Une nouvelle année a commencé mais le calvaire des Rohingyas continue…

J’ai comme envie, à l’instar d’un certain Karl quand, à un moment donné de l’Histoire du monde moderne, il s’était adressé aux «prolétaires», de dire «Musulmans du monde entier unissez-vous !» mais je vais, bien entendu, m’interdire de le faire pour ne point jeter de l’huile sur un feu prompt à ravager une planète déjà bien mise à mal par ses enfants qui ne cessent de s’entretuer pour de futiles desseins…

Une telle idée m’avait traversé l’esprit – sans trop s’y attarder, il est vrai – quand, en lisant la presse du jour, j’ai appris qu’en une seule semaine ce sont près de 22.000 personnes, hommes, femmes et enfants de tous âges et de toutes conditions qui ont été contraintes de franchir la frontière de «leur pays», ou ce qui le fut à un certain moment, pour aller trouver refuge au pays voisin.

De qui s’agit-il ? Tout simplement de cette minorité de près d’un million de personnes, de confession musulmane dite des «Rohingyas» qui vit – ou plutôt qui survit, tant bien que mal mais plus mal que bien, à vrai dire – en Birmanie.

Les difficultés qu’endure cette minorité ne sont pas nouvelles puisqu’elles perdurent depuis qu’une loi de 1982 les a déchu de la nationalité birmane pour les installer dans cette situation d’apatrides aussi inconfortable que peu enviable au motif qu’étant descendants de commerçants et de soldats arabes, mongols, turcs, bengalis et même portugais convertis à l’Islam, ils ne seraient installés sur l’actuelle territoire de la Birmanie qu’à la fin du 19ème siècle ; une interprétation contestée par de nombreux historiens.

Ainsi, d’après le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’Organisation des Nations-Unies « à la date du 5 Janvier, environ 65.000 personnes se trouvaient dans des camps répertoriés, des campements de fortune ou des centres d’accueil à Cox’sBazaar dans le Sud du Bangladesh» ; ce qui a poussé le gouvernement de ce pays à renforcer les contrôles à sa frontière et à exiger de la Birmanie qu’elle prenne des « mesures urgentes » pour mettre un terme à ces mouvements de populations.

Ainsi, alors qu’un représentant de l’ONU en visite au Bangladesh s’émeut des exactions commises à l’encontre de cette minorité « maudite » par une armée birmane soutenue par une population locale « gonflée à bloc » suite au discours haineux «anti-rohingya» véhiculé par certains bouddhistes extrémistes, les troupes birmanes continuent, quant à elle, d’exercer leur sordide mission de «nettoyage ethnique» en usant de tortures, de massacres, de viols en réunion et d’ignominies qui ne viendraient pas à l’esprit du plus malintentionné d’entre nous.

A ce titre et si l’on en croit le Conseil européen rohingya, organisation militant pour les droits de cette minorité, d’Octobre 2016 à la première semaine de cette année 2017, l’armée birmane aurait « brûlé plus de 2.500 maisons, tué au moins 400 personnes, brûlé des enfants vivants et violé plus de 200 femmes et jeunes filles ». Enfin, bien que la ministre des Affaires Etrangères et Conseillère de l’Etat de Birmanie Aung San SuuKyi ait promis, à maintes reprises, que cette question ethnico-religieuse finira par trouver un dénouement heureux, celui-ci tarde à montrer le bout de son nez et, pendant ce temps-là, des hommes de tous âges et de toutes conditions, des femmes, des jeunes filles et des enfants font l’objet d’exactions en tous genres et d’une extermination sous le regard impassible d’organisations humanitaires impuissantes à leur venir réellement en aide et d’une Organisation des Nations-Unies occupée, semble-t-il, à vaquer à d’autres occupations en d’autres endroits de la planète.

Nabil El Bousaadi

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