Vers un rapprochement entre les deux Corées?

Reconnaissant que les agissements de la Présidente Park Geun-hye, empêtrée dans un énorme scandale de corruption, avaient «porté atteinte à l’esprit de la démocratie et de l’Etat de droit» la Cour Constitutionnelle de Corée du Sud a confirmé, le vendredi 10 mars,  la destitution de l’ancienne Cheffe de l’Etat prononcée par l’Assemblée Nationale le 9 décembre dernier.

Ayant quitté quarante-huit heure après la Maison Bleue, siège de la présidence sud-coréenne, son remplacement doit intervenir dans un délai maximum de soixante jours à l’issue d’élections anticipées.

La date desdites élections ayant été fixée au 9 Mai prochain, le favori ; à savoir, Moon Jae-in du Parti démocrate Minju propose un retour à la politique dite du « rayon de soleil » qui avait été appliquée par les anciens présidents sud-coréens Kim Dae-jung (1998-2003) et RohMoo-hyun (2003-2008).

Cette politique de promotion des échanges économiques et culturels , si elle venait à être adoptée, ouvrirait la voie à  un rapprochement avec la Corée du Nord donc à un retour à la détente qu’avait connu la péninsule et qui avait permis la tenue des deux sommets inter-coréens de 2000 et de 2007 ; un dégel qui, toutefois, n’avait été que de courte durée puisque Pyongyang n’avait pas, comme convenu, renoncé à son programme nucléaire et qu’elle avait effectué son premier essai en 2006.

Considérant, par ailleurs, dans une interview publiée le 10 mars dernier par le New York Times, que les sanctions imposées à «l’impitoyable régime dictatorial de la Corée du Nord» par les Etats-Unis et le précédent régime sud-coréen ne peuvent qu’envenimer les rapports entre les deux voisins,  Moon Jae-in propose de s’assoir à la table des négociations avec le président Kim Jong-un qui reste, avant tout, «le dirigeant du peuple nord-coréen… que cela plaise ou non !»; une position fortement contestée par YooSeong-min, le candidat du Parti conservateur Bareun.

Le favori des élections présidentielles du 9 Mai prochain entend également mener une politique d’intégration économique et de rouvrir, pour cela, la  zone industrielle initialement gérée conjointement par les deux pays voisins à Kaesong où des entreprises de Corée du Sud employaient des travailleurs venant de Corée du Nord mais qui avait été fermée en Janvier dernier à l’occasion du dernier essai nucléaire effectué par Pyongyang.

Considérant, enfin, que le déploiement par Séoul du système anti-missile américain, Thaad, initialement approuvé par l’ancienne cheffe de l’Etat ne ferait qu’exacerber les tensions entre les deux pays, Moon Jae-in n’entend point poursuivre sa mise en place.

Nabil El Bousaadi

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