Un défenseur intransigeant du droit et du pluralisme

Me Abderrahim Berrada tire sa révérence

Mohamed Khalil

Maître Abderrahim Berrada, un ténor du barreau de Casablanca et grand avocat « politique » a tiré sa révérence, dimanche dernier à l’âge de 83 ans. Il laisse de lui le souvenir d’un personnage intransigeant sur les valeurs du droit et un authentique défenseur de la pluralité politique.

Depuis son retour au pays, en 1966, après un passage par le Barreau de Paris, il avait fait parler de lui lors des premiers procès du Maroc indépendant, quand il avait assuré, avec d’autres avocats de grand talent, la défense de dirigeants et militants de l’UNFP de l’époque, dans un Maroc connu par sa répression des opposants politiques.

A l’image d’autres défenseurs du pluralisme politique, il était connu pour faire partie de ces nombreux avocats de la Gauche marocaine qui prenaient la défense des militants persécutés pour leurs convictions idéologiques.

Et puis il montera au créneau, avec l’interdiction, en 1973, de l’Union nationale des étudiants du Maroc, dont il était militant en France lors de ses brillantes études à Paris en droit public, en sciences politiques et en criminologie.

Il assurera également, durant cette même période, dans le cadre d’un collectif, la défense des militants d’extrême gauche du Front des étudiants progressistes, ainsi que celle d’Abraham Serfati, et les fameux procès des années de plomb durant les décennies 1970-1980.

Il continuera son chemin et, l’air des temps aidant mais sans renier ses principes, pour défendre le droit de la nouvelle presse dite indépendante (vis-à-vis de la presse des partis politiques, notamment ceux issus du mouvement national).

D’ailleurs, dans sa « dissidence politique », il réaffirme qu’il agit en « défenseur du droit », quand il avait également défendu le prince « rouge » Moulay Hicham contre un ex-ténor de l’USFP, Abdelhadi Khayrat…

In fine, c’est un grand homme de loi et de droit qui nous quitte et auquel il faudra reconnaitre une audace sans précédent à l’égard du « pouvoir » qu’il n’a cessé de combattre à tout bout de champ.

Avec son départ, c’est une voix retentissante de la justice sociale et politique, sans compromission, un anticonformiste conséquent qui disparait et l’une des dernières figures sincères du droit qui laissera un vide de plus en plus grand par les temps qui courent.

Certes, il fut l’un des avocats les plus médiatisés et comptait beaucoup d’amis et quelques adversaires mais il forçait le respect.

Dans l’oraison funèbre, son collègue et néanmoins grand ami Me Abderrahim Jamaï a résumé les qualités du disparu. « Le défunt a twité et plaidé pour les pauvres, les militants, les politiques, la presse engagée, les victimes de la détention, des viols et de la répression politique ».

Qu’il repose en paix.

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