La Corée du Sud limoge sa présidente…

Reconnaissant que les agissements de la Présidente Park Geun-hye, empêtrée dans un énorme scandale de corruption, «ont porté atteinte à l’esprit de la démocratie et de l’Etat de droit» la Cour Constitutionnelle de Corée du Sud a confirmé, ce vendredi 10 mars,  la destitution de l’ancienne Cheffe de l’Etat prononcée le 9 décembre dernier par l’Assemblée Nationale.

Ayant donc quitté ce dimanche soir la Maison Bleue, siège de la présidence sud-coréenne, son remplacement devra intervenir dans un délai maximum de soixante jours à l’issue d’élections anticipées.

Première cheffe de l’Etat Sud-Coréen à être limogée, Madame Park perd du même coup son immunité présidentielle et s’expose, ainsi, à d’éventuelles poursuites judiciaires dès lors que la Cour a reconnue qu’elle avait enfreint la loi en permettant à sa confidente et amie Choi Soon-sil de «se mêler des affaires de l’Etat» et d’avoir soutiré des millions de dollars à de grands groupes industriels sud-coréens.

Dans son arrêt, la Cour Constitutionnelle reproch, également, à Mme Park de n’avoir pas usé « de son pouvoir conformément à la Constitution et aux lois (du pays) », d’avoir « complètement dissimulé les ingérences de Mme Choi dans les affaires de l’Etat, de les avoir démenties quand des soupçons ont émergé et (enfin) d’avoir même critiqué ceux qui les avaient émis».

Dès l’annonce par la télévision de la décision prise par la plus Haute juridiction du pays ; c’est par centaines qu’opposants et partisans de l’ancienne dirigeante se sont dirigés vers le siège de la Cour Constitutionnelle pour un rassemblement spontanée. Pour parer à tous éventuels débordements la police a dépêché quelques 21.000 agents des forces de l’ordre pour dresser des barricades. Mais cette forte présence policière n’a pas, néanmoins, empêché les échauffourées d’éclater çà et là et de se solder par la mort de deux individus dont l’un, un vieil homme de 72 ans, aurait été tué, dit-on, par un haut-parleur qui, en glissant d’un autobus de la police, lui serait  tombé sur la tête alors que le second «retrouvé inconscient près d’une station de métro» serait mort lors de son transfert à l’hôpital.

Mais bien que les circonstances entourant la mort de ces deux personnes demeurent floues, tous les témoins s’accordent à dire que la confrontation a été très violente tant entre les policiers et les manifestants des deux bords qu’entre opposants et partisans de l’ancienne présidente qui, bien que s’étant excusée après avoir reconnu en novembre dernier dans un discours à la nation «avoir lâché le mur de vigilance» a, néanmoins, été accusée par la plus haute juridiction sud-coréenne d’avoir «trahi son peuple» et «oublié son devoir de protéger la nation».

Assurant, désormais, la présidence du pays par intérim, le Premier Ministre HwangKyo-ahn a déclaré, lors d’un conseil des ministres extraordinaire, qu’il « respecte la décision de la Cour Constitutionnelle (et qu’il) va mener les politiques nationales dans la stabilité et ménager l’ordre social pour éviter une escalade des tensions » en étant conscient du fait que le contexte international  et notamment celui de la région, est très complexe car  vu  » la brutalité et l’imprudence témoignées par les dirigeants de la Corée du Nord avec le meurtre de Kim Jong-Nam, les conséquences de la détention de l’arme nucléaire par le Nord seront épouvantables et inimaginables ».

Et si certains journaux auraient même annoncé que ce dernier entendrait laisser sa place au ministre des finances pour pouvoir se présenter aux élections présidentielles anticipées du 9 mai prochain.

Enfin, même si les différents partis politiques n’ont pas encore désigné de candidat à la succession de l’ancienne Cheffe de l’Etat, Moon Jae-in, l’ancien président du parti Minjoo – qui s’était incliné devant Park Geun-hye lors du précédent scrutin présidentiel – est pressenti, cette fois-ci, pour remporter la prochaine course à la magistrature suprême de la Corée du Sud avec 32% des intentions de vote.

Nabil El Bousaadi

Related posts

Top