Une pépinière à chuchotements surréalistes

Houda Benjelloun

Par El Hassane Marzouk, critique d’art

«  Les étoiles sont lointaines mais leur lumière est chaude, elles effacent les ténèbres de la nuit et du cœur (…)»    et »   Il y’a dans la peinture quelque chose de plus qui ne s’explique pas, qui est essentiel »   comme disaient respectivement Driss Chraibi et Auguste Renoir. Ceci étant vrai quand on contemple et prospecte les œuvres de l’artiste peintre Houda Benjelloun.

A ce propos, il faut dire que cette jeune artiste en tant qu’autodidacte, dynamique, meneuse et (pluri) dimensionnelle, travaille souvent avec délicatesse d’une concision donnant de chair de poule et intime respect et admiration. Son talent et sa cime picturale et existentielle sont profondément ancrés dans l’autonomie, la spontanéité et le surréalisme.

Ses œuvres témoignent les épouvantements de la nature et les physionomies humaines étrangement animalisés par les circonstances (histoire d’un rêve, cohésion familiale, histoire de la navigation dans le monde de l’art, le bonheur, le trésor,…).

Ses compositions présentent un univers onirique ou le temps, l’humain, l’animal, le végétal, la mer, le ciel et la terre  sont dans une continuité harmonieuse et une fusion amoureuse, le tout enveloppé par une caresse de lumière claire et limpide.

Sa peinture  présente une sorte de  silhouette d’une singularité difficilement définissable. Elle est au carrefour de l’art néo-naif, de l’art expressionniste, de l’art moderne spontané, de l’art surréaliste…

 Dans sa démarche artistique,  elle utilise tantôt une approche visuelle qui se base sur des faits visuels,  tantôt une approche autonome qui s’appuie sur ses propres émotions et vision. La toile représente pour elle  l’arène spacieuse, et le seul espace dans lequel elle s’évade avec des formes et couleurs de la peinture à l’huile et à l’acrylique.

Sa technique picturale lui mène parfois à peindre au-delà de l’imaginaire au rythme libre, parfois à l’opposé d’autres rythmes, parfois elle reste  libre et loin d’imitation, ou de suivre des sentiers d’autres artistes (Décryptage sur son parcours artistique).

Méditation sur l’existence

Son parcours spécifique, éclectique et inclassable s’est manifesté dans plusieurs expositions personnelles  lui ont conféré une expérience assez riche et variée, et lui ont permis d’insuffler davantage de persévérance et de bonne volonté pour continuer dans la voie de la création artistique en faveur à la fois de l’art marocain, africain, arabe et amazighe.

Houda Benjelloun porte une attention particulière, depuis sa tendre âge, à ses pensées, ses émotions, ses sentiments en les observant et les laissant aller et venir dans son esprit. La méditation sur l’existence est considérée pour elle comme une pratique exotique, une sorte de «   clinique de réduction de stress »  . Ses œuvres s’annoncent comme une nouvelle fenêtre de l’art contemporain marocain. Elle s’intéresse, particulièrement, à la simplification des formes en leur donnant parfois du sens inertes et abstraites, et à l’unicité et/ou à la multiplication des couleurs et des perspectives avec beaucoup d’expérimentations optiques et visuelles.

La mère et le féminisme

Chez Houda Benjelloun, la mère est un guide irremplaçable et incontournable et le noyau intouchable de la famille. Elle a un rôle primordial et fondamental au sein de la famille et de la société, et surtout pour les enfants. C’est pourquoi, elle a consacré plusieurs œuvres à la femme, dédiée à sa mère. Elle considère qu’on nait femme, c’est une donnée naturelle. Une sorte de cohésion et de complémentarité se tisse entre homme/femme. En d’autres termes, ce qu’on assimile à la femme comme la féminité, la douceur, le rôle de mère  ou d’épouse relève de la biologie et de la construction sociale culturelle et historique. Contrairement à ce que pensent certains écrivains, en particulier, la philosophe française Simone de Beauvoir, dans son livre «   le deuxième sexe I- les faits et les mythes »   qui a révolutionné le féminisme, en inculquant à la société les injonctions qui conditionnent la femme dans un rôle passif. «    C’est  l’homme, selon Beauvoir, qui est considéré comme l’être humain de base : la norme. Tandis que  la  femme  est l’autre. La différence est donc «   le deuxième sexe»   »  .

L’art au service de la mer et du climat

L’artiste-peintre Houda Benjelloun cherche depuis toujours à exprimer ses émotions et sentiments au moyen de médiums à travers les secrets, formes et couleurs  de la mer et du ciel. Certaines de ses œuvres portent sur les animaux amphibiens (crocodiles, dauphins, lézards, grenouilles et crapauds, les tritons et salamandres, …).

Dans ce cadre, elle a pu peindre pour la première fois deux tableaux :  l’un porte sur les secrets du profondeur de la mer, et l’autre établi à ciel ouvert (climat) à 900 m d’altitude pour découvrir certains espèces animaliers marins, et expliquer la couleur de la mer qui dépend en grande partie des animaux amphibiens , et des rayons du soleil formant un spectre visible de couleurs jaunes transformées en rouge, puis en vert pour terminer en bleu, et dépend essentiellement de la position et de la profondeur de la mer : turquoise en endroit et  transparente à son bord en raison de l’empêchement de l’absorption des rayons du soleil.

En mer, les couleurs des plantes sont vertes, claires ou vertes foncées…Les couleurs des roches sont rouges, noires, brunes ou grises. Il faut dire en fin que les couleurs jouent un rôle important dans le paysage physique et humain.

Cette jeune artiste Houda Benjelloun a participé ,depuis 2009, à plusieurs plateformes artistiques et expositions visuelles et réelles, et détient plusieurs certificats nationaux et internationaux sur les beaux-arts.Elle vient de  réaliser une exposition individuelle, en coordination avec l’arrondissement Agdal-Riad, sous le thème : Chuchotements, au centre culturel Agdal à Rabat, entre le 20/07 et 04/08/2024, et compte effectuer plusieurs expositions individuelles et collectives pour la période allant de 2025 à 2028.                                                                                  

Ses travaux sont actuellement suivis par plusieurs artistes, collectionneurs et amateurs car la minutie insolite et insolente avec laquelle elle travaille ne compte pas le temps.

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