Journée mondiale des enseignants
Par Manal Ziani –MAP
La Journée mondiale des enseignants, célébrée ce mardi, met l’accent cette année sur le rôle de l’enseignant en tant qu’acteur clé de la relance post-covid de l’éducation. Une manière de susciter les espoirs et de conjurer les peurs provoquées par cette pandémie planétaire.
Instituée le 5 octobre 1994 par l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), cette journée marque l’adoption de la recommandation OIT/UNESCO concernant la condition du personnel enseignant de 1966, et celle portant sur la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur, adoptée plus tard en 1997.
Ces deux recommandations constituent une référence solide pour la mise en place de politiques d’enseignement efficaces, à la fois pour les gouvernements et pour les autres acteurs du domaine de l’éducation.
Compte tenu des effets de la pandémie sur la profession enseignante et afin d’aider le corps enseignant à améliorer son potentiel, l’UNESCO a retenu, « Les enseignants au cœur de la relance de l’éducation » comme thème évocateur de cette Journée pour l’année 2021. L’occasion d’évoquer les défis auxquels les enseignants restent toujours confrontés.
Soukaina Muman, professeur de l’enseignement secondaire qualifiant à Nador, confie, à ce propos, avoir été contrainte de relever deux défis majeurs dans son expérience d’enseignement à distance. Un : le manque de moyens logistiques. Deux : l’absence d’une réelle implication des élèves.
“Les étudiants, n’ayant pas suffisamment accès à internet, peuvent rater les séances organisées via la plateforme +zoom+ qui exige une connexion haut débit”, déplore-t-elle dans une déclaration à la MAP, avant d’ajouter que “L’enregistrement des séances pour éviter que les étudiants ne ratent le cours, rend l’interaction moins fluide, dans le sens où le déroulement de la séance en direct se passe sans questions, ni réactions de la part des élèves, lesquels sont en l’espèce absents ».
Un avis que partage Saida Gamousy, enseignante dans une école primaire à Tanger, qui en plus des défis relevés par sa collègue, a été confrontée à d’autres contraintes liées à l’enseignement en alternance.
« Limité à trois séances par semaine, ce mode d’enseignement est fort contraignant sur le plan de l’emploi du temps. Impossible de boucler le programme scolaire préétabli par le ministère, tout en garantissant la qualité de l’apprentissage des élèves », dit-elle, visiblement résignée.
Tout en estimant que »cette situation remet en cause la stratégie du système éducatif”, elle pense que la mise en place d’activités et de projets éducatifs aurait pu être la meilleure solution pour faciliter le processus d’apprentissage qualitatif chez l’élève.
Selon elle, “l’enseignement en alternance aurait pu être un bon choix, si le programme était moins chargé”.
C’est d’ailleurs pourquoi les deux enseignantes ne cachent pas leur satisfaction et même leur joie suite au retour lors de cette rentrée scolaire du mode d’enseignement en présentiel, qui reste pour elles la meilleure parade possible au vu des contraintes existantes.
Cela étant dit, le Maroc a mis en place la vision stratégique 2015-2030, visant à instaurer les fondements de l’école nouvelle, à savoir l’équité et l’égalité des chances, la qualité pour tous et la promotion de l’individu et de la société. Objectif : intégrer l’ensemble des cibles du 4éme Objectif de Développement Durable (ODD 4) relatif à l’Éducation.
Le dernier rapport sur le modèle de développement a encore consacré cette vision en considérant la valorisation des enseignants comme “un choix stratégique” visant à atteindre un service d’éducation de qualité, au profit de tous les élèves et étudiants.
A l’occasion de cette Journée, l’UNESCO et ses partenaires ont appelé, lundi, les gouvernements à prioriser les enseignants dans la relance de l’éducation, à se focaliser sur les défis auxquels leur profession fait face et à partager des politiques efficaces et prometteuses. La réussite de la relance de l’éducation nécessite des investissements accrus dans le bien-être, la formation, le développement professionnel et les conditions de travail des 71 millions d’enseignants à travers le monde, pour remédier aux pertes d’apprentissage et gérer les transformations imposées dans l’enseignement et l’apprentissage par la pandémie de COVID-19, ont insisté l’organisation onusienne et ses partenaires dans une déclaration conjointe.
Les célébrations de la Journée mondiale des enseignants, du 4 au 8 octobre, auront lieu cette année au même temps que la réunion du comité conjoint OIT-UNESCO d’experts sur l’application des recommandations concernant le personnel enseignant (CEART).