Un géant qui a marqué l’histoire marocaine des arts plastiques

Hossein Tallal

L’artiste peintre Hossein Tallal s’est lancé dans le domaine des arts plastiques bien avant sa mère Chaïbia, une grande figure de la peinture marocaine contemporaine. Même si les aléas du destin l’ont mis à l’ombre de la renommée d’une mère grandement célèbre, Hossein Tallal demeure l’un des  rares artistes qui ont marqué l’histoire marocaine des arts plastiques …

Natif de Casablanca en 1942, Hossein Tallal  a étudié la ferronnerie pendant six ans dans une école professionnelle à Casablanca. Néanmoins, sous l’impulsion de son acolyte Ahmed Cherkaoui au début des années 1960, Tallal expose au Salon d’hiver de Marrakech où il a surpris tout le monde en remportant le Grand Prix de cette prestigieuse manifestation qui a vu la participation de plus de 160 artistes européens de renommée mondiale.

Contrairement à la tendance dominante de l’époque, en l’occurrence l’art abstrait, Hossein Tallal s’est intéressé dans l’accomplissement de ses œuvres par les personnages de cirque, les troubadours et les marginaux, une manière pour lui  de faire étalage d’une profonde similitude entre leur condition et celle des artistes peintres de l’époque. Pour ce faire, Il a ainsi peint des personnages de cirques, des clowns avec des couleurs vives, accentuant la lourde tristesse de leurs visages. Ensuite, sa tendance artistique a évolué vers une représentation, en noir et blanc, d’enfants aux corps et aux visages contorsionnés. L’aspect lacéré, voire torturé, de certains de ses personnages, rappelle les peintures de Francis Bacon que Tallal ne connaissait même pas.

En effet, Tallal demeure un peintre qui accomplit par la touche le travail plastique, la facture mais aussi la pertinence du regard et la signification qui se dégage de ses œuvres. C’est sans contexte le peintre marocain de la « la solitude et de l’essentiel par excellence » comme le qualifie Alain Flamand qui a déclaré à son sujet : « Peintre des foires orageux, peintre des couleurs vives, Tallal sait aussi se mettre à l’écoute de la nuit. Si sa peinture sensuelle est dramatique, si sa peinture intellectuelle est onirique, sa peinture réaliste est franchement tragique ». Ainsi, juste après une première exposition en 1965, Tallal a exposé ses magnifiques œuvres partout dans les prestigieuses galeries du monde, notamment à Paris, au Danemark, en Espagne et aux Etats-Unis, sans oublier celles du Maroc

Durant ces dernières décennies, Hossein Tallal s’est frayé un chemin solitaire dans le paysage artistique marocain, en mettant en exergue des personnages réels, rêvés ou fictifs et en multipliant les «portraits imaginaires ». Ceux-ci ont été décrit par l’éminent critique et écrivain d’art Maurice Arama : « Les figures décryptées avec humour, avec dérision, baignent dans des harmonies rouges, roses, parme, que la brosse tourmente avec liberté offrant de l’amplitude – des coffrets-cadeaux – de rythmes et de couleur, aux incarnations dérisoires de notre monde ».

Auparavant, Houssein Tallal est sans nul doute l’un des piliers de la peinture au Maroc et l’un des peintres qui ont pu avoir une formation en France dans les années 1960,  les années d’or des arts plastiques de par le monde. C’était également une opportunité inespérée pour notre peintre national par excellence de faire la connaissance de grandes personnalités artistiques et de rencontrer de grands noms qui marquaient cette époque et enrichir ainsi son registre artistique. Cela lui a permis d’approfondir davantage ses connaissances et de perfectionner sa méthode et son approche.

Par ailleurs toutes ses expositions ont connu un grand succès ; preuve que le public et surtout les critiques et autres connaisseurs sont toujours à l’affût et attendent ses nouveautés avec impatience. Rarement des expositions ont remporté un tel succès et malgré leurs grands formats, les toiles exposées ont  toutes été vendues. Car, l’empreinte de l’artiste est certes visible, mais entre une toile et une autre, entre un personnage et un autre, c’est tout un monde. Chaque personnage apporte son lot d’interrogations, de préoccupations et de soucis. En fait, aucun personnage ne ressemble à l’autre même s’ils sont tous exécutés de la même manière.

C’est cela qu’on appelle la créativité, car le bon artiste n’a pas à faire étalage de plusieurs techniques et approches à la fois pour prouver son talent. Il peut le faire à partir d’un seul élément ; c’est ce que réalise justement Hossein Tallal dont les personnages n’ont de pareil nulle part. C’est ce qui a valu à ses créations de figurer parmi d’illustres collections, notamment celles de la Société Générale, du Musée d’art contemporain africain Al Maaden, de la Fondation ONA, d’Attijariwafa bank, de Maroc Telecom. Hossein Tallal demeure sans contexte un artiste peintre qui a marqué l’histoire artistique marocaine.

Abdeslam Khatib

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