Virginia Dandan appelle à synchroniser développement et droits de l’Homme

Tout en soulignant la portée de l’Initiative Nationale pour le Développement humain (INDH), l’experte indépendante des Nations Unies sur les Droits de l’Homme et la Solidarité Internationale, Virginia Dandan, en visite au Maroc du 15 au 20 Janvier, a recommandé au Maroc d’adopter une approche au développement fondée sur les droits de l’Homme que sont le respect des droits de tous, la non discrimination, l’égalité, la transparence, la reddition des comptes et la participation de la société civile.

Afin d’améliorer la portée et l’efficacité de ce programme ambitieux qu’est l’INDH, précise-t-elle dans une déclaration distribuée aux journalistes lors d’une conférence de presse, donnée mardi à Rabat, la Phase II de l’INDH «devrait pleinement embrasser une approche au développement basée sur les droits de l’Homme. Cela requiert que la planification, la mise en œuvre et l’évaluation des mesures prises pour favoriser le développement soient réfléchies et ciblées sur la réalisation progressive  et l’accomplissement des droits de l’Homme». A présent, ajoute la déclaration, une telle approche est plutôt axée sur les besoins.

Selon l’experte, les mécanismes de contrôle découlant d’une approche basée sur les droits de l’homme permettraient en outre de prévenir la mauvaise gestion et les traitements préférentiels. D’autre part cela encouragerait l’engagement de la société civile dans le processus de définition des projets de développement, de leur mise en œuvre et de leur évaluation.

L’experte a recommandé aussi aux partenaires au développement, y compris les bailleurs de fond, d’adopter pleinement une approche basée sur les droits de l’homme tout au long du processus et de consulter systématiquement toutes les parties prenantes.

«Je recommanderais que les partenaires au développement prennent pleinement en compte les ONG de proximité qui travaillent au plus près des communautés et qui auraient un accès limité à l’information et aux fonds d’appui internationaux», précise-t-elle.

Elle a fait savoir aussi qu’elle a prolongé d’une journée sa visite au Maroc pour se rendre à Dakhla afin de rencontrer les autorités locales et prendre connaissance de visu des initiatives mises en œuvre dans le cadre de l’INDH.

Elle a insisté aussi pour que cette visite à Dakhla ne soit pas interprétée comme une position concernant le statut actuel et futur du territoire.

Virginia Dandan était arrivée au Maroc pour une visite officielle du 15 au 19 Janvier à l’invitation du gouvernement, afin d’évaluer la solidarité internationale telle que pratiquée à travers la coopération et l’aide au développement au Maroc.  Toutes les observations, y compris celles concernant sa visite à Dakhla, seront inclues dans un rapport final qui sera présenté au Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies en juin 2016.

Au cours de cette visite, indique-t-elle, elle s’est entretenue avec différents ministères, le conseil national des droits de l’homme, des organisations internationales, des agences de développement, ainsi que des acteurs et des organisations de la société civile.

Dans sa déclaration, elle salue l’intégration des principes de solidarité et de coopération internationale dans le préambule de la Constitution marocaine, qui illustre l’engagement de l’Etat de promouvoir une société guidée par la solidarité.

D’importants progrès ont été faits quant à la lutte contre la pauvreté et notamment grâce à la mise en œuvre des programmes respectifs de l’INDH, du ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du développement social et du ministère de l’artisanat et de l’économie Solidaire, reconnait-elle, émettant l’espoir que le processus de régionalisation en cours permettra la consécration des droits de l’Homme.

Elle a également pris note des efforts de l’Etat qui reconnait les droits économiques, sociaux et culturels dans la Constitution marocaine, tout en rappelant au Maroc, Etat signataire du PIDESC (Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels) que le pacte exige la mobilisation maximale des ressources disponibles, y compris celles provenant de l’aide internationale, pour la pleine réalisation des droits économiques, sociaux et culturels.

Elle a affirmé aussi avoir constaté que toutes les institutions gouvernementales avec lesquelles elle s’est entretenue « sont engagées d’une manière ou d’une autre  dans une forme de coopération internationale, que ce soit à travers l’assistance technique, le renforcement des capacités, l’échange de bonnes pratiques ou la participation active au sein des réseaux internationaux. Il y a un consensus aussi bien au niveau gouvernemental qu’au niveau de la société civile, concernant le fait que les partenariats sont essentiels à la bonne conduite des politiques de développement ».

Elle a toutefois estimé que cette ouverture d’esprit et cette bonne volonté  de s’engager pour la coopération internationale, apparentes dans les initiatives variées qui en résultent « devraient être mieux coordonnées à travers tous les secteurs et qu’il y a lieu de mettre en place une politique cohérente qui s’appliquerait aux différentes institutions étatiques engagées dans la coopération pour le développement».

C’est pourquoi, le gouvernement devrait  consolider le système de consultation afin d’assurer la participation de toute la société civile et des autres acteurs lors de la  planification et de la mise en œuvre de l’aide au développement, dit-elle, félicitant le Maroc pour la mise en place de la nouvelle politique d’immigration et d’asile qui demeure pionnière au sein de la région.

 Pour Virginia Dandan, le Maroc a  visiblement déployé des efforts pour renforcer sa coopération Sud-Sud, en particulier avec ses voisins africains, en s’engageant notamment dans des projets d’assistance au renforcement de capacité dans divers domaines, en partenariat avec un certain nombre de pays africains, et plus particulièrement dans le secteur du développement agricole durable et celui des énergies renouvelables. De plus, le Maroc a toujours parrainé et accueilli un bon nombre d’étudiants africains au sein de ses universités.

M’Barek Tafsi

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