.
Que dire pour terminer sinon qu’il nous appartient à tous de saluer le courage de ces journalistes qui risquent leur vie dans le seul but de témoigner et d’informer ?
Nabil El Bousaadi