Vers une réunification de l’île de Chypre?

Réunis depuis le 9 janvier dernier sous l’égide des  Nations-Unies avec l’espoir de parvenir à réunifier l’île de Chypre divisée depuis 42 ans, le président chypriote grec  Nicos Anastasiades et son homologue turc Mustafa Akinci ont accepté ce 4 Avril 2017, au cours d’un dîner qui s’est tenu dans la zone-tampon séparant la capitale, de reprendre les discussions interrompus depuis sept semaines.

Ainsi, après quatre heure de débats après une rencontre intervenue à Bruxelles sous l’égide du Secrétaire Général des Nations-Unies Antonio Guterres les deux parties reconnaissent, toutefois, qu’il leur appartient de redoubler d’efforts pour parvenir à réunifier l’île méditerranéenne même si les avancées réalisées au cours des dernières négociations sont le fruit de l’excellence des relations personnelles qui unissent le président chypriote grec Nicos Anastasiades qui administre la République de Chypre devenue membre de l’Union Européenne en 2004 mais dont l’autorité ne s’exerce que sur la partie sud du pays et Mustafa Akinci le dirigeant de la République turque autoproclamée de  Chypre du Nord que seule Ankara reconnait.

Commencées en Mai 2015, les négociations visant la réunification du pays avaient été suspendues lorsque le Parlement chypriote grec avait voulu introduire, dans les programmes scolaires du pays, la commémoration du référendum de 1950 qui avait soutenu le rattachement de l’île à la Grèce, fortement récusé par la minorité turque.

Mais sur quoi portent ces discussions ? Les pourparlers entre les deux parties ont pour but de mettre fin au partage de l’île qui perdure depuis qu’en 1974  les forces turques avaient investi le Nord de Chypre pour protéger leurs compatriotes après le coup d’Etat des ultranationalistes grecs qui entendaient rattacher Chypre à la Grèce. Mais ce partage a été entérinée en 1975 lorsque les 162.000 Chypriotes grecs qui vivaient au Nord furent contraints de s’installer dans le sud de l’île et que les 48.000 Chypriotes turcs habitant au Sud furent obligés d’aller vivre au Nord.

Aujourd’hui, la République de Chypre, membre de l’Union Européenne depuis 2004 et seule autorité internationalement reconnue n’exerce son autorité que sur la partie mériduionale de l’île constituant 57,3% du territoire et abritant 800.000 citoyens hellénophones alors que dans la  République turque de Chypre du Nord vivent 180.000 Chypriotes turcs et près de 100.000 turcs venus d’Anatolie dont les enfants pourraient, par la suite, faire jouer le droit du sol (jus soli) s’ils sont nés sur place.

Autre question et non des moindres celle de  la réinstallation au Nord des Chypriotes grecs qui le souhaiteraient au titre de la liberté de circulation prévue par les différents traités européens.

Et si, jusqu’en 2003, le seul contact qu’il y avait entre les habitants du Sud et ceux du Nord se faisait à travers deux boîtes aux lettres se trouvant dans le hall de l’hôtel abritant le personnel de l’O.N.U. situé dans la zone-tampon séparant la capitale, l’ouverture de plusieurs points de passage permet aujourd’hui à des chypriotes turcs de traverser quotidiennement la « ligne verte » pour aller travailler au sein d’Entreprises situées au Sud de l’île et aux observateurs de dire que, malgré le fait que des troupes turques sont toujours stationnées au Nord d’une île divisée depuis plus de quarante-deux années, sa réunification se trouve, enfin, sur la bonne voie.

Nabil El Bousaadi

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