Un demi-siècle de présence … et nous continuons

Cinquantenaire d’Al Bayane …

Najib Amrani

Un demi-siècle de… Al Bayane. Plus qu’un anniversaire, plus qu’un jubilé d’or anodin. Le triomphe d’une idée, d’un combat. En cette fin d’année de 1972, au mois de novembre sont nés deux journaux, Bayane Al Youme et Al Bayane, portés par un idéal de liberté et de progrès. Une date que nous célébrons avec le contentement du devoir accompli et de la responsabilité de continuer le combat, de perpétuer le legs des pionniers. Un demi-siècle dans l’exercice d’un journalisme responsable et patriotique, pour la liberté, la justice et le progrès.

Une célébration aux significations multiples avec symbolisme particulier, allant des convictions patriotiques de militantes et de militants progressistes libres à l’intime respect des préceptes  professionnels pour contribuer avec dévouement et persévérance à la survie de la presse marocaine sérieuse et à son progrès.

Aujourd’hui, nous célébrons, non sans fierté, une péripétie cinquantenaire, fondée en 1972 par le leader nationaliste et progressiste feu Ali Yata qui fut son fondateur, son mentor et son éditorialiste.

Des centaines de plumes, femmes et hommes, partisans, sympathisants et journalistes professionnels, ont eu la chance de participer à cette saga. Nous leur rendrons hommage et leur redonnerons la parole par devoir de mémoire pour raconter ensemble cette belle histoire. Nous ouvrirons nos pages, comme nous l’avions toujours fait, aux témoignages et contributions de nos amis, hommes politiques, acteurs économiques, diplomates, intellectuels,  et professionnels des médias, artistes, militants des droits humains, des droits des femmes, bref à toutes les consciences libres qui partagent nos idées et nos idéaux. Nous rééditerons des éditos  de feu Ali Yata et autres éditorialistes ayant marqué avec du marbre blancs ces cinq dernières décennies, ainsi que des articles et reportages qui avaient fait date et qui retracent l’itinéraire d’un demi-siècle de la vie de notre maison.

Notre devoir est de poursuivre l’œuvre du fondateur, feu le leader Ali Yata, qui fut un des pionniers de la presse nationale. Une responsabilité à la fois politique, historique et professionnelle.  Bayane Al Yaoume et Al Bayane doivent rester encore et toujours cette voix différente, sobre et distincte qu’ils ont toujours été.

Les femmes et hommes qui se sont croisés au sein des rédactions d’Al Bayane, journalistes, techniciens, ouvriers, poètes, écrivains, artistes, penseurs, économistes, défenseurs et militants des droits de l’homme, seront tous célébrés à l’occasion de cette mémoire collective, professionnelle et humaine que nous célébrons cette année.

Nous rendrons hommager à nos suppléments qui ont émaillé  le parcours de ces deux publications : le supplément culturel, Femmes du Maroc, Al Bayane des femmes, le supplément amazigh, les pages des jeunes, des régions, les pages consacrées aux ouvriers, les chroniques judiciaires, les rapports sur la situations des droits de l’homme, des luttes ouvrières, des détenus politiques et de leurs familles , ainsi que les écrits des analystes, chercheurs économiques et juridiques les plus en vue, et tous les autres dont regorgent nos archives et qui sont religieusement classés dans les recoins de notre siège, sis place La Gironde à Casablanca.

Après cinquante années de combat pour nos idées, pour la pluralité et pour un journalisme libre, patriotique et responsable, nous poursuivons  la lutte pour que cette étincelle ne s’éteigne pas, pour qu’elle continue d’illuminer les sentiers de la liberté, de la parité et du progrès.

Quiconque connaît la réalité du marché de la presse dans notre pays aujourd’hui, peut apprécier l’ampleur de l’effort et de la peine consentis pour maintenir en vie nos deux journaux ; pour que Bayane Al-Youm et Albayane continuent, inébranlables, face au diktat du marché et de la technologie.

D’aucuns diront que tout cela fait parti du passé, un passé éphémère qui ne reviendra pas ; que le pays, le monde et les mentalités ont changé. Dans leurs prophéties, ils prédisent depuis deux décennies notre mort, la fin de la presse engagée, sérieuse et crédible. Ils n’ont certes pas tort sur toute la ligne, en témoignent les crises économiques, professionnelles, sociétales et culturelles qui ébranlent ce secteur, mais, en même temps, ces pronostiqueurs à la hâte oublient que cette maison, journalistique et politique, a bien vu d’autres crises et a toujours su rester debout, s’est maintenue et continuera de refuser de céder aux lois et diktat du marché, de sombrer dans la superficialité du journalisme du buzz et de mimer la presse de caniveaux.

Notre maison refuse de s’engloutir dans le mépris de ses lecteurs, qui méritent une presse nationale sérieuse, sobre et crédible. Notre maintien sur les voies des pionniers est notre feuille de route pour l’avenir.

Nous avons choisi de rester fidèles à notre patrie et à ses défis, fidèles à notre peuple et à ses aspirations, et nous nous alignons clairement sur les grands choix nationaux qui triomphent des valeurs de démocratie, de modernité, d’égalité, de liberté, de justice sociale, de progrès et de tolérance.

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