Un secteur plombé par le climat, le manque de compétitivité et la fiscalité

L’activité agricole reste encore et toujours tributaire de nombreux facteurs endogènes et exogènes qui favorisent ou défavorisent les rendements, les gains et les parts de marchés. Les aléas climatiques, le coût de revient, les prix agricoles, les intermédiaires, la commercialisation, la transformation, le conditionnement et la concurrence sont autant de variables qui déterminent les performances de la campagne agricole qu’elle soit des agrumes, des primeurs ou des céréales…

Cette année les producteurs des agrumes annoncent une production en nette baisse par rapport à la campagne précédente soit 1,7millions de tonnes (2018/2019) contre 2,6 millions de tonnes en 2019 /2020. Les producteurs démarrent la saison actuelle avec beaucoup de difficultés financières  pour cause de problèmes à l’export et d’écoulement des produits sur le marché local à des prix jugés trop bas. Ce qui n’a pas été sans impacte négatif sur la campagne en cours qui a démarré en octobre et devrait se terminer vers la fin du mois d’août prochain.  Le SG de l’ASPAM, Ahmed Derrab confirme à Al Bayane cette situation difficile que vie les producteurs des agrumes ces dernières années (pas assez d’argent pour réaliser les travaux et les traitements nécessaires).

Il rappelle que la cueillette  a été faite tardivement. Les fruits sont restés plus longtemps sur les arbres ce qui révèle encore une fois les défaillances des structures de stockage et de conditionnement qui s’ajoutent aux difficultés de vente sur les autres marchés aggravées par la concurrence de plus en plus acharnée de la Turquie, l’Egypte et le concurrent principal à savoir l’Espagne. Ces pays ont beaucoup d’avantages par rapport au Maroc notamment le coût de revient moins chers et des monnaies plus dépréciées et surtout des frais d’approche très compétitifs. Le Maroc reste malgré tout un pays tiers soumit à des conditions de quotas et de qualité à respecter.

Derrab rappelle que malgré la très bonne campagne agrumicoles de l’année écoulée seulement 720.000 Tonnes sur les 2,6millions de tonnes qui ont été exporté. Et d’ajouter que les prévisions tablent pour la campagne en cours sur 550.000 tonnes au titre des exportations et qu’a la date d’aujourd’hui le Maroc n’a vendu que quelques 200.000 tonnes. Le représentant de l’ASPAM indique que les principaux pays à l’export restent les pays de l’Union Européenne, la Russie, l’Amérique du Nord, Le Canada, les USA et certains pays de l’Afrique et du Golf. Au total, le Maroc exporte vers quelques 30 pays et contribue à hauteur de 5milliards de dirhams de recettes en devises.

Abordant le marché intérieur, Ahmed Derrab regrette la multiplicité des intermédiaires entre producteurs et consommateurs ce qui crée un certain renchérissement artificiel des prix. Il pointe aussi du doigt le niveau élevé des prix de vente localement et l’accès couteux de la production aux marchés de gros à cause des taxes imposées.  Il propose de créer ou plutôt d’autoriser la commercialisation directe via des coopératives et des centres de ventes avec un emballage économique bénéficiant à tout le monde (producteurs et consommateurs).

Le secteur des agrumes souffre, par ailleurs, d’autres problèmes de valorisation. Il s’agit de la faible part de production qui est transformée ou industrialisée.  Au niveau de la fabrication des jus et des huiles essentielles ou des pattes d’agrumes ou de corse d’orange le Maroc est loin d’être compétitif par rapport à d’autres pays comme l’Espagne ou le Brésil. Chiffres à l’appui, le total d’agrumes transformés localement ne dépasse pas les 50000 tonnes soit à peine 2% à 3% de la production annuelle. Pour les opérateurs du secteur, il est question de mieux contrôler la qualité des produits importés.

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