Un évènement qui témoigne d’une histoire millénaire amazighe

Par Moha Moukhlis

Désormais, Innayr, Ixf n usggwas (Hagouza pour les darijophones) est érigé en fête nationale, officielle, jour férié et payé. C’est ce qu’affirme le communiqué du Cabinet Royal du 03 mai 2023 : « Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a décidé d’instaurer le Jour de l’an amazighe, jour férié national officiel payé, à l’instar du premier Moharram de l’année de l’Hégire et du Jour de l’an du calendrier grégorien.

Dans ce cadre, Sa Majesté le Roi, que Dieu Le glorifie, a donné Ses Hautes Orientations à Monsieur le Chef du gouvernement pour prendre les dispositions nécessaires en vue de mettre en œuvre cette Haute décision Royale…».

Cette décision historique du Souverain s’inscrit dans le cadre de toutes les décisions Royales visant la réhabilitation, la reconnaissance et l’officialisation de l’amazighité du Maroc. Une décision qui réconcilie les Marocains avec leur histoire millénaire et leurs racines civilisationnelles profondes et pérennes. Elle met aussi fin à une injustice qui a amputé notre mémoire historique collective la réduisant à une douzaine de siècles.

La célébration serait liée à un événement historique : la prise du pouvoir en Egypte par un l’Amazighe Chéchong, suivie de festivités et de réjouissances.

Qui est Chéchong ?

Sheshonq (ou Chechanq ou Scheschonq) est le premier Pharaon de la XXIIe dynastie qui régna 21 ans. Dans la Bible il est nommé Sesaq (ou Shishak ou Schischak. Il fut un Prince d’Héracléopolis appartenant à l’une des riches familles Libyennes (amazighes) fortunées du Delta.

 
Sous la XXIe dynastie, les Mâchaouach, des Libyens qui s’étaient installés dans le Delta et avaient petit à petit étendu leur territoire jusqu’au Fayoum, détenaient la force armée du royaume. Leurs chefs devinrent très puissants et le fils d’un de ceux-ci, Sheshonq I, prit le pouvoir à la mort de Psousennès II de Tanis, dont il était le Général en chef des armées et le Conseiller en chef. Il s’imposa comme Pharaon et fonda la XXIIe dynastie. De plus, Sheshonq I, s’entoura de gens lui étant complètement dévoués, qu’il plaça à des postes stratégiques, renforçant ainsi la puissance royale et la réorganisation du territoire fut partagée entre les Princes Libyens.

Que dit la Bible de Chéchong ?

 
Sheshonq reprit la politique d’expansion territoriale. Il reconquit la Palestine, avec une armée composée de contingents Égyptiens, Libyens et Nubiens. Selon la Bible, il envahit Juda, principalement la région de Benjamin, au cours de la 5e année du règne du Roi Roboam, emmenant avec lui la plupart des trésors du temple créé par Salomon (970-931). Ces faits seraient corroborés par la stèle mise au jour à Megiddo.

Cette campagne est décrite dans la Bible : « …il avait mille deux cents chars et soixante mille cavaliers ; et il vint d’Égypte avec lui un peuple innombrable, des Libyens, des Sukkiens, des Éthiopiens… » (II Chroniques 12, 3).

La Bible situe historiquement l’événement : « La cinquième année du règne de Roboam, Shishaq, roi d’Égypte, monta contre Jérusalem. Il prit les trésors de la Maison du Seigneur et les trésors de la maison du roi. Il prit absolument tout ; il prit même tous les boucliers d’or que Salomon avait faits ». (1 Rois 14,25-26).

ID n INNAYR

La célébration du nouvel an amazighe est une fête nord-africaine, mise en relief par l’Académie Berbère à Paris durant les années 70. La date du 13 janvier constitue le jour des festivités au Maroc dans le calendrier amazighe. C’est une rencontre conviviale, de partage et de célébration de la terre. Elle se caractérise par la préparation de mets spécifiques, notamment le couscous. Mais pas seulement, les mets et le cérémonial peuvent varier d’une région à une autre selon les produits de la terre. La fête est dans certaines régions accompagnée de chants déclamés à cette occasion. Une noix de datte ou une amande…est dissimulée dans le plat de couscous. Celui qui la retrouve est le chanceux de l’année. La noix est alors enfouie dans le silo à grain comme gage de prospérité. C’est une pratique millénaire couronnée par la reconnaissance son officialisation.

Le nouvel an amazighe est aussi un symbole de l’union et de la fraternité, d’un rassemblement autour de mets, avec toute la symbolique qui caractérise la nourriture dans notre culture amazighe et marocaine et les valeurs qui lui sont inhérentes : générosité, solidarité, aide, partage… C’est un marquer identitaire qui perpétuent un patrimoine amazighe matériel et immatériel. Il donne à l’Afrique du nord une spécificité et l’enracine dans une histoire qui remonte loin dans le temps.

Cette année, la célébration du nouvel an implique tous les départements de l’Etat, les cadres politiques ainsi que les représentations du royaume à l’étranger. Une occasion qui contribuera au rayonnement de la culture amazighe et marocaine en général. La décision royale a mis fin à une injustice en réhabilitant une pratique festive qui devra être intégré dans le circuit économique pour assurer sa continuation et sa pérennité. 

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